On retrouve maintenant des traces de plastique partout sur la planète : des fonds marins au sommet de l’Everest, et même dans l’estomac des dromadaires. Pour contrer ce fléau, 175 pays se réunissent à Paris cette semaine pour préparer un accord qui vise à éliminer la pollution plastique d’ici 2040. Du gros boulot en perspective.

Bientôt plus de plastique que de poissons

Depuis lundi, les représentants de 175 pays se réunissent à Paris pour mettre la table à un futur accord sur la pollution par le plastique. Cette rencontre est la deuxième d’une série de cinq afin de convenir d’une entente qui serait juridiquement contraignante d’ici la fin de l’année 2024. L’objectif est d’éliminer la pollution plastique d’ici 2040. « Si on ne fait rien, en 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan », a alerté le ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Seulement 10 % du plastique recyclé

PHOTO OLIVIER MORIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Sur les 9,2 milliards de tonnes de plastique produites depuis 1950, la moitié a été fabriquée à partir de l’an 2000.

Sur les 9,2 milliards de tonnes de plastique produites depuis 1950, la moitié a été fabriquée à partir de l’an 2000. La production annuelle mondiale pointe aujourd’hui à plus de 460 millions de tonnes et pourrait tripler d’ici 2060. Parmi les nombreux usages du plastique, les emballages trônent en tête de liste (36 %), suivis des bâtiments (16 %), des textiles (14 %) et des biens de consommation divers (10 %). Actuellement, 7 % de la production pétrolière mondiale sert à fabriquer du plastique. Moins de 10 % du plastique produit depuis l’après-guerre a été recyclé.

Du plastique partout

PHOTO NICOLAS TUCAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

On retrouverait plus de 171 000 milliards de morceaux de plastique flottant à la surface des océans.

Selon une estimation récente réalisée par le 5 Gyres Institute, une organisation non gouvernementale spécialisée dans la recherche sur la pollution par le plastique, on retrouverait plus de 171 000 milliards de morceaux de plastique flottant à la surface des océans. En 2020, des chercheurs australiens ont suggéré dans une étude qu’il pourrait y avoir 30 fois plus de plastique au fond des océans qu’en surface, soit au moins 14 millions de tonnes. Des études ont aussi démontré qu’on retrouvait des traces de plastique au sommet de l’Everest, dans le lait maternel des femmes et même dans l’estomac de dromadaires aux Émirats arabes unis.

Plastique et GES

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L’Agence internationale de l’énergie prévoit que les produits pétrochimiques utilisés pour la fabrication des plastiques représenteront près de 50 % de la hausse de la demande en pétrole d’ici à 2050.

En plus de polluer l’environnement, la production de plastique pourrait générer 53,5 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2050, selon le Center for International Environmental Law. Le plastique représente en quelque sorte l’angle mort des efforts internationaux pour la décarbonation. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit en effet que les produits pétrochimiques utilisés pour la fabrication des plastiques représenteront près de 50 % de la hausse de la demande en pétrole d’ici à 2050. Selon cette agence, les pays développés consomment 20 fois plus de plastique par habitant que les nations les plus pauvres.

Réduire ou recycler ?

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Plus d’une cinquantaine de pays, dont le Canada, plaident pour une réduction de la production mondiale de plastique.

Plus d’une cinquantaine de pays, dont le Canada, plaident pour une réduction de la production mondiale de plastique. Mais d’autres, comme les États-Unis et l’Arabie saoudite, disent privilégier le recyclage, voulant protéger du même coup l’industrie pétrochimique. « Il ne serait pas réaliste de dire que nous devrions interdire complètement la production de plastique (du moins pas à court ou moyen terme). […] Cela dit, la solution passe évidemment par une réduction substantielle de la dépendance quotidienne à l’égard des plastiques à usage unique », a écrit Charlotte Lloyd, chercheuse en chimie environnementale à l’Université de Bristol, dans une lettre publiée récemment dans le quotidien The Guardian.

Bataille en vue au Canada

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La raffinerie d’Imperial Oil de Sarnia, en Ontario

Au Canada, une coalition d’une trentaine d’entreprises, dont Dow Chemical, Imperial Oil et Nova Chemicals, ainsi que les provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta veulent faire annuler une décision d’Ottawa de désigner tous les produits en plastique comme étant toxiques. Depuis 2021, ceux-ci sont considérés comme nocifs pour l’environnement ou pour la diversité biologique. À partir de décembre 2023, six produits de plastique à usage unique seront interdits au pays, ce qui devrait permettre de retirer 1,3 million de tonnes des sites d’enfouissement au cours des 10 prochaines années.

Suivez les travaux de l’ONU sur la pollution plastique (en anglais)