(Québec) Le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Gilles Courteau, n’a « certainement pas dit toute la vérité » lors de son passage en commission parlementaire la semaine dernière à Québec, estime Québec solidaire, qui réclame son départ immédiat.

« Ce n’est clairement plus l’homme de la situation. Dans une cour de justice, ce qu’il a fait, ça s’appelle un parjure », a lancé le député Vincent Marissal. Selon le député de Québec solidaire, M. Courteau « n’a certainement pas dit toute la vérité » devant les parlementaires. « Je pense qu’il a essayé de camoufler des trucs, il a essayé de jouer sur les mots », a-t-il ajouté en entrevue.

La Presse révélait mardi que M. Courteau a reconnu dans un témoignage sous serment en 2021 avoir constaté depuis 45 ans des « problèmes » liés au bizutage dans son organisation. C’est une version qui diffère du témoignage qu’il a livré en commission parlementaire où il a été autrement plus circonspect.

Lisez Des « problèmes » depuis 45 ans, a reconnu Courteau en 2021

Il a aussi assuré en commission, alors qu’il était aussi sous serment, qu’« aucun cas rapporté » auprès de la ligue n’était « similaire » aux actes violents décrits dans une récente décision du juge Paul Perell, de la Cour supérieure de l’Ontario. Or, les procédures judiciaires montrent qu’un joueur de la LHJMQ, Stephen Quirk, aurait été victime d’abus sexuels lors de son passage dans la ligue entre 1995 et 1998.

En mêlée de presse, M. Courteau a ajouté qu’il n’y avait aucune « connotation sexuelle dans ce qui est énoncé dans son affidavit [celui de Quirk] ». Le témoignage de Quirk, qui a joué à Moncton et à Halifax, montre le contraire, comme l’a soulevé le chroniqueur Martin Leclerc de Radio-Canada, lundi matin.

« Je ne suis pas juge dans la vie, mais je constate que [M. Courteau] n’a pas collaboré pleinement à la commission. […] Je pense qu’il se rendrait service et qu’il rendrait service à la ligue en levant les patins », soutient Vincent Marissal. Le député de Rosemont a réitéré lundi sa demande de prolongation du mandat de la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale.

Il nous a démontré qu’il est plus important pour lui apparemment de protéger l’organisation que de protéger les joueurs et ça, on ne veut pas ça.

Vincent Marissal, porte-parole en matière de Sports

La demande de prolongation a été refusée une première fois par la Coalition avenir Québec, jeudi dernier, avant la publication de ces nouvelles révélations. La ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, n’était pas disponible mardi pour commenter la situation.

Le commissaire Gilles Courteau doit tirer sa révérence de la LHJMQ en 2024. L’organisation a fait savoir mardi que M. Courteau ne souhaitait pas commenter les informations révélées par La Presse.

Courteau doit être convoqué à nouveau, selon le PLQ

Le député libéral et ex-hockeyeur, Enrico Ciccone, demande à ce que M. Courteau soit à nouveau convoqué devant les membres de la commission parlementaire. « C’est sûr qu’il faudrait qu’il revienne », a souligné le député de Marquette qui estime que ces nouvelles informations « laissent un doute ».

« Ce qui me choque dans tout ça et j’avais averti les collègues, c’est qu’il faut absolument s’assurer [de briser] cette perception que les commissions, ça ne sert à rien […] on parle de nos enfants, il faut aller jusqu’au bout. Il faut que ça dure pour la durée du mandat », a-t-il soutenu.

M. Ciccone avait demandé la semaine dernière à ce que les groupes qui ont défilé devant les parlementaires- la LHJMQ, Hockey Québec, la Ligue canadienne de hockey et le Regroupement Loisir et Sport du Québec (RLSQ)- soient entendus annuellement. Il voulait aussi élargir l’invitation à d’autres fédérations sportives.

Le Parti québécois s’est aussi dit ouvert à la prolongation du mandat de la commission parlementaire. « S’il faut convoquer à nouveau M. Courteau, on est ouvert », a assuré le député Pascal Bérubé.

« Ce sont de nouveaux éléments, il m’apparaît que les questions étaient suffisamment claires et précises [la semaine dernière] et sur serment, il aurait pu nous révéler ces informations-là et ça aurait pu changer la dynamique des échanges », a fait valoir M. Bérubé.

De son côté, le député Vincent Marissal n’est pas beaucoup d’intérêt à entendre à nouveau M. Courteau.

« Je ne suis pas sûr que je veux revoir M. Courteau. Je suis plutôt prêt à revoir les gens qui vont mettre en place la suite […] je pense qu’on en sait assez maintenant pour passer à l’étape suivante, qui sont les solutions et la mise à niveau des protocoles [de dépôt de plaintes] qui ne sont vraiment pas adéquats », a-t-il dit.

La commission parlementaire sur les initiations violentes dans le sport est l’initiative des députés face au scandale qui bouleverse le milieu du hockey.

C’est d’ailleurs le député de Rosemont qui est à l’origine de ce mandat d’initiative en commission parlementaire à la suite de la mise au jour par Radio-Canada de la décision du juge Perrel qui fait état de cas d’agressions sexuelles, de violence physique et psychologique ou de séquestration, entre autres, dans la Ligue canadienne de hockey, entité qui regroupe les trois principaux circuits juniors du pays.

Avec Simon-Olivier Lorange et Ariane Lacoursière, La Presse