Le cardinal Marc Ouellet a présenté sa démission en tant que préfet du Dicastère pour les évêques, qui a été acceptée par le pape François.

Ce qu’il faut savoir

  • Le cardinal a remis sa démission à titre de préfet. La raison officielle de son départ est « pour cause d’atteinte de la limite d’âge ».
  • Le cardinal Marc Ouellet avait été nommé préfet du Dicastère pour les évêques en juin 2010 par Benoît XVI.
  • Il a dépassé de trois ans l’âge normal de la retraite.
  • Le cardinal a fait face à une allégation d’inconduite sexuelle découlant de son mandat d’archevêque de Québec.
  • Le Vatican a classé cette affaire l’an dernier, sans motifs suffisants.
  • Le cardinal Ouellet a ensuite poursuivi son accusatrice au civil.
  • De nouvelles allégations d’inconduite sexuelle ont fait surface il y a une semaine.

Le cardinal Ouellet était l’un des rares préfets du Vatican que François avait conservés pendant des années du pontificat du pape Benoît XVI, dans un signe clair de confiance.

À 78 ans, Marc Ouellet a dépassé de trois ans l’âge normal de la retraite des évêques, et auprès des observateurs du Vatican, son départ avait été évoqué dès 2019 et faisait l’objet de rumeurs depuis des mois. Le pape François a approuvé ce départ « pour cause d’atteinte de la limite d’âge », a indiqué le Saint-Siège lundi dans un communiqué.

Marc Ouellet a récemment été impliqué dans des allégations d’inconduite découlant de son mandat d’archevêque de Québec, ce qu’il a fermement démenti. Après que le Vatican a classé l’affaire contre lui l’année dernière sans motifs suffisants, le cardinal a poursuivi son accusatrice devant un tribunal civil pour diffamation. Ni celle-ci ni son avocat, Alain Arsenault, ne commenteront le remplacement de Mgr  Ouellet, a indiqué le cabinet Arsenault Dufresne Wee.

Il y a une semaine, le cardinal Ouellet a nié les allégations d’inconduite sexuelle qui ont été formulées contre lui par une deuxième femme qui l’accusait d’avoir commis des gestes répréhensibles à son endroit.

« Impossible d’établir un lien »

« De par son indifférence aux demandes des victimes, son départ du Vatican ne me fait pas pleurer, seul son retour au Québec mériterait une larme », a déclaré Carlo Tarini, ex-directeur du Comité des victimes de prêtres. De son côté, le théologien indépendant Jean-Guy Nadeau estime que le remplacement de Marc Ouellet pourrait être positif pour ses accusatrices. « Même s’il ne quitte pas son poste à cause des accusations, il reste qu’il ne l’occupera plus », dit M. Nadeau, qui a publié en 2021 le livre Une profonde blessure sur les victimes de prêtres.

« Il est impossible d’établir un lien entre les allégations et le remplacement de Marc Ouellet », explique Gilles Routhier, théologien à l’Université Laval. « Il part après un délai normal suivant son 75anniversaire. » Selon M. Routhier, Mgr  Ouellet avait de bonnes relations avec le pape François.

Thomas Reese, un jésuite de l’Université de Santa Clara, en Californie, pense de son côté que Mgr  Ouellet aurait mieux paru si l’annonce avait été faite dans un ou deux mois.

Personnellement, je pense que le pape François aurait dû le remplacer il y a dix ans.

Thomas Reese, jésuite de l’Université de Santa Clara

« Les évêques qui ont été nommés aux États-Unis et au Canada depuis n’ont pas assez défendu François », ajoute le père Reese.

Remplaçant

Son remplaçant a déjà été nommé par le Vatican. Il s’agit de Robert Francis Prevost, 67 ans. L’évêque américain a été chef des Augustins de 2001 à 2013, établi à Rome. Il a également été chef de la province de Chicago de l’ordre et en 2014, il a été nommé administrateur apostolique, puis évêque de Chiclayo, dans le nord du Pérou, dans une région où les Augustins de Chicago sont depuis longtemps présents.

Tout comme le cardinal Ouellet, il dirigera également la Commission pontificale du Vatican pour l’Amérique latine.

Marc Ouellet est originaire du village de La Motte, près d’Amos, en Abitibi-Témiscamingue. Il est détenteur d’un baccalauréat en pédagogie de l’Université Laval et d’une licence en théologie de l’Université de Montréal. Il a été ordonné prêtre pour le diocèse d’Amos en 1968 et a longtemps œuvré en Colombie.

Il a été nommé archevêque de Québec en novembre 2002.

À compter du 12 avril, date où sa démission entrera en vigueur, l’homme d’Église « assurera le suivi et l’implantation des travaux menés l’année dernière à Rome dans le cadre du symposium international portant sur le sacerdoce », un mandat qui lui tient particulièrement à cœur, a fait savoir le principal intéressé dans un communiqué diffusé en milieu d’après-midi, lundi. Le symposium a été organisé par le Centre de recherche et d’anthropologie des vocations, fondé par Mgr  Ouellet.

« Ces nouvelles fonctions m’amèneront à la rencontre de ceux faisant de notre Église une force vive, partout dans le monde », a ajouté le cardinal Ouellet.

Avec La Presse Canadienne

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