L’après-coup de la tempête qui a balayé le Québec le 23 décembre se fait toujours sentir au Québec. Des milliers de Québécois sont toujours dans le noir, et des dizaines se remettent d’une intoxication au monoxyde de carbone.

Cinq jours après la tempête qui a plongé des milliers de Québécois dans le noir pour Noël, Hydro-Québec s’affaire toujours à rebrancher plus de 9 000 clients à travers la province. Certains clients pourraient encore attendre jusqu’à jeudi.

« Il y a du progrès, parce que 95 % de la clientèle touchée par les pannes de courant en lien avec la tempête a retrouvé le service », explique Lynn St-Laurent, responsable des relations avec les médias chez Hydro-Québec. « Cela dit, le 5 % qui reste est aussi très important. »

Mercredi matin, plus de 19 000 clients d’Hydro-Québec étaient toujours sans électricité. En fin de soirée, ce nombre est passé à environ 9400. « On fait tout notre possible pour arriver à rétablir le service dans les heures à venir. Dans certains cas, ça pourrait aller à demain, a détaillé Mme St-Laurent en milieu de journée. C’est difficile à établir avec une grande précision, parce qu’il faut aller sur place pour évaluer les réparations à faire. »

Des réparations qui touchent quelques clients à la fois

La société d’État a partagé dans les derniers jours sa « stratégie de rétablissement », qu’elle utilise pour prioriser les réparations les plus urgentes. D’abord, il y a les endroits qui posent une menace imminente pour la sécurité publique, comme les hôpitaux, par exemple. Pour ce qui est des clients résidentiels et commerciaux, Hydro-Québec priorise d’abord les réparations qui vont bénéficier au plus grand nombre d’usagers.

Selon cette logique, mercredi, les réparations en cours touchent de plus petits nombres de foyers à la fois dans des zones plus éloignées. « ​​On a des équipes qui se rendent sur le lieu du bris en raquettes, illustre Mme St-Laurent. Ce sont des opérations qui sont plus longues et quand la réparation est faite, ce n’est pas par milliers qu’on peut compter [le nombre de clients rebranchés]. »

Selon les plus récentes données disponibles, 40 % des pannes toujours en cours représentent de 1 à 5 clients d’Hydro-Québec à la fois, 22 % touchent de 6 à 10 clients, 20 %, de 11 à 20 clients, 12 %, de 21 à 50 clients et 5 %, 51 clients et plus.

Pour une cinquième journée consécutive, de nombreux vols sont aussi toujours retardés ou annulés à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal.

Des dizaines d’intoxications au monoxyde de carbone

« Le Centre antipoison du Québec recense 65 cas d’intoxication au monoxyde de carbone suspectés au cours de la dernière semaine alors que normalement la moyenne de cas suspectés se situe autour de 15 cas en une semaine », a indiqué à La Presse Mélanie Otis, des relations médias du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Dans cette région particulièrement touchée par les pannes de courant, 26 cas d’intoxication au monoxyde de carbone ont été déclarés à la direction de la santé publique, ajoute Mme Otis. Sur la Côte-Nord, autre région affectée par les bris électriques, 18 cas d’intoxication au monoxyde de carbone font l’objet d’une investigation, et sept autres dans la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

Deux personnes sont par ailleurs décédées, l’une dans la région de Québec et l’autre en Mauricie.

La majorité des intoxications sont dues à des génératrices qui ont été placées à l’intérieur des bâtiments, comme dans un sous-sol ou un garage. « Ces génératrices produisent énormément de monoxyde de carbone », explique le DDominique Buteau, médecin-chef du service de médecine hyperbare de l’Hôtel-Dieu de Lévis. Des foyers au propane, au charbon, ou des barbecues ont aussi été utilisés à l’intérieur.

« Souvent, les gens vont penser que d’entrouvrir la porte du garage ou d’ouvrir la fenêtre du sous-sol sera suffisant pour faire s’échapper le monoxyde, mais c’est faux, ajoute le médecin. C’est un gaz traître. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le “tueur silencieux”. Il est inodore et incolore, donc on peut s’intoxiquer rapidement sans s’en rendre compte. »

Dans la nuit du 24 au 25 décembre, le service de médecine hyperbare a répondu à une « avalanche d’appels » venant des urgences de différentes régions concernant des patients intoxiqués. Quatre d’entre eux ont été traités en médecine hyperbare, à Lévis.

Les symptômes d’une intoxication au monoxyde de carbone sont variés : maux de tête, étourdissements, sentiment de faiblesse, perte de conscience, etc. Une intoxication sévère peut mener à la mort. Et même une intoxication légère peut laisser des séquelles, rappelle aussi le DButeau, comme des pertes de mémoire, des difficultés d’attention ou des troubles d’équilibre.

Des parcs nationaux fermés

La Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) a annoncé le 24 décembre la fermeture de deux de ses parcs nationaux, soit celui de la Jacques-Cartier, situé près de Québec, et celui des Monts-Valin, au Saguenay. Leur réouverture est prévue le 30 décembre, indique Simon Boivin, responsable des relations avec les médias pour la SEPAQ. Au parc national de la Jacques-Cartier, « les sentiers ne sont pas praticables en raison des arbres renversés et des branches cassées », précise-t-il.

D’importants dommages ont aussi été rapportés dans le parc national du Bic, situé près de Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent. « La majorité des sentiers sont inaccessibles en raison du gel ou d’entraves importantes causées par les nombreux arbres renversés par le vent », souligne M. Boivin.

Mercredi, le parc national de la Pointe-Taillon, sur les rives du lac Saint-Jean, manque toujours d’électricité, mais demeure accessible au public.

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  • 1200
    Nombre de travailleurs déployés depuis la tempête pour réparer les pannes de courant
    Lynn St-Laurent, responsable des relations avec les médias chez Hydro-Québec