(Québec) Traverser une « période de bouleversements »
En acceptant le poste de co-porte-parole féminine par intérim, Christine Labrie s’exclut d’office de la prochaine course, ce qui ouvre la voie à la députée de Mercier, Ruba Ghazal, qui avait terminé deuxième lors du second tour de l’élection au co-porte-parolat, en novembre dernier.
« Le souhait qu’on a comme organisation, c’est de remplacer Émilise par une nouvelle co-porte-parole assez rapidement. On est dans une période de bouleversements qui est très importante, qui est même cruciale pour la suite des choses », a affirmé Mme Labrie, jeudi.
La nouvelle co-porte-parole par intérim a spécifié qu’elle se reconnaissait pleinement dans les priorités établies mercredi par le chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois. Ce dernier a affirmé que le parti devait moderniser ses statuts et son programme pour devenir plus « pragmatique » et projeter l’image d’un gouvernement en attente.
Pour moi, le pragmatisme, c’est d’être capable de faire des choix et de comprendre qu’on ne peut pas tout faire en même temps.
Christine Labrie, nouvelle co-porte-parole par intérim de Québec solidaire
Mercredi, M. Nadeau-Dubois a également affirmé que les responsabilités des deux co-porte-parole devaient être revues afin de mieux définir leur rôle. Les membres de QS pourront débattre de ses priorités lors du prochain Conseil national du parti à Saguenay, plus tard ce mois-ci. Une refonte des statuts doit également avoir lieu à l’automne, mais elle sera menée après l’élection de la nouvelle co-porte-parole.
Pragmatique, comme François Legault ?
En affirmant mercredi que son parti doit devenir plus « pragmatique » et « choisir [ses] combats », Gabriel Nadeau-Dubois a lancé tout un débat sémantique : qu’est-ce que le pragmatisme, cette étiquette dont se réclament une majorité de politiciens, à commencer par le premier ministre caquiste François Legault ?
Une personne « pragmatique » est « orientée vers l’action pratique » et présente une attitude « qui s’adapte à toute situation », selon la définition du Larousse. Des synonymes ? « Positif, pratique, réaliste et utilitaire ». Le contraire : « utopique ».
Jeudi, les membres du caucus de Québec solidaire qui ont accepté de répondre à des questions, toujours ébranlés par le départ précipité de leur ancienne collègue, Mme Lessard-Therrien, avaient tous des définitions à proposer pour ce mot qui doit guider la refonte du programme du parti.
« C’est des mots, et les mots seuls, ça ne vaut même pas l’encre avec laquelle on les écrit. Il faut mettre de la substance là-dessus », a lancé le député de Rosemont, Vincent Marissal, seul membre du caucus qui avait appuyé l’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue dans sa course.
« Gabriel a lancé quelque chose hier [mercredi]. Il faut savoir ce que c’est exactement. Moi, je l’ai appris hier. […] Je pense que c’est à [lui] d’expliquer la position. Il n’y a pas juste moi et mes collègues du caucus qui attendent. Il y a les membres, les militants et la population en général qui attendent l’explication de ça », a ajouté M. Marissal.
Une question « philosophique »
Pour le député de Saint-Henri–Sainte-Anne à Montréal, Guillaume Cliche-Rivard, le pragmatisme, « ça veut dire plein de choses ».
« Pour moi, personnellement, un pragmatique, ça veut dire de prendre des décisions qui sont fondées sur les faits, puis qui nous permettent d’aller de l’avant. […] Pragmatique, ça peut vouloir dire ce que ça veut dire pour qui ça veut dire. Mais honnêtement, rentrer dans un débat de philo sur ce que ça veut dire, le pragmatisme, [ce] matin… », a-t-il dit.
Malheureusement pour lui, son collègue Sol Zanetti, philosophe de formation, n’était pas présent au point de presse pour alimenter sa réflexion. Ce dernier n’a toujours pas réagi devant la presse parlementaire à la démission-choc d’Émilise Lessard-Therrien.
Andrés Fontecilla, qui a déjà occupé le poste de co-porte-parole de QS, est « tout à fait d’accord » avec Gabriel Nadeau-Dubois que le parti doit s’adapter pour réussir à faire des gains.
« On ne veut pas être dans l’opposition éternellement », a-t-il dit, une position que soutient Guillaume Cliche-Rivard. « Je n’ai pas quitté ma pratique du droit au quotidien pour rester dans l’opposition », a-t-il dit.
« J’entends les débats. Ce que je trouve sain, c’est important. Si on n’a pas de débats, puis si on n’a plus de débats, on n’est pas Québec solidaire », a-t-il résumé.