Le service de nuit de la ligne d’écoute LGBTQ+ Interligne pourra continuer de fonctionner pour quelque temps, grâce à des dons totalisant 98 000 $. Le service menaçait de fermer le 31 mars. Selon le directeur de l’organisme, il ne s’agit toutefois que d’un « sursis », et ce coup de pouce ne remplacera pas une bonification du financement récurrent.

Le 31 mars n’a finalement pas marqué la dernière nuit du service nocturne d’Interligne, ligne d’écoute destinée aux personnes LGBTQ+ et à leur entourage.

Ce service disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, rejoint la population bilingue du Québec et francophone du Canada. En moyenne, 35 000 demandes d’aide sont faites à cette ligne d’écoute par année, dont le tiers des appels se font la nuit.

Une vaste collecte de fonds lancée pour sauver ce service a permis de recevoir 98 000 $, a annoncé vendredi soir son directeur général, Pascal Vaillancourt. Cette somme permettra d’offrir un « sursis » au service, s’est-il réjoui en entrevue.

Cette collecte de fonds ne règle toutefois pas le problème de la récurrence du financement de l’organisme communautaire. En 2022-2023, l’organisme a reçu 362 534 $, selon les informations du ministère de la Santé et des Services sociaux transmises à La Presse plus tôt cette semaine.

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Pascal Vaillancourt, directeur de l’organisme Interligne

M. Vaillancourt estime avoir besoin de 300 000 $ de plus pour pouvoir mener sa mission à bien. Le sous-financement chronique de l’organisation remonterait, selon lui, à la discrimination et au contexte défavorable aux communautés LGBTQ+ lors de la fondation de l’organisme dans les années 1980.

Des discussions ont été entamées avec la ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron, a souligné M. Vaillancourt en entrevue. Aucune entente n’a toutefois été officialisée.

Du côté des services sociaux, le cabinet du ministre Lionel Carmant a avisé M. Vaillancourt que la demande d’Interligne était analysée de façon prioritaire.

Une communauté mobilisée

Interligne a lancé à la fin de l’automne une campagne de médiatisation et de collecte de fonds pour faire valoir sa position.

« Jamais on n’aurait pensé que la mobilisation de la communauté et du milieu corporatif aurait pu nous aider à prolonger notre ligne d’écoute de nuit, a souligné M. Vaillancourt dans un communiqué diffusé vendredi soir. Ça nous permet de gagner du temps, de continuer à sauver des vies pendant que l’on continue la discussion avec le gouvernement du Québec », a-t-il ajouté.

L’un des trois intervenants travaillant la nuit à Interligne devra toutefois quitter son poste, a indiqué M. Vaillancourt à La Presse. « On va maintenir un service minimum, pour durer en attendant des réponses du gouvernement », a-t-il expliqué.

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