La France va-t-elle passer l’hiver ? La hausse des prix et les pénuries d’énergie font craindre le pire. Le gouvernement Macron a donc décidé d’agir. Si, il y a deux ans, pour combattre la pandémie, il a imposé à sa population le port du masque, aujourd’hui, pour combattre la crise de l’énergie, il propose fortement à sa population le port du col roulé.

C’est le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui eut l’initiative du mouvement. Fin septembre, il a prononcé cette déclaration choc : « Vous ne me verrez plus avec une cravate, mais avec un col roulé ! » Oh là là là, bonne « maire » !

Il a invité tous les fonctionnaires de l’État à l’imiter, puisque dorénavant, les édifices publics ne devront pas être chauffés à plus de 19 °C, peu importe la température extérieure. Les citoyens sont aussi appelés à appliquer la même mesure dans leurs chaumières.

Donnant l’exemple, le président de la République française, Emmanuel Macron, porte le col roulé, et la première ministre, Élisabeth Borne, combine même le col roulé et la doudoune.

Le message est clair : Françaises, Français, diminuez votre consommation d’énergie, et si vous avez froid, enfilez un col roulé.

Quand on veut changer le monde, rien de mieux que de demander au monde d’aller se changer !

Pour les politiques, revêtir un col roulé, c’est plus facile que d’interdire les jets privés. Ça embête moins nos amis riches.

Je sais bien que vous lisez ceci en vous moquant un peu de nos chers cousins, cousines. Ha ! Ha ! Ils sont fous, ces Gaulois ! Attention, pauvres inconscients ! Ce qui se passe là-bas, c’est ce qui va se passer chez nous, quelques mois plus tard. Rappelez-vous la COVID-19. Tous les dirigeants du monde sont conseillés par la firme McKinsey.

Je visualise déjà le point de presse où le premier ministre François Legault, le ministre de l’Énergie et du reste, Pierre Fitzgibbon, et la présidente d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, surgiront, dans nos écrans, les trois en gros cols roulés, nous exhortant à en porter, car nos thermostats seront désormais gelés à 19 °C.

Réagissant, dehors, devant l’Assemblée nationale, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, vêtu d’une chemise, la déchirera, en haranguant que le col roulé est une atteinte grave à nos libertés ! Et que si, pour le moment, ils ne font que le recommander, ce ne sera pas long qu’ils vont nous l’imposer. Souvenez-vous du masque.

Des milliers de camionneurs, en bedaine, monteront à Québec manifester avec des pancartes sur lesquelles nous pourrons lire : « Étouffez-vous, avec vos cols roulés ! C’est vos têtes qui vont rouler ! Savez-vous à quoi vous ressemblez avec vos cols roulés ? » Et juste à côté, il y aura un dessin du sexe masculin.

Pour inciter la population à suivre les recommandations gouvernementales, François Legault convaincra l’ancien joueur de centre du Canadien, Tomas Plekanec, d’enregistrer une publicité vantant les mérites du col roulé se terminant ainsi : « Même en col roulé, on peut scorer ! » Les mauvaises langues ajouteront : « Pas tant que ça. » Dans une autre pub, c’est le grand Gilles Vigneault, pionnier dans le port du col roulé, qui chantera : Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. Mon col roulé, ce n’est pas un col roulé, c’est une fournaise.

Tout cela pour dire qu’on est mieux de se préparer mentalement à avoir un turtleneck en bas de notre tête, durant les prochains mois. Ça ne fera pas l’affaire de tout le monde. Y en a pour qui ça pique trop. D’autres à qui ça ne fait pas très bien, comme tous ceux qui, au départ, ressemblent au ti-monsieur pas de cou de Bruno Blanchet. Mais il faut avouer qu’un col roulé, c’est chaud. Très chaud. Ça fait la job. Mais voulons-nous vraiment nous habiller, en tout temps, au travail comme à la maison, comme dans un chalet de ski ?

Et où ces consignes s’arrêteront-elles ? Bientôt, on nous demandera de baisser le chauffage à 18 °C, et d’ajouter une doudoune, comme madame Borne, et puis ce sera 17 °C, avec mitaines, gougounes et tuques, parce que quand on a les extrémités au chaud, on n’a pas froid. Et la nuit, on va devoir baisser à 15 °C, et dormir tout le monde dans le même lit.

Qui plus est, l’hiver, c’est facile de nous demander d’ajouter des pelures pour baisser le chauffage, mais l’été, pour baisser la climatisation, que devrons-nous enlever ? Un coup qu’on sera rendus tous tout nus, à la maison comme au bureau, on ne pourra pas en faire plus.

Bon, n’allons pas trop vite en affaires, on est juste en octobre, après tout. Mettons notre col roulé, et allons dehors, pendant qu’on peut encore l’enlever en rentrant !

Bon samedi ensoleillé !