Plus de feuillus ?

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Les arbres résineux sont plus inflammables que les feuillus.

À la suite des incendies de forêt qui ont ravagé le nord du Québec l’été dernier, la possibilité de planter plus d’arbres feuillus, moins inflammables que les résineux, a été évoquée. Si l’idée est séduisante en théorie, sa mise en pratique demeure limitée. « Les feuillus ne peuvent pas pousser partout. Ce n’est pas pour rien qu’on n’en retrouve pas à certaines latitudes », explique Yan Boulanger, chercheur au Service canadien des forêts. Selon Évelyne Thiffault, la plantation de feuillus pourrait surtout se faire autour des communautés et des infrastructures stratégiques, afin de ralentir la progression d’éventuels incendies de forêt.

Le Québec qui plantait des arbres

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En 2020-2021, 130,9 millions de plants de résineux ont été préparés contre 641 000 pour les feuillus.

Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) supervise la production annuelle de 130 millions de plants d’arbres. En 2020-2021, 130,9 millions de plants de résineux ont été préparés contre 641 000 de feuillus. La majorité de ces plants est destinée au reboisement, mais on en distribue également au public chaque année, indique le MRNF. Une période de trois ans s’écoule entre une demande de production de plant et sa mise en terre définitive. Dans une lettre ouverte publiée dans La Presse le 9 octobre, l’ingénieur forestier Jean-Pierre Jetté et le professeur Yves Bergeron estimaient à 2 milliards de dollars les coûts pour remettre en production par la plantation les 300 000 hectares de forêts mal régénérées à la suite des incendies de forêt.

Les communautés autochtones veulent être entendues

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Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit

« Notre vision de la forêt n’est pas la même que celle de la communauté allochtone », plaide Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit. Selon lui, la forêt n’est pas aménagée de façon durable au Québec et l’invitation du forestier en chef à revoir les pratiques d’aménagement est la bienvenue. Malgré les demandes de sa communauté pour la création d’une aire protégée, le vice-chef se dit très conscient que « ça va prendre du bois au Québec ». « On n’est pas contre ça ! Mais jusqu’à maintenant, les décisions ont été prises pour favoriser l’industrie. »

Un observatoire pour la forêt ?

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Un observatoire national de la forêt indépendant du gouvernement pourrait « mobiliser la connaissance scientifique de la forêt » et permettre que les décisions prises soient basées sur des données probantes.

L’idée de créer « un observatoire national de la forêt indépendant du gouvernement » a été lancée par le professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM Pierre Drapeau, dans une lettre publiée dans Le Devoir, en 2021. Selon le chercheur, un tel observatoire pourrait « mobiliser la connaissance scientifique de la forêt » et permettrait que les décisions prises soient basées sur des données probantes. Une idée saluée par le directeur général de la Société pour la nature et les parcs au Québec, Alain Branchaud. « On a toute la science qu’il faut au Québec, il faut s’en servir ! »