La pluie attendue doit aider dans les prochains jours les pompiers qui combattent les incendies de forêt historiques qui dévastent le Québec, mais la SOPFEU prévient que la tâche reste « colossale », que les effectifs sont limités et que les incendies feront rage encore pendant plusieurs semaines.

« C’est un record. Ça ne se compare à aucune autre saison », a lancé mardi Julie Coupal, directrice générale adjointe de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), lors d’une conférence de presse pour faire le point sur les incendies.

L’organisme responsable de la lutte contre les incendies de forêt au Québec répertoriait mardi 1,32 million d’hectares brûlés cette saison en zone dite intensive, soit la forêt exploitée commercialement.

C’est au-delà du record de 1923 (1,23 million d’hectares), selon des chiffres compilés par Victor Danneyrolles, professeur d’écologie forestière de l’Université du Québec à Chicoutimi. Il est impossible de savoir si des superficies plus importantes ont été dévastées avant cette année-là, car c’est la première avec des données fiables.

« Dans ma carrière de 26 ans, je n’ai jamais vu autant d’hectares qui brûlent », a confirmé Mme Coupal mardi.

Sans surprise, ces incendies record ont un impact sur les émissions de carbone. L’Agence France-Presse (AFP) rapporte que les incendies de forêt au Canada ont mené depuis mai à des émissions de 160 mégatonnes de carbone.

Il s’agit des « émissions annuelles totales estimées les plus élevées pour le Canada », selon la base de données du Service de surveillance de l’atmosphère de l’observatoire européen Copernicus (CAMS), qui remonte à 2003. Le précédent record « était d’environ 140 Mt en 2014 », toujours selon Copernicus.

Ces 160 mégatonnes de carbone représentent l’équivalent d’environ 590 millions de tonnes de CO2, soit 88 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre du Canada en 2021, indique l’AFP.

La pluie, mais…

Les autorités avaient des nouvelles « relativement bonnes » mardi. « La pluie tant attendue a graduellement fait son entrée dès lundi après-midi, notamment sur l’Abitibi. C’est positif. Ça fait du bien au moral », a dit Katia Petit, sous-ministre associée à la Sécurité civile.

Le combat des feux est facilité par la pluie, mais n’allez pas penser que la pluie éteint les feux.

Katia Petit, sous-ministre associée à la Sécurité civile

Il reste 4400 évacués au Québec. « Il est trop tôt » pour savoir quand la majorité de ces milliers de Québécois pourront retrouver leur maison, note la Sécurité civile.

La route 113 devra être sécurisée avant de penser réintégrer Lebel-sur-Quévillon. Le maire Guy Lafrenière priait pour la pluie mardi. « Ça nous prend beaucoup de pluie aujourd’hui. Ils annoncent 20 mm, on en a besoin. Ça les prend absolument », a-t-il dit lors d’un point de presse.

La municipalité toujours évacuée doit faire le point mardi soir avec la Sécurité civile et la SOPFEU pour discuter d’un éventuel retour des résidants.

Enjeux d’effectifs

La pluie permettra à la SOPFEU d’intensifier les combats dans des secteurs où c’était impossible. « Mais les incendies sont gros et la tâche est colossale », avertit Mme Coupal.

La SOPFEU se retrouve avec des enjeux d’effectifs. Il y a eu jusqu’à 1500 pompiers sur le terrain la semaine dernière, il y en avait un peu moins de 1300 mardi.

Les pompiers portugais et espagnols s’apprêtent à rentrer chez eux, puisque la saison des incendies commence. Des renforts sud-coréens sont attendus au Québec le 2 juillet.

La SOPFEU a demandé un renouvellement de l’aide des Forces armées canadiennes. Mais actuellement, plusieurs demandes à l’étranger restent sans réponse positive.

Le Québec compte sur l’aide étrangère pour la simple et bonne raison que la SOPFEU manque de pompiers capables d’encadrer les effectifs sur le terrain.

Quand on fait appel à des ressources extérieures […], ils viennent avec des ressources d’encadrement. On espère avoir des réponses favorables au cours des prochaines heures ou des prochains jours.

Julie Coupal, directrice générale adjointe de la SOPFEU

« La charge de travail va être là pour plusieurs semaines encore, même si on espère qu’elle sera moindre dans certains secteurs », affirme Julie Coupal.

La Sécurité civile note par ailleurs que la qualité de l’air « s’est beaucoup améliorée dans le sud de la province ». « Dans le Nord, il y a encore des secteurs où il y a des particules fines dans l’air, précise Katia Petit. Les consignes de santé publique demeurent. Dans le Sud, on voit déjà une nette amélioration de la situation. »

Avec l’Agence France-Presse