(Québec) Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec sont reparties à la hausse en 2022.

Selon les estimations officielles, 79  millions de tonnes de GES ont été émises cette année-là, soit 1,8 % de plus que les 77,6 millions rejetées dans l’atmosphère en 2021, et davantage que les prévisions évoquées par le gouvernement en décembre dernier.

C’est un signal inquiétant, car le gouvernement s’est pourtant engagé à réduire les émissions GES de 37,5 % en 2030 par rapport à l’année de référence 1990.

Depuis l’année 2020, au plus fort de la pandémie, lorsque 74 mégatonnes avaient été émises dans l’atmosphère, les émissions polluantes sont en croissance.

L’objectif de 37,5 % de réduction d’ici à 2030 semble s’éloigner : on était à 8,9 % de réduction accomplie entre 1990 et 2021, et si on considère maintenant la hausse des émissions de 2022, on est à 7,1 % du chemin parcouru.

La donnée sur les émissions de GES de 2022 apparaît dans le budget déposé par le ministre des Finances, Eric Girard, mardi, mais elle est passée inaperçue.

Il est précisé que l’estimation est « basée sur les informations disponibles au 29 février 2024 » et qu’elle provient du ministère de l’Environnement.

La Presse Canadienne a demandé au ministère de lui fournir le document d’origine d’où est tirée cette donnée, ainsi que la répartition des 79 millions de tonnes en fonction de la source des émissions.

Habituellement, le bilan officiel des émissions d’une année donnée est rendu public au mois de décembre deux ans après. En décembre dernier, le bilan de 2021 était donc rendu public.

Dans le bilan 2021, les fonctionnaires prévoyaient déjà un léger rebond de 1,4 % des émissions en 2022 par rapport à 2021, attribuable à la reprise de certaines activités économiques qui tournaient au ralenti durant la pandémie.

En conférence de presse en décembre dernier, ils prévoyaient tout de même, pour la première fois, une réduction de la consommation de carburants en 2022.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, estimait cette baisse à 9 %, et la liait à une diminution du nombre de véhicules à moteur à combustion interne.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre québécois de l'Environnement, Benoit Charette

Ainsi, pour la première fois depuis 1985, le nombre de véhicules thermique aurait diminué au Québec en 2022, de 40 000 véhicules.

Il avait alors ajouté que les prévisions pour 2022 donnent « le sentiment d’avoir plafonné dans nos émissions de GES ».

Rappelons que dans son budget, le gouvernement a annoncé d’ici trois ans la fin graduelle de la subvention pour l’achat de véhicules électriques ou hybrides, ce que dénoncent les concessionnaires automobiles.

M. Charette a plaidé mercredi que cette subvention qui a coûté 400 millions entre avril et janvier dernier est plutôt dispendieuse par rapport à la réduction en GES qu’elle permet d’obtenir.

Le secteur des transports routier, aérien, maritime, ferroviaire et hors route est toujours le principal contributeur de GES. Il a ainsi généré 33 mégatonnes de GES, soit 42,6 % des émissions totales du Québec en 2021.