(Toronto) Au Canada, un adolescent sur quatre a été victime de cyberintimidation, ce qui a des conséquences néfastes sur sa santé mentale, indique un nouveau rapport de Statistique Canada.

Les jeunes qui ont été victimisés en ligne courent un risque accru de dépression, d’anxiété, de symptômes de troubles de l’alimentation, de pensées suicidaires ou de tentatives de suicide, révèle l’étude publiée mercredi.

L’étude a également révélé que les jeunes transgenres et non-binaires, ainsi que les femmes attirées par d’autres femmes, courent un risque plus élevé d’être victimes de cyberintimidation.

« La victimisation ciblée spécifiquement liée à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre des adolescents est courante et peut être particulièrement préjudiciable à la santé mentale des adolescents LGBTQ », indique le rapport.

Les adolescents vivant avec des problèmes de santé chroniques, notamment l’asthme, le diabète, l’épilepsie, les troubles d’apprentissage, le trouble déficitaire de l’attention, les troubles du spectre autistique et les troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale, sont également plus susceptibles de subir de la cyberintimidation, surtout s’ils vivent dans des ménages à faible revenu.

« La gestion quotidienne requise par de nombreuses conditions, ainsi que les limitations d’activités chez certains jeunes, peuvent, par exemple, distinguer les jeunes de leurs pairs et leur conférer un désavantage social », mentionne l’étude.

Celle-ci a évalué les réponses de 13 602 adolescents âgés de 12 à 17 ans, ainsi que de leurs parents, dans le cadre de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019.

L’étude a révélé que 24,6 % des adolescents avaient été cybervictimisés au moins une fois au cours de l’année précédant leur participation à l’étude.

Le taux de cyberintimidation pourrait être encore plus élevé, a prévenu Hayley Hamilton, scientifique principale au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto.

Mme Hamilton et ses collègues ont mené une enquête auprès des jeunes de l’Ontario de la 7e à la 12e année en 2021 : celle-ci a révélé que 30 % des adolescents ont déclaré avoir été victimes de cyberintimidation au cours de la dernière année.

Il s’agit d’une augmentation par rapport à environ 22 % les années précédentes, a relevé la scientifique, soulignant que la pandémie de COVID-19 était un facteur probable, car les enfants et les adolescents passaient beaucoup plus de temps en ligne qu’auparavant.

« L’une des choses qu’il est important de retenir, c’est que nous trouvons également des associations entre la fréquence d’utilisation des médias sociaux et la cyberintimidation », a mentionné Mme Hamilton.

Des données à mettre à jour

De nouvelles études avec des données plus récentes sont nécessaires pour déterminer si la cyberintimidation s’est maintenue au même niveau ou a augmenté depuis 2021, ou si elle a diminué avec la levée des restrictions liées à la pandémie, a-t-elle avancé.

« Cela pourrait aller dans les deux sens. Il s’agit de savoir si les gens conservent ou non les habitudes qu’ils avaient pendant la pandémie », a indiqué Mme Hamilton, soulignant que les jeunes ont également souffert d’une détresse psychologique, d’une anxiété et d’une dépression accrues pendant la pandémie.

L’un des problèmes de la cyberintimidation par rapport à l’intimidation en personne à l’école est que « le public est bien plus grand et plus large », a déclaré Mme Hamilton.

Il est difficile d’échapper à la cyberintimidation. Vous savez, vous pouvez sortir d’une école et ne voir cette personne que le lendemain si c’est face à face, a-t-elle rappelé. Mais en cas de cyberintimidation, vous avez votre téléphone et il vous suit partout.

Hayley Hamilton, scientifique principale au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto.

Mme Hamilton a déclaré que les résultats de l’étude soulignent l’importance pour les parents d’être conscients de ce que font leurs enfants en ligne et d’avoir des discussions ouvertes sur les activités et les expériences en ligne.

Faible représentation de certains groupes

Bien que Statistique Canada considère son enquête généralement représentative des enfants et des jeunes partout au pays, le fait est qu’elle n’a pas atteint les adolescents des Premières Nations vivant dans des réserves ou les jeunes vivant dans des foyers d’accueil ou des institutions, a indiqué Mila Kingsbury, une analyste de l’agence qui a co-écrit le rapport.

Cela est dû au fait que les participants ont été recrutés parmi le bassin de personnes recevant l’Allocation canadienne pour enfants, qui couvre la majorité des familles avec enfants, a-t-elle expliqué.

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