Un employé de la santé qui travaillait au centre de vaccination du Stade olympique pendant la pandémie a empoché 150 000 $ en vendant des centaines de passeports vaccinaux frauduleux. Un crime « choquant », a insisté le procureur de la Couronne.

« Dans un contexte de vaccination massive pour limiter l’impact de la COVID-19, un individu à qui on a donné notre confiance a décidé de se faire de l’argent en mettant en péril la sécurité des Québécois. C’est choquant. Je vais le soulever substantiellement lors de la peine », a affirmé le procureur de la Couronne MFrançois Boillat-Madfouny, en mêlée de presse.

Adams Diwa, résidant de Terrebonne âgé de 24 ans, a plaidé coupable jeudi matin au palais de justice de Montréal à des chefs d’abus de confiance par un fonctionnaire et de fabrication de faux documents. Il s’était fait pincer par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en novembre 2023.

Le jeune fonctionnaire corrompu n’est pas le premier à faire face à la justice pour un stratagème de faux passeports vaccinaux. Cependant, son cas semble être l’un des plus graves en raison des sommes obtenues et du nombre de faux documents produits.

C’était de l’argent très facile et leur sécurité était tellement médiocre, c’est comme s’ils te disaient : fais-le !

L’accusé, Adams Diwa, en entrevue avec La Presse en janvier 2022

Adams Diwa travaillait comme agent administratif au centre de vaccination du Stade olympique à l’automne 2021. Il relevait du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Le jeune fonctionnaire avait comme seule tâche de saisir des données vaccinales dans le Registre de vaccination.

Un stratagème facile et lucratif

Entre septembre et novembre 2021, Adams Diwa a inscrit près de 1250 faux vaccins dans le Registre de vaccination du Québec au bénéfice de 630 personnes. Un ou des complices lui trouvaient des citoyens souhaitant obtenir un passeport vaccinal sans se faire vacciner.

« La plupart du temps, c’était par le bouche-à-oreille. Tu connais un ami, qui connaît un ami, qui connaît un ami, et l’argent va voyager. Ça va être payé cash », expliquait-il à La Presse en 2022.

Adams Diwa utilisait son propre code d’utilisateur pour inscrire la très grande majorité des faux vaccins. Les personnes qui le payaient n’avaient même pas besoin de se déplacer dans un centre de vaccination.

Je faisais ça très clean. Je créais un vrai rendez-vous dans le système, comme si la personne avait pris son rendez-vous. Une date pour la première dose, et 28 jours plus tard la deuxième dose. Je devais inscrire le type de vaccin et l’endroit où ils s’étaient fait vacciner.

L’accusé, Adams Diwa, en entrevue avec La Presse en janvier 2022

En plus d’être facile, le stratagème du fonctionnaire était lucratif. En seulement deux mois, il a empoché 150 000 $, selon les faits admis en cour. Les policiers ont trouvé 100 000 $ dans un compte bancaire, 30 000 $ en argent comptant chez lui et le restant en biens.

Rappelons qu’en 2021 et en 2022, un citoyen devait avoir reçu deux doses de vaccin pour obtenir son passeport vaccinal et accéder à certains lieux. Cette obligation avait suscité l’indignation d’une poignée d’opposants à la vaccination.

Le dossier sera de retour en août prochain en vue des observations sur la peine. Le procureur de la Couronne n’a pas souhaité ouvrir son jeu quant à la peine qu’il pourrait réclamer. Cependant, il a souligné que le contexte sanitaire constituait le facteur aggravant « principal ».

« On parle d’un registre étatique dont le gouvernement se sert pour protéger la population dans un contexte sanitaire jamais vu. Il y a de l’argent impliqué et des complices », a fait valoir MBoillat-Madfouny en mêlée de presse.

MLaurence Ledoux défend l’accusé.