On dit souvent que la plus grande force politique de Stephen Harper est d'être fin stratège, trop d'ailleurs, au goût de certains, qui le trouvent plutôt manipulateur et manichéen.

En analysant son parcours atypique des 10 dernières années, une autre qualité évidente de cet homme saute aux yeux: la patience.

Il y a 10 ans, Stephen Harper était président d'un groupe de réflexion de Calgary (Citizen National Coalition) et ses rares et discrètes présences sur la scène nationale se limitaient à quelques lettres ouvertes dans les journaux et à des conférences.

Il avait toutefois un plan, une idée fixe, qu'il mettra trois ans, patiemment, étape par étape, à concrétiser: l'union de la droite dans un nouveau Parti conservateur national.

Puis, il s'attaque à son autre tâche: affaiblir et, éventuellement, battre les libéraux. En 2004, il les ébranle et devient chef de l'opposition. En 2006, il les chasse et devient premier ministre. En 2008, il garde le pouvoir, augmentant son nombre de sièges, aux portes de la majorité.

Son prochain objectif est aussi précis que l'a été sa trajectoire politique à ce jour: obtenir, cette fois, la majorité. Le bonhomme est têtu et il ne reculera devant rien pour y arriver, même s'il faut pilonner ses adversaires avec des publicités négatives ou brandir le spectre d'une improbable coalition ou accuser ses adversaires d'être trop mous contre les criminels et les immigrants illégaux ou de vouloir appauvrir les familles canadiennes.

Depuis le temps qu'il attend ce moment, c'est maintenant ou jamais pour Stephen Harper. Minoritaire, il partira avant d'être défait de nouveau. Majoritaire, il mettra de l'avant les pans de son programme repoussés à ce jour par l'opposition, notamment la fin des subventions publiques aux partis politiques, affaiblissant du coup encore un peu ses vieux rivaux rouges.

Le stratège est patient et méthodique, mais le premier ministre peut être irascible, autoritaire et terriblement partisan. La prorogation de la Chambre, en décembre 2008, alors qu'il risquait d'être défait, en est la meilleure illustration.

On l'accuse aussi d'être guidé par des réflexes idéologiques, comme lorsque le gouvernement a aboli le formulaire long du recensement.

Autant de raisons, disent ses détracteurs, qu'il ne faut surtout pas lui donner cette majorité tant attendue.

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Age > 51 ans (52 ans le 30 avril)

État civil > Marié, deux enfants

Études > Baccalauréat et maîtrise en économie, Université de Calgary

Expérience politique > Député du Parti réformiste de 1993 à 1997; élu député (et devient chef) de l'Alliance canadienne en 2002; devient chef du Parti conservateur le 20 mars 2003. Premier ministre depuis janvier 2006.

Circonscription > Calgary-Sud-Ouest

Avantage pour > Expérience de campagne (c'est sa quatrième), clarté et simplicité des messages. La reprise économique et l'amélioration de l'état des finances publiques jouent en faveur des conservateurs. Pourrait sortir quelques annonces de son chapeau durant la campagne. Avantage contre > Doit défendre un bilan entaché par des accusations d'outrage au Parlement (une première au Canada), par des décisions controversées et des réponses incomplètes ou mensongères de certains de ses ministres, par une histoire de financement illégal de son parti et par des relations difficiles avec certains organismes gouvernementaux. Dans la région de Québec, le dossier du nouvel amphithéâtre jouera aussi contre les conservateurs.

Principal défi > Maintenir la discipline dans les troupes (pas de déclarations triomphalistes ou controversées de ses candidats) et convaincre les Canadiens, en particulier les Ontariens de la grande région de Toronto, de lui accorder une majorité.