La majorité des automobilistes ne respectent pas la limite de vitesse dans les zones scolaires, malgré la hausse des accidents de la route, déplore l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ). Plus de 37 000 contraventions ont été remises en 2022 à des conducteurs qui ne respectaient pas les règles aux abords des écoles lors d’opérations policières ciblées.

« Avec seulement les opérations ciblées, on a déjà un chiffre quand même impressionnant », souligne Pierre Brochet, président de l’ADPQ et directeur du Service de police de Laval (SPL).

Ces données ne sont que la pointe de l’iceberg, puisqu’on parle uniquement des chiffres comptabilisés lors d’opérations ciblées, qui n’incluent pas les contraventions remises par la Sûreté du Québec (SQ). « Ça frappe l’imaginaire quand on sait que 71 % des automobilistes ne respectent pas la limite de vitesse de 30 km/h en zone scolaire, une statistique désolante et préoccupante », poursuit M. Brochet.

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Pierre Brochet

Depuis plusieurs jours, tous les corps de police de la province sont en mouvement dans les zones scolaires pour assurer la sécurité des enfants.

Quand une ville prend la peine de mettre une zone de 30 km/h, c’est qu’il y a des enjeux. Et quand on voit que dans la culture de conduite au Québec, on ne respecte pas les limites de vitesse, c’est particulier.

Pierre Brochet, président de l’ADPQ

Perdre un enfant

Michel Boucher a perdu son fils Tristan dans un accident de la route en 2012. Le garçon de 14 ans était à vélo. Il a violemment été happé par le conducteur d’un autobus. Il milite désormais pour la sécurité routière. « Depuis la pandémie, on observe que la population a perdu ses repères en termes de courtoisie sur la route », plaide-t-il.

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Michel Boucher

Même les parents qui viennent conduire leur enfant à l’école sont pressés et font de la vitesse, remarque le père endeuillé. « On est pressé dans la zone où on devrait faire le plus attention. »

Les automobilistes doivent reprendre leurs bonnes habitudes, donner la priorité aux plus vulnérables et respecter les limites de vitesse. « Les conducteurs sont protégés par une armure de métal. Pas les piétons et les cyclistes. Tout le monde doit faire sa part pour suivre le Code de la sécurité routière », résume M. Boucher.

Selon M. Brochet, les statistiques dévoilent à quel point les policiers sont engagés pour assurer la sécurité des enfants. « Mais c’est nettement insuffisant : il va falloir que tous les usagers de la route prennent la responsabilité », enchaîne-t-il.

Les zones scolaires sont imprévisibles : sans avertissement, un enfant peut traverser la rue pour attraper un ballon, par exemple. « Ce sont des endroits où il faut être plus vigilant, insiste M. Brochet. C’est notre rôle en tant qu’adulte conducteur d’être plus alerte dans ces zones. » On ne cherche pas à blâmer les usagers de la route, assure le directeur ; on veut plutôt ramener la vigilance des automobilistes.

« Renverser la tendance »

Au cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, on rappelle aussi que tous « ont un rôle à jouer pour protéger nos enfants en zone scolaire, et ça commence par respecter les limites de vitesse ». « C’est d’ailleurs un jalon important du plan d’action en sécurité routière de Mme Guilbault, car nous voulons renverser la tendance et conscientiser les automobilistes à être attentifs à la signalisation », soutient l’attachée de presse Léonie Bernard-Abel.

« Ces chiffres démontrent une fois de plus l’urgence d’opérer un véritable changement de cap pour rendre nos rues plus sécuritaires […] et éviter que des drames se reproduisent », a de son côté plaidé l’entourage de la mairesse Valérie Plante, en jugeant que les récentes actions gouvernementales et municipales démontrent que « nous sommes sur la bonne voie ».

La Presse avait révélé la semaine dernière que la ministre Guilbault prévoyait notamment de hausser les amendes imposées aux usagers de la route lorsqu’ils commettent des infractions « à l’égard d’un usager vulnérable », c’est-à-dire un piéton ou un cycliste. Québec veut aussi rendre obligatoire l’imposition d’une vitesse maximale de 30 km/h dans toutes les zones scolaires.

À terme, le gouvernement compte aussi rendre obligatoire l’aménagement sécuritaire des zones scolaires, selon des lignes clairement définies dans un guide d’application.