Ça prend « un plan »…

« Le problème, c’est qu’on a laissé la pomme pourrir depuis des années », lâche la professeure en administration scolaire à l’Université TÉLUQ et professeure associée à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue Geneviève Sirois. « Le ministre de l’Éducation précédent a longtemps nié la pénurie, indique-t-elle. Là, on a un nouveau ministre qui veut des solutions rapides à un problème complexe qui s’est installé au fil de nombreuses années. » L’experte s’oppose à une voie de qualification rapide pour ces professeurs non qualifiés – « une solution à courte vue », dit-elle, qui va encore plus dévaloriser la profession. Il faut s’attaquer aux problèmes d’attraction et de rétention des enseignants, croit-elle, avec un plan concerté dans lequel le ministère de l’Éducation jouera un rôle de leader et qui impliquera les universités et les syndicats.

… et des données

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le siège social du centre de services scolaire de Montréal

Chaque centre de services scolaire devrait établir un seuil d’enseignants et de professionnels pour tous les secteurs, ce qui inclut les classes ordinaires, les classes spécialisées, les projets pédagogiques particuliers, la formation professionnelle, la formation aux adultes, suggère le chercheur à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse Daniel Ducharme. L’adaptation des services doit se faire dans tous ces contextes, si on veut que le système scolaire québécois respecte le droit à l’instruction publique des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. À l’heure actuelle, un tel seuil n’existe pas, explique-t-il. Le ministère de l’Éducation lui-même ne collige pas ces données qui lui permettraient pourtant d’avoir un portrait global du manque d’effectifs par champs (ex. : adaptation scolaire), souligne l’expert.

Rendre Montréal plus attrayant

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal

Il y a pénurie d’enseignants aux quatre coins du Québec, mais celle de Montréal persiste depuis plus longtemps et est pire que dans le reste de la province, avance Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal. Et le champ où la pénurie est la plus criante dans la métropole, c’est celui en adaptation scolaire. À cela s’ajoute le fait que le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) perd des enseignants qualifiés au profit d’autres centres de services scolaires parce que l’employeur « restreint beaucoup les congés différés, les retraites progressives, les horaires allégés pour des questions familiales », critique la leader syndicale. « Tout ça est presque systématiquement refusé par le CSSDM depuis des années alors que les autres CSS continuent d’accorder ces congés-là, poursuit Mme Beauvais-St-Pierre. Le CSSDM devrait minimalement donner les mêmes conditions qu’ailleurs et idéalement offrir de meilleures conditions pour attirer plus de candidats vu la gravité de sa pénurie. »