Ottawa espère toujours conclure une entente avec Québec pour protéger le caribou forestier plutôt que d’adopter un décret qui mènerait à une intervention du fédéral dans la belle province.

Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a rencontré vendredi des représentants de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Une rencontre où il a été principalement question du dossier du caribou forestier, signale M. Guilbeault en entrevue avec La Presse.

Le ministre espère toujours en arriver à une entente avec les communautés autochtones et le gouvernement du Québec pour assurer la protection du caribou.

M. Guilbeault affirme que les discussions avec Québec se sont améliorées depuis que Benoit Charette a hérité des responsabilités de la Faune et des Parcs, qui relevaient auparavant de l’ancien ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour.

« Le ton des discussions a beaucoup changé. J’ai bon espoir qu’on peut arriver à une entente négociée avec les Nations autochtones et le gouvernement du Québec », précise le ministre fédéral.

Application de la loi

Au début du mois de février, Steven Guilbeault avait néanmoins écrit à son homologue provincial pour l’informer qu’il était « maintenant tenu, en application de la loi [la Loi sur les espèces en péril], de recommander à la gouverneure en Conseil la prise d’un décret de protection pour les parties non protégées de l’habitat essentiel du caribou boréal ».

Or, Steven Guilbeault affirme en entrevue qu’il n’a pas l’obligation de recommander un décret au cabinet fédéral.

« [Quant à la] lettre que j’ai envoyée au gouvernement du Québec, qui a été interprétée par plusieurs comme un avis selon lequel j’allais au cabinet pour une demande de décret, ce n’est pas le cas », soutient le ministre.

« À partir du moment où les experts du gouvernement fédéral, les biologistes arrivent à la conclusion que l’habitat n’est pas protégé suffisamment, la Loi sur les espèces en péril m’oblige à aller au cabinet, mais ne m’oblige pas à aller au cabinet pour demander un décret, ajoute-t-il.

« Je peux aller au cabinet et dire : “Regardez, on a une entente avec les Nations autochtones et le gouvernement du Québec.” Je peux aller au cabinet pour ça. Moi, ma préférence a toujours été d’arriver à une entente négociée, qu’on puisse coopérer. Et c’est dans cette perspective que nous travaillons actuellement. »

Une déclaration qui a fait réagir Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs au Québec.

« Avec en main une analyse confirmant que l’habitat essentiel du caribou n’est pas protégé efficacement, le ministre est tenu par la Loi sur les espèces en péril de recommander un décret de protection au gouverneur en conseil. C’est écrit noir sur blanc à l’article 61. Québec peut éviter ce scénario d’un décret fédéral en s’engageant fermement à protéger les habitats prioritaires identifiés par ses scientifiques », soutient M. Branchaud.

Rappelons que le gouvernement du Québec s’est engagé à soumettre une stratégie pour protéger le caribou d’ici l’été prochain.