« La chose dont je suis le plus fière dans ma vie, c’est mon passage à l’OCPM. » Au centre d’une controverse entourant ses dépenses à l’époque où elle dirigeait l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Dominique Ollivier soutient qu’elle a toujours agi dans le « meilleur intérêt de Montréal » et se désole que sa version des faits ait été ignorée.

Lisez la lettre ouverte de Dominique Ollivier « Le tribunal de l’opinion publique »

« Quelqu’un m’aurait dit qu’un jour on remettrait [mon passage à l’OCPM] en question, j’aurais dit non, ce n’est pas possible », a déclaré d’emblée Dominique Ollivier, en entrevue dimanche avec La Presse.

Elle persiste et signe : « Je n’ai pas volé, je n’ai pas fraudé, je n’ai pas détourné d’argent. J’ai travaillé dans le cadre et j’ai respecté les normes. »

Dominique Ollivier a été vivement critiquée dans les dernières semaines pour sa gestion financière à l’époque où elle était présidente de l’OCPM. Ses frais de déplacement et de restaurant, dont un souper d’huîtres à 347 $ pour deux personnes dans un restaurant parisien, ont été révélés par les médias de Québecor.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

L’ex-présidente du comité exécutif devant la Commission sur les finances et l’administration le 17 novembre 2023.

Elle se désole que « personne n’ait jamais demandé » sa version des faits. « On m’a jugée. Justement ou injustement, ce n’est pas à moi de le dire. Mais je trouve qu’on m’a jugée sans me donner la chance de présenter ma défense », dit-elle. Elle précise avoir fait une entrevue de 45 minutes avec les journalistes de Québecor, mais que seulement « trois clips de quelques secondes » ont été conservés dans le reportage. « J’ai trouvé ça parcellaire », dit-elle.

Dans une lettre ouverte parue dimanche dans La Presse, elle dénonce que le « tribunal de l’opinion publique » se soit emballé sans avoir vérifié les informations et les sources.

« J’espère juste que les gens vont être ouverts à entendre mon point de vue », dit-elle.

Le contexte a changé

Avec du recul, elle ne regrette pas les différents voyages réalisés dans le cadre de son mandat. « Je pense que chaque voyage était nécessaire », dit-elle. Elle admet toutefois qu’elle aurait évité certains restaurants, dont le souper d’huîtres, qu’elle affirme avoir remboursé mercredi dernier. « Ça, c’est sûr que je ne l’aurais pas refait. Je regrette profondément que ça ait choqué les gens, même si je l’ai fait de bonne foi », dit-elle.

À la fin de son mandat, la fréquence des sorties au restaurant avait diminué avec l’arrivée de la pandémie, soutient-elle. « On a commencé à travailler de plus en plus en télétravail. On n’avait plus autant besoin de se voir en personne. Mais on oublie que de 2014 à 2019, ça n’existait pas, ces choses-là », dit-elle.

Elle admet toutefois que pour l’avenir, les règles et les balises entourant les dépenses de l’OCPM « doivent être modernisées ».

« Excessivement raciste et méchant »

Dominique Ollivier dénonce d’ailleurs les commentaires à son endroit de l’ancien maire de Montréal Denis Coderre. « Il a dit : on va au Mozambique pour faire des safaris et non pas pour avoir des informations sur la consultation publique. Ça, pour moi, c’est inacceptable ». Elle juge le commentaire « excessivement raciste et méchant ».

« De un, il ne connaît rien de ce qui se passe au Mozambique. Ça fait qu’à mon avis, il ne peut pas décréter des choses comme ça. Puis deuxièmement, on est allé au Mozambique pour recevoir la présidence d’une association qu’il avait lui-même demandée », dit-elle. Denis Coderre souhaitait que Montréal préside la 17e Conférence de l’Observatoire international de la démocratie participative en 2017. Le voyage au Mozambique permettait à l’OCPM de recevoir, au nom de Denis Coderre, la présidence de cette association internationale qu’il convoitait, explique Mme Ollivier.

L’ex-maire a de son côté déposé une plainte à la Commission municipale du Québec pour enquêter sur la gestion des dépenses de Dominique Ollivier pendant son mandat à l’OCPM, a rapporté TVA Nouvelles la semaine dernière.

« J’étais sans voix »

Dominique Ollivier déplore également avoir été jugée par la présidente actuelle de l’OCPM, Isabelle Beaulieu, sans preuve à l’appui.

J’étais sans voix. J’ai dirigé, pendant les sept ans que j’ai été là, une équipe excessivement dédiée qui travaillait le jour, le soir, les fins de semaine. Ils étaient toujours prêts à venir aider et s’aider les uns les autres. On avait mis en place une structure excessivement soudée.

Dominique Ollivier, ex-présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

En comparution municipale vendredi, Isabelle Beaulieu a plutôt dit avoir hérité d’une organisation mal gérée, sans cadre clair, sans code d’éthique, où les employés s’adonnaient à du « vol de temps ».

La mairesse Valérie Plante demandera ce lundi au conseil municipal de mettre en tutelle l’OCPM et de destituer Isabelle Beaulieu. Le financement de l’organisme sera également gelé jusqu’à nouvel ordre, en raison de la crise de confiance actuelle envers ses dirigeants.

Avec Isabelle Ducas et Philippe Teisceira-Lessard, La Presse