Plus de 50 mineurs ont été arrêtés dans le cadre des manifestations étudiantes qui secouent le Québec depuis quelques mois. Si la plupart ont rapidement été pris en charge par les policiers, certains auraient été retenus pendant des heures sans que leurs parents ne soient avisés.

Au cours d'arrestations de masse, les agents isolent généralement les mineurs et appellent leurs parents le plus rapidement possible pour qu'ils viennent les chercher. «Mais lorsqu'on arrête des centaines de personnes à la fois, il peut y avoir des délais», explique le commandant Ian Lafrenière, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Il précise que dans plusieurs cas, les manifestants n'avaient aucune carte d'identité sur eux, ce qui rendait le tri beaucoup plus difficile.

Résultat: des heures d'angoisse pour les parents des jeunes détenus.

La nuit du 22 mai a été longue pour Pascale Bouchard. Sa fille Mira, 17 ans, a été interpellée en compagnie de 517 autres manifestants lors de la plus importante arrestation de masse du conflit étudiant. Mme Bouchard raconte avoir tenté durant des heures, sans succès, d'obtenir de l'information sur le lieu et les conditions de détention de sa fille.

«Extrêmement inquiète»

«J'étais extrêmement inquiète», a confié Mme Bouchard, qui a appris par les médias que sa fille, comme des centaines d'autres, était en état d'arrestation. Vers 23h15, la marche avait été déclarée illégale depuis deux heures. Mira et son amie, elle aussi âgée de 17 ans, ont été prises dans une souricière. «J'ai vu ce qui se passait à la télé, alors j'ai texté pour savoir où elle était, racont Pascale Bouchard. Si elle n'avait pas eu son cellulaire, je ne l'aurais jamais su.»

Mira a attendu plusieurs heures, assise dans la rue, avant d'être menottée à l'aide d'une attache autobloquante de plastique, puis embarquée dans un autobus de la Société de transport de Montréal (STM). Pendant ce temps, à la maison, sa mère tournait en rond. «J'ai téléphoné à la police pour savoir où elle serait emmenée. On m'a dirigée vers le centre de détention, explique-t-elle. J'ai demandé à parler à un responsable. J'ai dit que Mira était mineure. On m'a répondu que ce serait impossible de me mettre en communication.»

Selon elle, personne ne lui a téléphoné cette nuit-là. Pas même lorsque les agents se sont rendu compte que la jeune manifestante avait moins de 18 ans. Ils l'ont relâchée, seule, à 6h du matin, après lui avoir remis un constat d'infraction. La pile de son téléphone portable était déchargée, et elle n'a pas pu joindre sa mère. «Je voulais aller la chercher et on ne me donnait aucune information», affirme cette dernière.

Deux soirs plus tôt, une histoire semblable est arrivée au fils d'un de ses amis. L'adolescent de 14 ans, qui participait à sa première marche, a été arrêté dans une rafle peu après 22h. Il a été menotté et transporté en autobus vers un centre de détention. Sans nouvelles, son père, Vanderlei, a paniqué. Il s'est rendu au centre-ville, qui était alors le théâtre d'une intense flambée de violence, à la recherche de son fils. «J'ai regardé partout. Même dans les autobus où les gens étaient en état d'arrestation. Je ne l'ai jamais trouvé», raconte l'homme.

C'est après 3h du matin qu'il a finalement eu des nouvelles. Un policier venait d'appeler son ex-femme. «Je ne comprends pas qu'ils ne nous aient pas avertis avant. C'est une chose de l'arrêter, c'en est une autre de ne pas nous le dire», affirme avec colère Vanderlei. La famille songe à porter plainte.