Dans le long cri que Valérie Plante avait poussé lors de sa première élection, le 5 novembre 2017, on retrouvait l’immense fierté d’une femme qui brisait un cycle datant de plusieurs décennies.

Dans celui qu’elle a de nouveau lancé dimanche soir en montant sur la scène de l’Olympia, il y avait l’émotion de celle qui se rend compte que la confiance que lui accordent les Montréalais est bien réelle.

Cette victoire, Valérie Plante ne l’a pas volée ! On peut sans aucun doute affirmer que l’épuisante campagne qui s’achève, elle l’a portée à bout de bras.

Partie loin derrière son principal adversaire, Denis Coderre, selon les premiers sondages réalisés le printemps dernier, la mairesse de Montréal a effectué une impressionnante remontée.

Les échelons, elle les a gravis un à un, en affichant une attitude positive du début à la fin. On a senti qu’elle avait envie de faire cette campagne et qu’elle prenait un énorme plaisir à la mener.

« On peut diriger la ville de Montréal avec le sourire », a-t-elle déclaré lors de son discours.

Au cours des dernières semaines, elle a adopté un ton combattif qui, sans être mesquin, mettait en relief le manque de clarté de certaines idées de son principal adversaire.

Bien sûr, les nombreuses tuiles qui se sont abattues sur son rival ont joué en sa faveur. Une campagne électorale est faite de plein de choses, du meilleur comme du pire, du lustre comme du désastre.

Et celle qui vient de prendre fin en est un exemple éloquent.

Mais, dans les faits, Valérie Plante a mené une excellente campagne basée sur des idées qui sont en droite ligne avec le travail accompli au cours des quatre dernières années.

Il y a quatre ans, lorsque les Montréalais l’ont élue, ils avaient tout à découvrir de celle qui avait pris la tête de Projet Montréal en causant la surprise. Mais cette fois, ils savent à qui ils ont affaire. Ils connaissent ses idées, le virage qu’elle souhaite faire prendre à la métropole et sa manière de fonctionner.

Les résultats obtenus dimanche sont un geste de confiance franc et solide qui permettra à Valérie Plante et à son équipe de poursuivre le travail amorcé.

Aucun maire d’une ville importante comme Montréal ne peut vraiment imposer sa vision et faire les changements qu’il souhaite faire en un seul mandat. Valérie Plante dispose maintenant de quatre années supplémentaires pour aller plus loin.

Est-ce que cela veut dire que ce deuxième mandat se fera dans l’allégresse et la quiétude ? Je ne le crois pas.

Parmi ceux et celles qui ont voté pour elle, on retrouve, bien sûr, les militants de la première heure. Car contrairement à Denis Coderre, Valérie Plante a pu compter sur une base de fervents et de fidèles supporteurs pour mener sa campagne.

Il y a également ceux qui étaient sceptiques et critiques, et qu’elle a réussi à séduire au cours des dernières années. Ceux-là, ils sont devenus plus nombreux au cours de la dernière année. Il faut reconnaître que la mairesse a assuré une bonne gestion de la pandémie. Elle a fait beaucoup de gains depuis mars 2020.

Mais il y a aussi ceux qui n’avaient pas envie de voter pour Denis Coderre et qui ont mis leur X à côté de son nom, faute de troisième voie valable. Ceux-là continueront d’être des chiens de garde de sa gestion au cours des prochaines années.

Oui, Valérie Plante dispose d’un autre mandat pour déployer sa vision d’une ville à échelle humaine, qui se dote d’objectifs environnementaux et sociaux, mais elle devra le faire avec une voix critique sans doute plus présente.

Si Denis Coderre respecte ses déclarations récentes, il restera cette fois en poste (grâce à sa colistière Chantal Rossi qui devrait lui céder son poste de conseillère dans Montréal-Nord) et remplira son rôle de chef de l’opposition. Il n’y a pas de doute qu’il aurait plus de mordant que Lionel Perez, qui a dû s’acquitter de cette tâche au cours des quatre dernières années.

Lors de son passage jeudi dernier dans les studios de Paul Arcand, Valérie Plante a conclu son énième débat avec Denis Coderre en disant que, si elle était réélue, elle voudrait travailler sur deux choses : la proximité avec les citoyens et une plus grande consultation.

J’ai été étonné de cette franchise et de cette introspection. Espérons que ce n’étaient pas des paroles en l’air et qu’elle adoptera cette manière de faire. Cela a terriblement manqué à certaines prises de décision.

Ce désir de rapprochement ne peut qu’être bénéfique pour l’esprit d’adhésion que la mairesse doit absolument créer si elle veut mettre en place les nombreuses promesses de son ambitieux plan.

L’effet Valérie Plante

Il y a quelques mois, je me demandais dans une chronique s’il n’existait pas un « effet Valérie Plante » en découvrant de nombreuses jeunes candidates dans diverses mairies au Québec. Les résultats de dimanche ne laissent planer aucun doute là-dessus. Catherine Fournier à Longueuil, France Bélisle à Gatineau, Julie Bourdon à Granby, Évelyne Beaudin à Sherbrooke et Julie Dufour à Saguenay sont autant d’exemples inspirants de femmes qui font éclater le plafond de verre. Quant à Isabelle Lessard, jeune mairesse de 21 ans de Chapais, elle est l’une des surprises les plus inspirantes de cette campagne.

Où étaient les électeurs ?

Il faut absolument se parler du désolant taux de participation à Montréal. Au moment d’écrire ces lignes, il était d’environ 34,84 %. Je n’en reviens tout simplement pas. Je comprends que nous sortons d’une élection fédérale, que nous sommes toujours plongés dans une pandémie et que nous entrons dans l’hiver, mais avec une lutte à deux aussi chaude, cette faible mobilisation est un mystère. Il y a 10 ans, nous vivions la commission Charbonneau, avec la promesse de prendre en main l’éthique des villes. Et voilà le résultat. Depuis des mois, les sondages nous ont dit qu’une large proportion de la population était indécise. Ces personnes étaient-elles indécises ou n’avaient-elles pas l’intention d’aller voter ? Il faudrait que les sondeurs clarifient ces choses.