Un gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) provoquera des turbulences, a prévenu François Legault, jeudi, tout en admettant qu'il doit dissiper l'«inquiétude» que suscite son programme, en particulier chez les femmes.

François Legault ne s'en cache pas : les «forces du statut quo», les groupes de pression, les syndicats et les commissions scolaires, tenteront par tous les moyens de «protégerleurs acquis» advenant l'élection d'un gouvernement caquiste.

«Ça fait 40 ans qu'on tourne en rond au Québec, qu'on est dans l'immobilisme, a-t-il affirmé. Là, on a une chance d'avoir un changement. Donc c'est certain qu'il va venter fort.»

Fort d'un sondage CROP-La Presse qui révélait en matinée que la CAQ gagne du momentum, M. Legault a soutenu son parti suscite de l'intérêt, tant chez les partisans du Parti libéral que du Parti québécois.

Mais pour poursuivre sur sa lancée, il tentera rassurer les indécis qui craignent des changements brusques. C'est surtout le cas des femmes, un électorat dans lequel il ne récolte que 20% des intentions de vote.

«Il y a des gens qui sont peut-être inquiets, a-t-il convenu. On a deux partis qui se chargent d'amplifier cette inquiétude. Le changement, c'est sûr que ça amène toujours une période d'incertitude, donc ça inquiète certaines personnes.»

Quelques heures après avoir tenu ces propos, M. Legault a justement fait un arrêt dans sa circonscription, l'Assomption, en compagnie de son épouse, Isabelle Brais.

«Vous avez vu les sondages comme moi, vous voyez que les appuis à la Coalition sont plus chez les hommes que chez les femmes, a dit le chef de la CAQ. Ce que ça me dit, c'est que je dois travailler plus fort pour convaincre les femmes. Je vais le faire.»

«C'est certain qu'il faut aller vers les femmes un peu plus», a acquiescé la candidate-vedette de la CAQ dans Repentigny, Chantal Longpré.

«Panique»

François Legault s'est montré amusé des tirs croisés qu'il a reçus de ses adversaires, hier. Jean Charest a affirmé qu'un vote pour la CAQ serait un vote pour le PQ, alors que Pauline Marois a affirmé qu'un vote pour la CAQ serait un vote pour le PLQ. Un échange qui prouve que «les deux vieux partis paniquent», selon M. Legault.

Et si la perspective d'un gouvernement minoritaire commence à poindre, le chef caquiste n'a montré aucun signe qu'il sera prêt à collaborer avec ses adversaires au lendemain de l'élection du 4 septembre.

«Il y a un parti qui a les mains sales, le Parti libéral, il n'est pas question de s'associer avec ce parti-là, a-t-il dit. Et il y a un parti qui a les mains attachées, que je connais bien, qui est le Parti québécois, et qui a une seule priorité, le référendum. Et en plus, ils ont les mains attachées avec les syndicats.»

«Des chicanes», dénonce Charest

De passage à Québec, le chef libéral a dénoncé l'attitude de son rival caquiste, qu'il juge trop belliqueuse.

«Si j'ai bien compris, son programme à lui, c'est deux choses: des chicanes et des élections à répétition, a dénoncé Jean Charest. Comme premier ministre du Québec, je ne peux pas dire que je trouve ça très très responsable.»

Lorsqu'un journaliste lui a fait remarquer que M. Legault évoquait commentait l'hypothèse d'un gouvernement péquiste minoritaire, le premier ministre sortant a répondu: «Déjà il veut faire des élections. Il évoque ça. Je ne trouve pas ça responsable de sa part. Des chicanes à répétition alors qu'on est en élections pour gouverner, trouver des solutions, travailler avec les Québécois.»

- Avec Tommy Chouinard