Peu avant de faire une allocution devant le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, le premier ministre Jean Charest a relativisé les conséquences de la crise étudiante sur l'image de Montréal et sur le tourisme.

«Ce n'est pas idéal, mais en même temps les gens sont capables de faire la part des choses, surtout dans un contexte comme aujourd'hui, où nous recevons des gens qui voyagent partout sur la planète. Les gens font bien la part des choses», a dit M. Charest lors d'un point de presse.

Les commerçants soutiennent que leur chiffre d'affaires a diminué depuis le début du conflit étudiant.

D'anciens champions olympiques et des hommes d'affaires comme Guy Laliberté et Marcel Aubut, président du Comité olympique canadien, étaient dans la salle. L'activité visait à amasser des fonds pour les athlètes.

Une loi «juste»

Malgré les critiques du Barreau et de nombreux juristes, le premier ministre estime que la loi spéciale est juste.

L'adoption de cette loi, vendredi dernier, n'a pas ralenti les marches de protestation. Au contraire, d'importantes manifestations se sont déroulées depuis. Samedi soir à Montréal, on dénombrait plus de 300 arrestations et une dizaine de blessés, dont un gravement.

Le premier ministre a affirmé que la loi visait à protéger les manifestants. «À Montréal, on a vu des événements qui sont déplorables et rien ne justifie la violence. Faut rappeler cela aussi. Quand j'entends des gens dire que la loi va provoquer les réactions... Au contraire, la loi est conforme, pour l'encadrement des manifestations, à ce que nous retrouvons dans d'autres villes. Et la loi est là pour protéger autant les manifestants, sinon plus, que les autres citoyens du Québec.»

«La loi est là pour assurer la paix sociale», a-t-il ajouté plus tard.

M. Charest s'est aussi dit «très déçu» que la CLASSE ne veuille pas se conformer à la loi spéciale. «Nous sommes tous égaux devant ces lois votées par l'Assemblée nationale, un parlement démocratiquement élu avec 68 députés qui étaient favorables à la loi.»

Si la loi suspend les cours, c'est pour «laisser la poussière retomber» et pour que la rentrée en août se fasse «dans des conditions qui vont permettre à un étudiant d'avoir le droit d'avoir accès à sa salle de cours».

La loi vise à équilibrer le droit à l'éducation et le droit de manifester, soutient le gouvernement Charest. «Mme Marois et le PQ portent le carré rouge depuis le début de cette affaire, en appui au boycottage. Mme Marois n'a pas défendu non plus le droit d'un étudiant à avoir accès à ses salles de cours», a-t-il accusé.

Il critique également la position, «irresponsable» selon lui, de Québec solidaire, qui soutient la résistance pacifique. «Ironiquement, il demande aux gens de ne pas respecter les lois que lui-même est appelé à voter», a-t-il dénoncé.

«La porte ouverte»

M. Charest a assuré que son gouvernement reste ouvert à la discussion avec les leaders étudiants. «Mme Courchesne a le mandat de rester en contact avec les étudiants et la porte est toujours ouverte, la porte restera toujours ouverte», a-t-il lancé.

Malgré tout, aucune reprise des négociations n'a encore été annoncée.

La semaine dernière, peu avant l'adoption de la loi spéciale, M. Charest n'a pas voulu rencontrer les leaders étudiants malgré les demandes répétées des partis de l'opposition.

Le premier ministre rappelle que son gouvernement a déjà fait «concession par-dessus concession».