L'Association des jeunes médecins du Québec (AJMQ) endosse la plateforme santé de la Coalition avenir Québec.

Il s'agit d'un groupe de réflexion, et non d'un syndicat ou d'un ordre professionnel. Il compte moins de 1000 membres. Son président, le Dr François-Pierre Gladu, accompagnait François Legault et son candidat Gaétan Barrette en conférence de presse aujourd'hui. Le conseil d'administration de l'AJMQ a voté il y a deux semaines pour appuyer la plateforme santé de la CAQ. «Ça fait 20 ans que ça niaise. Ça aurait dû être réglé depuis très longtemps. Ce n'est pas acceptable qu'on attende une génération pour régler ça. Mon plus grand souhait, c'aurait été que M. Bolduc ou Mme Marois dise cela.»

Il pense le contraire du président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, Louis Godin, qui a sévèrement critiqué le programme de la CAQ.

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Après avoir promis d'assouplir les activités médicales particulières (AMP), la CAQ est allé plus loin aujourd'hui. Elle promet de les abolir «de façon progressive» dans les six mois suivant son élection.

L'AJMQ dénonce depuis longtemps le fait qu'un Québécois sur quatre n'ait pas de médecin de famille. Elle se rallie à la position du Dr Barrette et de la CAQ, qui soutient qu'il ne manquerait pas de médecin de famille. Le problème, ce serait l'organisation du travail.

Le Dr Gladu, lui-même omnipraticien, dénonce les effets pervers des AMP, une législation «mauvaise» et «unique en Occident».  Elles ont été instaurées en 1992. À cette époque, environ 200 médecins y étaient assujettis. «Mais à chaque année, on en a rajouté 300 ou plus. Là, on est rendu à 3500 médecins sur 8000», explique le Dr Gladu.

Résultat : les omnipraticiens passent de plus en plus de temps à l'hôpital. Ils y consacrent 45% de leur temps. Ce n'était que 20% dans les années 90. Ces médecins manquent de temps pour voir des patients en cabinet. «Il fallait régler la cause du problème», dit-il.

Lorsqu'il était ministre de la Santé en 2002, François Legault avait lui-même augmenté la contrainte des AMP. En conférence de presse, le chef de la CAQ a expliqué que cette mesure visait à «dépanner de façon temporaire» pour un manque de service. Elle est «devenue la norme», a-t-il déploré.  Il s'engage désormais à l'abolir en adoptant une loi.

«On voit la lumière au bout du tunnel, a réagi le Dr Gladu. On pense que l'abolition des AMP va faire en sorte qu'on puisse donner un médecin de famille à tout le monde et on va diminuer les inefficacités dans les hôpitaux, comme les gens qui se rendent pour des maux de dos ou des tendinites. Ils coûtent 310$ (par consultation) à l'État, alors que ça aurait coûté 40$ en cabinet».

La loi interdit présentement à un médecin de famille d'embaucher du personnel tout en étant rémunéré par la Régie de l'assurance-maladie du Québec. La CAQ veut aussi changer cette loi pour leur permettre d'embaucher du personnel de soutien dans les groupes de médecine familiale. Ce serait un incitatif pour que les médecins délèguent des tâches à des nutritionnistes, des psychologues ou d'autres professionnels et se libèrent ainsi pour leur pratique.