« C’était bien, mais toujours trop court ! » L’été a filé et des milliers d’élèves ont repris lundi le chemin des classes. Une année scolaire qui pourrait être marquée par des moyens de pression des enseignants, mais qui s’annonce moins catastrophique que prévu, côté pénurie de professeurs.

Devant l’école Sainte-Cécile, dans le quartier Villeray à Montréal, parents et enfants se retrouvaient lundi matin dans la bonne humeur.

Marie-Noëlle Prestat et Julien Giraux accompagnaient leur fille Anna, 6 ans, qui entre en 1re année.

Ils ont vu les manchettes qui font état de la pénurie de professeurs, mais l’école Sainte-Cécile a de la chance, tous les postes sont pourvus. « On a reçu un courriel de l’enseignante, donc on est rassurés », a dit M. Giraux.

La directrice générale du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) assurait elle aussi que tout se passe « très bien » dans le recrutement.

Il nous reste encore quelques postes à combler. 97 % au primaire, c’est fini. Pour l’ensemble des postes, c’est 95 % environ.

Isabelle Gélinas, directrice générale du CSSDM

Il est vrai que la situation s’est améliorée par rapport au bilan dressé par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, la semaine dernière.

Selon les données fournies à Québec par 69 centres de services scolaires (sur 72), plus des trois quarts des postes d’enseignant qui étaient libres à la mi-août ont été pourvus. Lundi, il restait 334 postes réguliers à temps plein et 1495 postes à temps partiel à pourvoir dans les écoles de la province.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Les enfants étaient de retour à l’école Sainte-Cécile, dans le quartier Villeray, lundi matin.

C’est encore à Montréal que la situation est la plus critique.

Le 23 août, le ministre Drainville avait dévoilé que c’était plutôt 8500 professeurs qui devaient être recrutés en vue de l’année scolaire qui a débuté lundi pour certains.

Les professeurs « portent l’école à bout de bras »

La présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, syndicat qui représente les professeurs du CSSDM, brossait lundi un portrait sombre de la situation.

« La réalité, c’est que beaucoup de profs vont porter l’école à bout de bras. On sait qu’il manque encore certains profs. Le problème, c’est qu’on a des profs qui entrent, et on en a qui sortent en même temps », dit Catherine Beauvais-St-Pierre, qui évoque des démissions et des départs en congé de maladie.

Les négociations des enseignants avec Québec pourraient se répercuter dans les classes au cours des prochaines semaines.

« Il va y avoir certains moyens de pression », dit la présidente de l’Alliance, qui explique que les enseignants vont « recentrer le travail sur l’enseignement et possiblement tasser des choses qui sont moins essentielles ».

Par exemple ? Des activités parascolaires pourraient être annulées. « Ce n’est pas grand-chose en comparaison à ce qui manque au quotidien pour les élèves », dit Catherine Beauvais-St-Pierre.

Les membres de ce syndicat ont adopté un mandat de grève générale illimitée.

Mère du petit Gustave, qui entamait lundi sa 1re année, Marie-Hélène Roch a déploré la « sous-valorisation de l’éducation aux yeux du gouvernement ».

Si les professeurs devaient en venir à des moyens de pression, elle les soutiendrait « fortement », a-t-elle assuré.

La pénurie, partout

S’il reste encore des professeurs à trouver, la pénurie frappe fort dans d’autres secteurs, notamment dans les services de garde scolaire.

« Il manque encore des postes, mais il n’y aura pas de bris de service, tout le monde s’organise », dit Isabelle Gélinas, du CSSDM. Dans certaines écoles, il n’est pas exclu qu’on doive augmenter les ratios d’enfants par éducatrice, a-t-elle toutefois reconnu.

L’an dernier, il est arrivé dans plusieurs centres de services qu’une éducatrice soit responsable de 35 ou 40 jeunes, soit deux fois le ratio recommandé par Québec.

Le transport scolaire aussi fait l’objet de réorganisations à certains endroits. Au centre de services scolaire des Affluents (CSSDA), tous les élèves du secondaire qui habitent à moins de 2 km de l’école doivent marcher. Avant cette année, cette limite était fixée à 1,6 km.

C’est « pour diminuer le nombre de véhicules scolaires requis pour l’ensemble [des] élèves transportés que nous avons adopté cette mesure », explique Éric Ladouceur, porte-parole du CSSDA.

« Avec l’ouverture d’une nouvelle école secondaire à Terrebonne cette année, nous devions ajouter 23 autobus à la flotte. La nouvelle mesure nous a permis de devoir en ajouter seulement sept », a expliqué M. Ladouceur.

Appel à tous

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