Comme ça, le deuxième mot commençant par F parmi les plus connus au monde veut changer de nom ? Il paraîtrait que le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, annoncerait la nouvelle désignation le 28 octobre prochain.

L’entreprise étant en pleine tourmente, attaquée par le Sénat américain et la lanceuse d’alerte Frances Haugen – qui prétend que son ex-employeur fait passer les profits avant la sécurité –, tenue responsable de la propagation des théories du complot et des fake news, instrument permettant au terrorisme et aux organisations malfaisantes de mener à bien leurs basses œuvres, beaucoup voient dans ce rebranding un écran de fumée pour faire diversion. La bonne vieille stratégie : vous en voulez à Facebook ? Ben on s’appelle pus Facebook ! Gna-gna-gna-gna-gna ! Problème réglé.

Combien d’entrepreneurs en construction, mêlés aux scandales révélés par la commission Charbonneau, ont fait le coup ? La Famille Béton inc. devenant L’Honnête Famille Béton inc. Même des multinationales ont déjà dû se résigner à changer leur marque de commerce. Le mouvement Black Lives Matter a eu raison d’Uncle Ben’s, qui se nomme dorénavant Ben’s Original, pour faire oublier la référence aux plantations de riz. Il était temps.

La compagnie Malaysia Airlines, à la suite d’une série de catastrophes aériennes, a tenté de relancer ses affaires en s’appelant désormais Malaysia Airlines Berhad. Moins convaincant.

En 1922 était lancée, en Angleterre, une marque de voitures prestigieuses, nommée SS. Mettons qu’après la Seconde Guerre mondiale, ce n’était plus très vendeur. Elle a changé son nom pour Jaguar. Bon move, comme dirait James Bond.

Dernièrement, une ville du Québec a changé sa désignation pour ne plus être liée à un produit toxique, l’amiante. Fini Asbestos, bienvenue à Val-des-Sources ! C’est si pur, une source.

OK, ce n’est peut-être pas fou, alors on remplace Facebook. Mais par quoi ? D’abord, qu’est-ce que ça veut dire, Facebook ? Un facebook, en français, c’est un trombinoscope. Un quoi ? On est encore plus mêlé en français qu’en anglais. Un trombinoscope est une liste de photographies des membres d’une organisation, d’un groupe, d’une classe. Bref, un album de finissants, un bon vieux yearbook. Ce n’était que ça, Facebook, au départ, des collègues d’université voulant se connaître, voulant se montrer.

Quel nom, alors, serait plus représentatif de ce que c’est devenu ? Catbook ? C’est vrai qu’on voit surtout des chats. Faceboom ? C’est vrai que ce sont surtout les boomers qui s’en servent, les plus jeunes préférant Snapchat, les beaucoup plus jeunes, TikTok.

Fakebook ? Au moins, ce serait clair que le contenu n’est pas vérifié et que les photos sont photoshoppées.

A contrario, on pourrait adopter une attitude soviétique. Appeler Facebook La Vérité. Comme La Pravda. Pour écarter tous les doutes. La Vérité, c’est ça qui est ça. Si on le dit, c’est que c’est vrai.

Mais il est trop tard pour y penser, parce que l’ex très soviétique président Donald Trump a déjà emprunté cette voie. Son nouveau réseau social, qu’il lancera en 2022, s’appellera : Truth Social. La Vérité sociale. Pas de farce. Plus subtil que ça, tu as les cheveux orange. Instabullshit devait être pris.

De toute façon, peu importe le nouveau nom de Facebook, on va tous continuer à appeler ça Facebook. Il y a encore des gens qui vont à la Commission des liqueurs. Surtout que ce ne serait pas le réseau social qui changerait de désignation, mais la société mère. Le Facebook qui englobe Instagram, WhatsApp et la page Facebook.

Google a changé le nom de sa société mère, en 2015, pour Alphabet. Tout le monde continue d’appeler Google Google, que ce soit pour nommer la mère ou la fille.

La motivation officielle pour la nouvelle appellation du business de Zuckerberg est le souci de refléter l’accent que Facebook entend mettre sur les métavers. C’est quoi, un métavers ? Une contraction des mots « méta » et « univers ».

C’est la réalité virtuelle. Vous mettez un casque et vous vous déplacez dans une autre dimension. Comme si vous y étiez. Sans y être. Comme dans un Zoom, mais vous pouvez voir le dos des gens. En faire le tour.

C’est l’avenir de l’internet. Donc de la vie.

Un casque sur les yeux et sur les oreilles pour entrer dans l’autre monde. Un masque sur le nez et sur la bouche pour ne pas infecter le monde qui reste. D’ici quelques années, on va tous perdre la face.

Ça pourrait être ça, le nouveau nom de Facebook : Nofacebook.