(Québec) Il n’y a pas que le projet de tramway à Québec. L’administration de Bruno Marchand a présenté mardi un plan pour l’aménagement de 150 km de pistes cyclables protégées aux quatre coins de la ville, inspiré du Réseau express vélo (REV) de Montréal.

La nouvelle a été saluée par plusieurs groupes écologistes et associations de cyclistes. Vélo Québec a bien accueilli « l’ambitieuse » vision de la capitale, une ville où l’auto tient encore le haut du pavé.

« L’an passé, nous avons accueilli 12 000 citoyens de plus dans la Région métropolitaine de Québec. Si on ne trouve pas des alternatives pour aider les gens à se déplacer selon ce qu’ils souhaitent, nous sommes cuits », a lancé le maire de Québec, Bruno Marchand, lors d’une conférence de presse mardi.

« C’est aujourd’hui qu’il faut agir, a ajouté le maire. Attendre plus de morts, plus de congestion, plus de problèmes, attendre qu’on soit encore plus sclérosés, ce serait manquer de courage. On ne fera pas ça. »

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE QUÉBEC

Les 14 axes du Corridor Vélo cité que veut compléter Québec d’ici 2034.

La Ville de Québec se donne 10 ans pour terminer ces 14 axes de son Corridor Vélo cité (CVC). Elle estime que 30 millions de dollars seront nécessaires pour mettre en place ce réseau. La moitié de l’enveloppe, soit 15 millions, est attendue du gouvernement provincial. Québec veut terminer 90 km du réseau d’ici 5 ans, et les 150 km d’ici 2034.

Le réseau se rendra du centre-ville jusqu’à Val-Bélair, l’aéroport ou encore l’est de Beauport. Le maire a beaucoup insisté sur l’ampleur de ce réseau cyclable inspiré du REV de Montréal.

Les opposants à son projet de tramway aimaient répéter que la première phase ne se rendait pas dans les banlieues, une manière de le discréditer. « Plus de 85 % des 35 quartiers de la ville seront desservis par les CVC », a insisté le maire, qui s’attend peut-être à un autre clivage entre centre et banlieues sur cet enjeu. La question des transports est sensible dans la capitale.

L’objectif de l’hôtel de ville est clair : offrir une option sécuritaire et efficace pour ceux qui cherchent une solution de rechange à l’auto.

Dans la capitale, 50 % des déplacements de moins de 1 km sont faits en automobile, tout comme 77 % de ceux de moins de 5 km. La Ville pense donc que de nombreux citoyens pourraient choisir de délaisser la voiture s’ils disposaient de pistes cyclables protégées.

« Quand on combine la part modale des piétons et cyclistes, on est à 12,5 %. Les meilleures villes sont à 40 %. On a du chemin à faire », a dit le maire Marchand.

« On part de rien », a-t-il ajouté, promettant de diffuser à la population les chiffres sur l’évolution de l’usage des transports actifs à Québec à mesure qu’ils seront disponibles.

Exit l’auto ?

L’administration Marchand n’était pas en mesure mardi de dire si des voies automobiles seront retranchées. La planification n’en est qu’à ses débuts. La carte présentée aux médias est encore une ébauche, et la Ville veut consulter la population pour savoir notamment dans quelles rues passera le CVC.

Plusieurs questions des journalistes ont d’ailleurs porté sur l’impact du projet sur l’espace réservé aux voitures. « Le but, ce n’est pas d’enlever des voies ni de dire qu’on n’en enlèvera pas. Le but, c’est de trouver le meilleur tracé », a dit le maire.

« Je prends la voiture, et je vais continuer de la prendre ! », a ajouté Bruno Marchand. « Si vous ne pouvez pas le faire [utiliser des transports actifs] dans votre semaine parce que votre réalité vous l’empêche, il n’y a pas d’enjeu, ce n’est pas moi qui vais vous juger. Le but, c’est de dire aux gens que quand ça adonnera dans votre horaire, vous aurez le choix et vous aurez un choix sécuritaire. »

Le maire a assuré qu’il ne s’attendait pas dans ce dossier à une nouvelle prise de bec avec le gouvernement de la Coalition avenir Québec. L’hôtel de ville compte sur les 15 millions d’une enveloppe provinciale. Mais M. Marchand ira de l’avant, que l’argent de Québec y soit ou non, a-t-il dit.

Les groupes écologistes ont réagi favorablement. Angèle Pineau-Lemieux, porte-parole d’Accès transports viables, a vu dans l’annonce un « tournant majeur » pour Québec.

« Pour nous, c’est nécessaire. Toutes les villes à travers le monde font des efforts pour la mobilité durable, si Québec ne faisait rien, ce serait incroyable », a quant à lui réagi Alexandre Turgeon, directeur du Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale.

« Quand je les entends dire ‟on ne retirera pas de voies de circulation”, je les trouve même timides », a ajouté M. Turgeon.