La capitale norvégienne semble avoir trouvé la formule pour désengorger et décarboner son centre-ville, tout en maintenant et en augmentant son attractivité.

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C’est la diminution du nombre de trajets en voiture enregistrés dans le centre d’Oslo de 2016 à 2019.

La diminution des trajets à Oslo est en partie le résultat de l’implantation d’un système de péage, comme à Londres. Mais la principale raison a été la reconfiguration des rues avec pour objectif l’amélioration de la qualité de vie. Beaucoup de rues ont été fermées au trafic automobile, d’autres sont devenues des sens uniques. Énormément de cases de stationnement sur rue ont aussi été retirées – plus de 9000 places de stationnement sont offertes près du centre-ville, dans des stationnements étagés. Certains commerçants se sont plaints, et certains ont même déplacé leur boutique ailleurs. Mais le centre-ville est toujours aussi vibrant, il attire toujours autant de monde et est beaucoup plus agréable, sûr et paisible au quotidien, car on y compte plus d’espaces verts, plus de tranquillité pour les familles, les piétons, les cyclistes, etc.

Christoffer Solstad Steen, porte-parole de Trygg Trafikk, organisation non gouvernementale norvégienne qui œuvre pour une sécurité routière accrue

Le débat sur la nécessité de réduire le nombre de véhicules motorisés est aussi présent en Norvège. Nous avons besoin des véhicules pour aller du point A au point B. En même temps, on sait que les véhicules causent de la pollution, des bouchons, du danger pour les gens qui se déplacent à pied, en plus de dégrader la qualité de vie des quartiers. En Norvège, certaines personnes en région ont sans doute besoin de leur voiture pour tout faire. En banlieue, il y a souvent des options, même si les gens les connaissent encore mal, tandis que dans le centre des villes, posséder une voiture est vu comme quelque chose du passé.

Christoffer Solstad Steen, porte-parole de Trygg Trafikk, organisation non gouvernementale norvégienne qui œuvre pour une sécurité routière accrue

Et au Québec ?

Quand on demande aux enfants au Québec comment ils veulent aller à l’école, ils veulent tous y aller à vélo. Mais pour les parents, le vélo, ça arrive en dernier, car ils craignent pour la sécurité de leurs enfants. Il faut changer les environnements pour changer les perceptions. En ce sens, l’annonce cette semaine que Québec va envoyer de l’argent aux municipalités pour créer de meilleurs aménagements autour des écoles est une très bonne nouvelle. Nos études nous montrent que, quand les aménagements pour la marche et le vélo sont là, les gens sont nombreux à les utiliser.

Marie-Soleil Cloutier, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique et directrice du Laboratoire Piétons et Espace urbain