La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) ouvre une enquête pour déterminer comment une adolescente a pu former un couple avec une éducatrice spécialisée d’une école de l’est de Montréal au vu et au su de leur entourage sans que la situation soit rapportée à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

Le déclenchement de ce processus fait suite à la reconnaissance de culpabilité enregistrée par l’éducatrice en question, Véronie Campeau, 41 ans, le 8 mars dernier, au palais de justice de Montréal1.

Elle faisait alors face à des chefs d’accusation de contact sexuel sur une mineure de moins de 16 ans, d’incitation à des contacts sexuels et d’exploitation sexuelle.

« L’enquête vise à vérifier si les faits allégués sont véridiques et si les droits de l’adolescente ont été respectés. Elle a aussi pour but de s’assurer que des mesures soient prises afin qu’une telle situation ne se reproduise pas », précise la CDPDJ par voie de communiqué.

Des lésions de droits ?

La CDPDJ ajoute avoir « des raisons de croire à des lésions de droits » de l’adolescente puisque des adultes informés de la situation, dont une enseignante, n’auraient pas rempli leur devoir d’alerter la DPJ. « La Commission rappelle que la protection des enfants est l’affaire de tous et toutes au Québec », indique-t-on.

Le déroulement de l’enquête ne sera pas public, précise la CDPDJ en ajoutant qu’elle pourrait rendre publiques les recommandations « systémiques » qui en découlent. Quant aux conclusions ou recommandations concernant la situation de l’adolescente, elles ne seront pas rendues publiques, tout comme tout dossier individuel d’un enfant.

Rappelons que la CDPDJ est responsable d’assurer le respect et la promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec tout comme la protection de l’intérêt de l’enfant, le respect et la promotion des droits qui lui sont reconnus par la Loi sur la protection de la jeunesse.

« C’était connu »

Au lendemain de la reconnaissance de culpabilité de Véronie Campeau, la députée libérale Marwah Rizqy avait demandé la tenue d’une enquête administrative2 pour faire la lumière sur les raisons pour lesquelles l’adolescente avait pu se confier à une enseignante au sujet de cette relation sans qu’il y ait de suivi.

« C’était connu. Ça ne s’est pas fait à la dérobade », avait résumé l’avocat de Véronie Campeau, MGary Martin, en mêlée de presse, la semaine dernière.

Des documents judiciaires révélaient en effet que de nombreuses personnes, dont la famille de la victime, savaient que l’éducatrice spécialisée avait des contacts sexuels avec l’adolescente.

« Tous ont baissé les yeux pour différentes raisons », indique un rapport policier. Fait très troublant : la DPJ a même confié la garde de l’adolescente à Véronie Campeau, qui se faisait alors passer pour une « amie de la famille », selon un autre document judiciaire.

1 Lisez l’article : «  Élève exploitée sexuellement : “tous ont baissé les yeux” » 2 Lisez l’article : «  Élève exploitée sexuellement : une enquête indépendante réclamée »