(Québec) La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) souhaite que l’école québécoise poursuive l’enseignement des notions liées à la diversité sexuelle, comme l’identité de genre ou l’expression de genre, pour que le nouveau cours de Culture et citoyenneté québécoise reflète les réalités des citoyens qui composent la société et les informe de leurs droits fondamentaux.

Le président de la CDPDJ, MPhilippe-André Tessier, a déposé jeudi à Québec le plus récent rapport annuel de l’organisme. Son mandat est de faire la promotion des droits prévus par la Charte des droits et libertés de la personne, adoptée en 1975 au Salon bleu, et de faire des recommandations au gouvernement du Québec concernant des enjeux liés à la Charte.

En décembre dernier, dans le contexte de l’implantation du programme de Culture et citoyenneté québécoise, qui remplace le cours d’Éthique et culture religieuse, la CDPDJ a écrit au ministère de l’Éducation pour l’inciter à inscrire les réalités de la diversité sexuelle – identité de genre, expression de genre, orientation sexuelle, etc. – « à l’intérieur du libellé du programme, et ce, afin de s’assurer qu’elles soient prises en compte adéquatement dans le curriculum ».

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

MPhilippe-André Tessier, président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

« Le contenu du programme devrait par conséquent y avoir recours de façon continue à travers les cycles et les niveaux », a-t-on indiqué au Ministère.

En point de presse, jeudi, MTessier a rappelé que le contenu enseigné aux enfants, qu’ils soient au primaire ou au secondaire, devait être adapté à leur âge et à leur niveau d’apprentissage. Le président de la Commission a également précisé que le cours devait s’inscrire dans un continuum de notions enseignées qui permettent entre autres aux enfants et aux adolescents de comprendre leurs droits protégés par la Charte.

Pour un débat « sain »

Or, l’enseignement des notions liées à l’identité de genre suscite des débats. La semaine dernière, des manifestations organisées à travers le pays par One Million March for Children, un groupe composé de militants musulmans conservateurs, de personnes issues de la droite religieuse et de sympathisants du « convoi de la liberté », se sont opposées à ce qu’ils appellent « l’idéologie des genres » et à leur enseignement à l’école.

Pour la CDPDJ, le débat actuel qui a mené le gouvernement Legault à annoncer la création d’un comité de « sages » d’ici décembre, piloté par la ministre de la Famille, Suzanne Roy, doit se faire avec pour objectif d’éduquer et d’informer les Québécois sur leurs droits.

« Dans le contexte de ce débat social, on comprend que c’est un sujet qui est sensible [et] qu’il peut y avoir différents questionnements, mais il est important que le débat en cours sur l’identité de genre […] se poursuive dans le respect des droits garantis par la Charte. Ça nous apparaît comme une condition sine qua non [pour avoir] un débat sain », a dit la vice-présidente de la Commission, Myrlande Pierre.

En 2016, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité la Loi visant à renforcer la lutte contre la transphobie et à améliorer notamment la situation des mineurs transgenres. Cette loi a modifié la Charte des droits et libertés de la personne afin « d’y prévoir une protection explicite contre la discrimination fondée sur l’identité de genre ». En mêlée de presse, plus tôt cette semaine, la ministre Roy a assuré que l’objectif du gouvernement « n’est pas d’enlever des droits à personne ».

Selon le président de la CDPDJ, Philippe-André Tessier, « la dérive, c’est effectivement si on en vient à nier des droits, l’existence ou la présence » des personnes trans ou non binaires dans la société.