(Ottawa) La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’a pas expliqué la raison pour laquelle le gouvernement du Cameroun affirme n’avoir jamais demandé l’aide du Canada pour mener des pourparlers de paix visant à mettre fin à l’escalade du conflit dans ce pays.

Mme Joly a cependant dit mardi qu’Ottawa voulait toujours négocier un accord.

« Les processus de paix sont toujours compliqués, sont toujours longs aussi, alors notre objectif est de faire en sorte de jouer un rôle positif et d’appeler les parties à la table de négociation », a indiqué la ministre en marge d’une retraite du cabinet fédéral, à Hamilton.

Elle a rappelé que plusieurs civils souffrent de la crise qui dure depuis 40 ans.

« Je crois qu’on doit prendre une grande respiration – un grand respire, comme on dit en québécois », a-t-elle ajouté.

Ottawa a annoncé vendredi dernier qu’il organisait des pourparlers avec le gouvernement du Cameroun et différents groupes, qui se sont retrouvés dans un conflit qui s’est violemment aggravé ces dernières années. Le bureau de Mme Joly dit que trois réunions ont déjà eu lieu en Ontario et au Québec.

« Nous avons été approchés par le gouvernement camerounais, et nous avions également un représentant de l’ONU présent lors de la médiation », a ajouté Mme Joly mardi.

Pourtant, le gouvernement camerounais a indiqué lundi n’avoir mandaté « aucun médiateur externe ».

René Sadi, ministre camerounais de la Communication, a écrit dans un communiqué de presse que le Cameroun « n’a confié à aucun pays ou entité extérieurs, un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur pour régler la crise ».

Le Haut-commissariat du Cameroun à Ottawa n’a pas répondu à une demande d’entrevue.

Des années de combats et de conflits ont déplacé près de 800 000 personnes dans le pays, dans un conflit concernant la manière dont la région occidentale largement anglophone du pays largement francophone devrait être gouvernée.

Les puissances coloniales ont découpé les frontières de l’Afrique du centre-ouest, délimitant le Nigeria et le Cameroun et rejetant les demandes locales de former un État indépendant, connu sous le nom d’Ambazonie.

Le conflit a tué plus de 6000 personnes depuis 2017 et laissé 600 000 enfants sans accès complet à l’éducation.

Selon les Nations Unies, les combats se sont poursuivis entre les forces de sécurité de l’État et les groupes armés, entraînant des meurtres et des déplacements de civils, notamment des attaques contre des écoles et des enfants.

La Suisse a tenté une médiation pour mettre fin à ce qu’on appelle la crise anglophone en 2019, mais Mme Joly a dit que ces efforts avaient échoué.

Elle a déclaré qu’Ottawa restait déterminé à aider le pays à conclure un accord de paix.

« Notre seul intérêt est de nous assurer que les parties sont à la table », a-t-elle affirmé.

Un porte-parole de Mme Joly a précisé qu’Ottawa était en contact mardi avec des responsables du gouvernement camerounais.

Le Cameroun est dirigé par le président Paul Biya depuis 40 ans, et Human Rights Watch affirme que son gouvernement a limité la liberté d’expression et d’association des partis d’opposition.

Les groupes d’aide ont dénoncé les atrocités commises par le gouvernement et les forces de l’opposition.