Mardi, le ministre Christian Dubé va présenter son plan de « refondation » du système de santé québécois. Bonne chance ! Ramener la Coupe Stanley à Montréal, renverser Poutine, trouver une place de stationnement sur le Plateau sont tous des objectifs beaucoup plus réalisables.

Le système de santé québécois est débordé depuis 1535, l’année où Jacques Cartier et ses compagnons ont passé leur premier hiver ici : 100 des 125 hommes ont pogné le scorbut. Imaginez, 80 % de la population atteinte. Congestion majeure aux urgences. Surtout que les urgences n’existaient pas encore. Comme a dit le futur pont : « Il a fallu construire le navire en pleine traversée. » On n’a jamais rattrapé ce retard.

Radio-Canada a révélé les grandes lignes du projet de la CAQ : plus de personnel dans les hôpitaux, meilleur accès aux médecins de famille, plus de soins à domicile, de meilleurs repas dans les CHSLD, et la participation du privé, mais sans que le bénéficiaire doive payer. Bref, ça va ben aller ! Ne reste plus qu’à promettre que la chemise d’hôpital ne révélera plus notre craque de fesse, et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Bien sûr, les partis de l’opposition ont déjà taillé en pièces les 50 mesures proposées pour arriver à ces fins. Pauvre ministre Dubé, l’annonce n’est pas encore faite que la brique et le fanal lui ont déjà été lancés.

Pas facile de s’atteler à cette tâche. Ça prend du temps pour faire virer un énorme paquebot, surtout quand il est au fond de l’eau.

Le problème avec la santé, ce sont les malades. S’il n’y avait pas de malades, notre réseau de la santé fonctionnerait à merveille.

Tous les efforts des gouvernements sont toujours concentrés sur le personnel, les médecins, les infirmières, les préposés, les administrateurs, alors que le bobo, ce sont les patients.

Non seulement il faut miser sur le sport, l’alimentation et la prévention, mais ça prend aussi un incitatif pour que le peuple soit motivé à rester en santé.

Quelle est la plus puissante des motivations ? Le chèque ! Le cash ! Le PM le sait bien.

Il faut donc donner de l’argent à chaque personne qui se tient loin du système hospitalier. Si on peut donner 500 $ à presque tout le monde pour combattre l’inflation, on peut bien donner 500 $ à tout le monde pour combattre l’engorgement. C’est pas les bidoux qui manquent. Le plan du ministre Dubé va coûter neuf milliards de dollars sur cinq ans. Neuf milliards ! C’est plus que 1000 piastres par tête de pipe. Et il n’y a que les malades qui en profitent. Ceux qui vont bien n’ont aucun retour sur leur investissement.

Le chèque des bien portants viendrait remédier à ça. Bien sûr, il ne faut pas oublier que c’est avec notre argent que l’État nous fait un chèque. C’est comme les cadeaux de Noël donnés par l’enfant à ses parents. C’est mignon. C’est gentil. Mais ce sont les parents qui ont payé pour les cadeaux qu’ils reçoivent. C’est facile pour le ti-cul d’être généreux. C’est pas son oseille, c’est celle de ses vieux ! Alors toutes les ristournes et les bonbons des dirigeants, c’est toujours de nous à nous. Cela dit, le procédé produit son effet, car c’est de l’argent qu’on croyait disparu.

Résumons mon plan. Le réseau de la santé, c’est comme un char de collection : moins tu t’en sers, moins ça te coûte cher. Au lieu de le réparer, il faut le remiser. En récompensant les gens qui ne s’en servent pas, on va éliminer tous les petits malaises bénins qui sont des pertes de temps et d’argent pour la structure, et qui font en sorte qu’elle est toujours sur le point de péter.

Si une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours, un chèque par an peut en faire autant.

C’est certain que même les gens en forme finissent par mourir. Donc, tôt ou tard, tout le monde est hospitalisé, mais si c’est pour expirer, c’est une bonne affaire, un décédé ne coûte plus rien. Et pour longtemps.

Après que le journaliste de Radio-Canada a divulgâché le contenu de son plan, Christian Dubé a envoyé ce tweet : « Vraisemblablement, au printemps ce ne sont pas que les érables qui coulent… mais les bons sucriers savent très bien qu’on n’embouteille pas les premières coulées. On vous réserve le bon sirop pour mardi ! » On dirait une énigme du père Fouras. Ça laisse présumer que nos oreilles de crisse n’ont pas tout entendu. Qu’il aura du nouveau à nous apprendre mardi !

Peut-être sera-t-il question du chèque pour les non-bénéficiaires ?

À votre santé !