Grosse semaine pour la protection de l’environnement. Mardi, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a annoncé la création de sept projets pilotes qui vont enfin moderniser le système de consigne au Québec. 

Cela a été précédé, lundi, par le dévoilement d’une stratégie d’électrification des transports à Montréal de la part de la mairesse Valérie Plante. Ce plan, doté d’un budget de 885 millions de dollars sur trois ans, passe notamment par l’implantation d’une structure plus accessible et plus efficace qui permettra aux véhicules électriques d’être rechargés.

Comme je l’écrivais il y a quelques semaines dans une chronique portant sur l’installation de bornes de recharge dans les copropriétés, le Québec a une longueur d’avance en manière de pénétration des véhicules électriques, mais le système qui permet à ces mêmes véhicules de bien fonctionner est absolument déficient.

À ces deux mesures costaudes s’ajoute une autre annonce faite mercredi par la mairesse de Montréal et qui vise le retrait des plastiques à usage unique dans la métropole.

D’une part, on veut interdire d’ici 12 mois la distribution de tous les sacs de plastique réservés aux emplettes dans les commerces de détail, de même que dans les restaurants et les services de livraison à domicile.

D’autre part, dans 18 mois, on interdira certains contenants en plastique non recyclable et non recyclé offerts par les commerçants et les restaurateurs.

J’applaudis à tout rompre cette initiative, même si elle risque de faire grincer des dents ceux à qui incombera la tâche de trouver des solutions pour faire vivre ce règlement.

Rien ne m’enrage plus que l’utilisation inutile du plastique et le suremballage. Quand tu vois, au rayon des « mets préparés sur place », un sandwich et quelques crudités dans un contenant en plastique généreusement enveloppé de… pellicule plastique, tu te dis qu’il y a exagération. Et une insouciance évidente.

Est-ce que le plan proposé par la Ville de Montréal est révolutionnaire ? Je ne le pense pas. Mais il est résolument incontournable en 2021. Je crois que les Montréalais sont prêts pour cette nouvelle étape et qu’ils doivent la franchir.

Nous avons tous 146 sacs réutilisables et 59 sacs de la Société des alcools du Québec dans notre placard d’entrée (j’exagère à peine). Il est difficile de trouver une excuse pour ne pas avoir avec soi en tout temps ces accessoires devenus aussi indispensables que notre porte-monnaie lorsque nous sortons de la maison.

Bref, c’est une grosse semaine pour la protection de l’environnement, pour le plastique.

Mais aussi pour la politique.

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La campagne fédérale ne pouvait pas plus mal tomber pour les candidats déjà engagés dans la campagne municipale. Depuis quelques semaines, ceux-ci avaient très hâte de savoir ce que Justin Trudeau allait décider.

C’est sûr que cela va changer la stratégie des candidats municipaux. On ne veut pas sursolliciter les citoyens. On veut surtout éviter que les messages ou les annonces ratent leur cible.

Vous aurez remarqué que les deux principaux candidats à la mairie de Montréal, Valérie Plante et Denis Coderre, ont procédé à un blitz d’annonces de candidats au cours des derniers jours. On a d’ailleurs assisté à une grande opération de diversification.

Et maintenant, à quoi ressembleront les prochaines semaines ?

Comment Denis Coderre s’adaptera-t-il à ce contexte ? Chose certaine, son parti ne semble pas avoir l’intention de modérer ses ripostes aux diverses annonces de son adversaire. Peu de temps après la présentation du plan « anti-plastique » de l’administration Plante, le parti de l’opposition a publié un communiqué pour rappeler à la mairesse que « ça fait trois ans qu’Ensemble Montréal la talonne à ce sujet ».

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Denis Coderre

Il sera plus facile pour Valérie Plante de naviguer entre sa campagne et celle du fédéral. C’est elle, la mairesse de Montréal. Elle peut donc multiplier les annonces concrètes et procéder à des inaugurations afin de montrer que son parti fait bouger les choses à Montréal.

Ça sera sans doute le cas au cours des prochaines semaines. Le dévoilement de la place Tranquille, dans le Quartier des spectacles, doit avoir lieu bientôt. Je vois qu’on s’active fermement autour de l’interminable chantier du square Viger. Je ne serais pas surpris qu’il soit enfin inauguré avant les élections.

Autre signe que la mairesse a plus que jamais envie de sortir les crocs : lors de ses plus récentes annonces, j’ai remarqué qu’elle fait bon usage de déclarations qui tendent à isoler les gouvernements de Québec et d’Ottawa.

Mercredi, lors du dévoilement de son règlement sur les plastiques à usage unique, elle a déclaré « qu’il n’était pas question d’attendre les autres gouvernements » pour agir dans ce dossier.

Quelques jours plus tôt, s’exprimant sur le contrôle des armes à feu, elle a dit devant des journalistes : « Est-ce qu’il va falloir que j’aille à Ottawa pour me faire entendre ? »

La mairesse garde sans doute en mémoire la fois où, au début de la pandémie, elle a pris de court Ottawa en allant à l’aéroport Trudeau avec une équipe afin d’informer les passagers qui débarquaient à Montréal des règles à suivre.

En adoptant cette position, Valérie Plante envoie le message à Québec et à Ottawa que Montréal est un gouvernement à part entière. Et qu’elle le dirige.

C’est ambitieux. C’est risqué. Mais c’est éminemment politique.

Alors que Justin Trudeau lance une campagne électorale que peu de citoyens ont visiblement envie de vivre, il ne faudrait pas oublier qu’une autre campagne prend son envol. Et qu’elle comporte, elle aussi, son lot d’enjeux.