Québec croit atteindre 60 % de sa cible de réduction des émissions de GES en 2030.

Le Plan pour une économie verte 2030 est bonifié de 1,4 milliard de dollars, dont plus de 210 millions supplémentaires pour l’adaptation aux changements climatiques, a annoncé Québec vendredi. Mais les municipalités devront aussi mettre la main à la pâte, que ce soit au moyen de hausses de taux de taxation ou de réductions de dépenses, a prévenu le premier ministre François Legault.

Ce qu’il faut savoir

  • Le gouvernement Legault estime maintenant pouvoir atteindre 60 % de sa cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) prévue pour 2030.
  • Les mesures nécessaires coûteront 9 milliards de dollars, soit 1,4 milliard de plus que ce qui avait été budgété précédemment pour atteindre 51 % de la cible.
  • D’autres mesures, déjà en chantier mais dont l’effet reste à déterminer, pourraient permettre d’atteindre jusqu’à 73 % de cette cible, croit Québec.

Ce 1,4 milliard supplémentaires permettra d’atteindre 60 % de la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) prévue pour 2030, indique le nouveau Plan de mise en œuvre 2023-2028 du Plan pour une économie verte 2030.

Ce plan de mise en œuvre, le troisième à ce jour, porte donc les investissements consacrés à l’atteinte de la cible climatique à 9 milliards de dollars.

Cette troisième mouture ne précise donc toujours pas la totalité des moyens requis pour atteindre la totalité de la cible de réduction des émissions de GES du Québec, qui est de 37,5 % sous leur niveau de 1990 d’ici 2030.

Elle inclut toutefois une « feuille de route » énonçant d’autres mesures en chantier qui pourraient permettre d’atteindre de 69 % à 73 % de cette cible.

Payer pour s’adapter

« Malheureusement, on ne réussira pas à régler tous les problèmes des impacts de la hausse des températures, donc il faut s’adapter », a convenu le premier ministre François Legault en conférence de presse au Jardin botanique de Montréal, vendredi.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le premier ministre François Legault en conférence de presse au Jardin botanique de Montréal

« Dans le plan qu’on dépose aujourd’hui, on passe de 650 millions à 860 millions, donc on ajoute 210 millions », a souligné le premier ministre devant un étang où pataugeaient des canetons.

« Il faut aussi que les municipalités fassent des efforts », a-t-il souligné, en faisant valoir qu’il n’y avait « pas de marge de manœuvre à Québec » pour augmenter les impôts.

Le plan de mise en œuvre publié vendredi ajoute 213,4 millions pour « renforcer la résilience du Québec face aux impacts des changements climatiques », portant les sommes prévues à ce chapitre à 860,6 millions.

Ces fonds serviront notamment à cartographier l’érosion et la submersion côtières, ainsi que les îlots de chaleur, et à financer des mesures pour les atténuer. En incluant d’autres investissements annoncés dans le dernier budget, Québec consacrera 1,5 milliard à l’adaptation aux changements climatiques au cours des cinq prochaines années, a rappelé M. Legault.

« Les municipalités, en moyenne, payent leurs employés 30 % de plus que [pour] les mêmes postes qu’on a au gouvernement du Québec », a relevé le premier ministre. « Donc, taux de taxes, revoir leurs dépenses, mais c’est sûr [que les municipalités] vont devoir contribuer aux investissements qui doivent être faits en adaptation aux changements climatiques. » Chacune ayant une situation différente, « c’est un exercice qui doit être fait par chaque municipalité ».

Besoins « immenses »

Pour l’instant, « ça ne signifie rien parce qu’on n’a pas d’ordre de grandeur », a commenté le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers, en entrevue téléphonique. Il s’est dit surtout « content » de l’annonce des sommes nécessaires pour faire des plans dans chacune des MRC. Si les coûts identifiés « nous amènent à augmenter de 2 ou 3 % nos comptes de taxes, je ne pense pas que personne va en faire de cas. S’il faut doubler ou tripler les comptes de taxes, il va y avoir des discussions à avoir ».

Les investissements annoncés sont « bienvenus », a indiqué l’Union des municipalités du Québec (UMQ) dans un communiqué, tout en rappelant une étude qu’elle a commandée à la firme WSP. Selon celle-ci, les besoins pour adapter les infrastructures municipales seraient plutôt de 2 milliards de dollars annuellement.

« On est loin du compte. Pour nous, c’est important que le gouvernement retourne immédiatement à la table à dessin parce qu’on est en train de se faire rattraper par les évènements climatiques : on a les deux pieds dedans ! », s’est exclamé Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, en marge de la conférence de presse du gouvernement.

Le plan présenté vendredi « est un pas dans la bonne direction, mais les besoins des municipalités restent immenses », a commenté de son côté la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur Twitter.

[Les municipalités] sont au front dans la lutte contre les changements climatiques et les moyens doivent être à la hauteur des catastrophes environnementales auxquelles elles font face.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Dans l’ensemble, le nouveau plan de mise en œuvre qui promet d’atteindre 60 % de la cible est « l’équivalent d’un demi-plan d’action », a dénoncé M. Bonin.

« C’est beau, les incitatifs, mais il n’y a clairement pas de bâton, ou presque, dans ce plan. C’est toujours la carotte pour les automobilistes, pour les industries à qui on donne des centaines de millions alors qu’on pourrait tout simplement réglementer et forcer la réduction des émissions. »

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

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