Se plaignant du manque de pression d’eau à leur domicile, des citoyens de Beauharnois, en Montérégie, demandent que la municipalité règle le problème avant de lever son moratoire sur les nouvelles constructions dans leur secteur.

Locataire d’un appartement situé au deuxième étage d’un immeuble du secteur Melocheville, Marjolaine Grenier doit composer avec une pression d’eau souvent insuffisante dans la douche. « Des fois, le matin, je ne sais pas si je dois me laver la tête ou non : est-ce que l’eau va arrêter, est-ce que je vais rester avec mon savon ? » Quant au bain, elle doit le faire couler une demi-heure d’avance, dit-elle.

Son secteur fait l’objet d’un moratoire sur les nouvelles constructions résidentielles depuis le printemps 2022, mais la Ville souhaite y mettre un terme. Un avis de motion et un projet de règlement, pour l’instant suspendus, figuraient à l’ordre du jour de la dernière séance du conseil, le 4 juillet.

Alain Savard, conseiller du district 5, qui comprend la moitié de Melochville, est le seul élu à s’être opposé à la levée du moratoire. Avant de permettre de nouveaux bâtiments, la Ville doit raccorder le secteur à ses deux puits supplémentaires déjà construits, plaide-t-il. « Ça fait des années que ça traîne en longueur, je suis rendu accoté, il faut que ça se règle ! », a commenté M. Sirois au téléphone.

Le comité citoyen dont fait partie Mme Grenier dit avoir recueilli plus de 400 signatures d’appui à ce scénario.

« On est pour que ça se développe », assure Mme Grenier, en citant un article récent de La Presse sur les nouvelles constructions industrielles et commerciales qui aideront Beauharnois à financer ses infrastructures. « La Ville va mettre plus d’argent sur les infrastructures et nous, on considère que notre infrastructure est prioritaire. »

Lisez « Beauharnois accueille le plus grand bâtiment industriel “spéculatif” au Québec »

La municipalité de quelque 14 400 habitants a prévu une rencontre d’information à l’hôtel de ville, le mardi 18 juillet en soirée.

« La pression d’eau n’a pas rapport avec le moratoire », a affirmé le maire Alain Dubuc en entrevue téléphonique mardi. « Le système de tuyauterie dans le sous-sol est tellement magané, tellement vieux qu’il ne supporte pas la pression. Ce n’est pas 1200 mètres cubes d’eau de plus qu’on va apporter des nouveaux puits qui vont changer quoi que ce soit. »

Le village de Melocheville a fusionné à la ville de Beauharnois en 2002.

En 2021, Melocheville a manqué d’eau « parce qu’il y avait plein de fuites dans le réseau, ça coulait de partout » et que des canalisations ont éclaté au gel, rappelle le maire.

Le moratoire, qui « est parti de ça », a permis aux élus d’avoir une meilleure « connaissance du dossier » et d’être « rassurés » par les réponses obtenues, dit M. Dubuc.

« Je veux que les citoyens posent les mêmes questions qu’on a pu se poser comme élus. »

Le raccordement aux deux puits « c’est la priorité numéro un du conseil » et ce serait déjà chose faite si les appels d’offres de la Ville n’était pas restés sans soumissionnaires, assure le maire. « On va changer notre méthode pour quelqu’un soumissionne », mais il pourrait s’écouler un an avant que les travaux soient complétés, estime-t-il.

Par contre, régler les problèmes de pression dans Melocheville prendra « beaucoup d’investissements, beaucoup de millions et beaucoup de temps. Il faut changer les tuyaux sous la terre, mettre un filtre à l’usine de filtration qui coûte des millions [et] un plus gros réservoir – ce sont les trois premières étapes à faire ».

Ces travaux seront prévus « dans les prochains budgets, mais c’est pas des affaires qui se font dans un an ».

Voyez les détails de la séance d’information de la Ville de Beauharnois