Deux victimes ayant des liens avec le Canada et tuées lors des attaques du Hamas contre Israël ont été évoquées avec émotion par leurs proches mercredi, qui ont appelé le monde à reconnaître la brutalité de ce qui s’est passé.

Tiferet Lapidot, 22 ans, a été formellement identifiée par les autorités lundi, plus d’une semaine après sa mort lors d’un festival de musique près de la frontière avec la bande de Gaza, où l’attaque du Hamas a commencé le 7 octobre. Sa famille pensait qu’elle faisait partie des personnes retenues en otage.

« Elle était comme une fille pour moi », a déclaré Harel Lapidot, son oncle. « Les funérailles ont été horribles, l’enlèvement d’une fille heureuse, qui aidait, qui aimait. »

Tiferet Lapidot était une citoyenne israélienne dont le père a des racines en Saskatchewan. Lors d’une entrevue mercredi, un parent basé à Montréal a décrit Tiferet Lapidot comme une personne charismatique et compatissante.

Oran Zlotnik a raconté que Mme Lapidot avait enseigné en Afrique et avait vécu en Australie. M. Zlotnik a ajouté qu’elle était retournée en Israël pour les vacances et qu’elle était à quelques jours de son 23e anniversaire.

Elle était en contact avec sa mère, qui a reçu un coup de téléphone vers la fin du festival pour lui dire qu’elle se cachait dans un buisson. Elle a demandé à sa mère si elle devait rejoindre les autres personnes qui essayaient de s’enfuir ou si elle devait rester ici dans le buisson et essayer de se cacher.

Oran Zlotnik à propos de Tiferet Lapidot

La ligne téléphonique s’est coupée et, plus tard, la famille a appris que le signal téléphonique avait été localisé dans la bande de Gaza.

« Nous avons dû partir du principe qu’elle était là, car si elle était là et que nous ne faisions rien, ce serait horrible », a témoigné M. Zlotnik.

M. Zlotnik a expliqué que lorsque le téléphone cellulaire de l’un des amis de Mme Lapidot, dont le décès a été confirmé, a également été localisé à Gaza, la famille a réalisé qu’il était possible qu’elle n’ait pas été prise en otage.

Pour Harel Lapidot, ce qui est arrivé à sa nièce évoque des souvenirs de l’Holocauste.

« Nous savons pertinemment qu’ils ont été chassés, a déclaré M. Lapidot. Ils se sont enfuis, ont été chassés et tués. »

Harel Lapidot, citoyen canadien, a remercié la communauté juive du Canada et les députés qui lui ont apporté leur aide et leur soutien. La famille a rencontré la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, lors de son séjour en Israël.

« Ils ne nous connaissaient pas, mais ils nous ont aidés, et je suis fier d’être Canadien et fier d’être un Canadien juif », a-t-il affirmé.

Tué en protégeant sa fiancée

PHOTO FOURNIE PAR AYELET SHACHAR EPSTEIN/LA PRESSE CANADIENNE

Netta Epstein

Netta Epstein, 21 ans, a été tué lorsque le kibboutz Kfar Aza, sa communauté située à quelques kilomètres à l’est de la bande de Gaza, a été attaqué il y a 11 jours. Il était l’aîné des trois enfants d’Ayelet Shachar-Epstein.

« Netta était une personne très facile à vivre, qui aimait la vie », a rapporté Ayelet Shachar-Epstein, qui le décrit comme un gardien de but exceptionnel qui avait fait du bénévolat dans un foyer pour enfants ayant des besoins particuliers. Il a terminé son service militaire obligatoire il y a tout juste deux mois, et a passé la majeure partie de son temps au combat, a-t-elle ajouté.

Depuis sa mort, de nombreuses personnes qu’il a rencontrées au cours de sa jeune vie ont contacté la famille pour lui rendre hommage.

C’était un homme qui aimait vivre. Il était heureux d’être en vie.

Ayelet Shachar-Epstein

Elle a appris les circonstances de sa mort grâce aux messages qu’il lui avait envoyés quelques instants avant d’être tué, et grâce à sa fiancée, Irene Shavit, qui a survécu. Ils étaient en couple depuis 18 mois et avaient l’intention de se marier.

Netta Epstein se trouvait dans une pièce sécurisée avec Mme Shavit ; il a sauté sur une grenade lancée par les assaillants.

« Elle a été témoin de cette horreur et elle a survécu », a indiqué Mme Shachar-Epstein.

M. Epstein est canadien par sa grand-mère maternelle, née à Montréal en 1948. De nombreux membres de sa famille élargie vivent encore dans la ville.

Mme Shachar-Epstein a perdu cinq membres de sa famille lors de l’attentat du 7 octobre au petit matin. Outre son fils, sa belle-mère et ses deux beaux-frères ont été tués. Un cinquième membre de la famille — un neveu — est porté disparu.

Elle vivait dans la même communauté : le kibboutz Kfar Aza. Le jour de l’attaque, son beau-père a appelé pour dire que sa femme avait succombé dans le kibboutz. Mme Shachar-Epstein explique qu’elle n’a pas réalisé le danger à ce moment-là et qu’elle s’est rendue sur place pour voir ce qui s’était passé.

« J’ai couru pour l’aider plus tard. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que ce que je faisais était vraiment très dangereux parce qu’il y avait des terroristes partout, a raconté Mme Shachar-Epstein. Je n’imaginais pas que nous la verrions morte sous son porche, abattue de sang-froid, tuée par un fusil, les restes de la balle se trouvant juste à côté d’elle. »

Lors des funérailles de Netta, mardi, Mme Shachar-Epstein a rapporté qu’elle avait lu une lettre qu’elle lui avait écrite pendant les 27 heures qu’elle avait passées dans une pièce sécurisée avec son beau-père, sachant que son fils était mort.

« C’était une sorte de journal intime, et c’est ce que j’ai lu lors de ses funérailles. »

Mme Shachar-Epstein a souligné qu’il était important que le monde entier connaisse l’ampleur de l’attaque brutale dont son pays a été victime.

« Il est très important pour moi de raconter ces histoires au monde entier afin que les gens comprennent que nous ne nous tenions pas devant eux pour tirer, mais que nous dormions dans nos lits. »