Dans les Laurentides, près de 1300 clients étaient toujours privés d’électricité mardi soir. La Presse est allée à leur rencontre.

Le soleil venait de se coucher lorsque Francine Juillet et Kevin Parker, assis à côté de leur foyer, terminaient leur cinquième journée sans électricité. « On a hâte que l’électricité revienne, mais il y a pire que ça. On n’est pas en détresse », lance Mme Juillet. À leurs côtés, leur chat se réchauffait en se baladant près du foyer crépitant doucement.

Depuis cinq jours, le couple s’éclaire grâce à la génératrice, chauffe sa maison avec le foyer au bois, achète des gallons d’eau dans le village le plus près et prend sa douche chez des amis. « Ce sont juste des petits inconvénients dans notre vie de tous les jours, mais ce n’est pas si mal. On n’est pas à plaindre du tout, on n’est pas mourants », s’exclame M. Parker.

En bordure du lac Lees, dans la MRC d’Argenteuil, dans les Laurentides, 18 foyers sont privés d’électricité depuis le 23 décembre. D’une maison à l’autre, le moral est bon. La clé du succès : l’entraide. « On s’assure que tout le monde va bien. On se contacte régulièrement », dit Mme Juillet.

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Kevin Parker et Francine Juillet

Le couple a pris sous son aile sa voisine de 79 ans. Chaque matin, M. Parker remplit la génératrice de la dame avec 20 litres d’essence, ce qui lui permet d’avoir suffisamment d’électricité pour huit heures. « Des fois, elle me demande de venir en remettre vers 16 h pour qu’elle puisse écouter ses émissions de télé », dit-il en souriant.

L’absence d’électricité n’a pas empêché la famille de passer « un super beau Noël », souligne Mme Juillet. « Toute la famille est venue, parce que personne n’avait d’électricité. On était dix à dormir ici », dit-elle. Leurs deux filles et tous leurs petits-enfants étaient au rendez-vous. « On a glissé et on a fait de la motoneige », dit la femme, le sourire aux lèvres.

Un Noël intime

Dans la maison voisine, Louise Michaud et Jean-Marie Neas s’apprêtaient à terminer la préparation du souper. « Mon mari a 81 ans et il travaille très fort. On a deux génératrices et le poêle à bois. Il va souvent chercher du bois dans la cave », dit Mme Michaud.

Elle s’interrompt brièvement pour vérifier la cuisson de sa tourtière, puis reprend. « On est chanceux par rapport à d’autres, comme ceux qui habitent dans des logements et qui ne peuvent pas avoir de génératrice. »

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Louise Michaud et Jean-Marie Neas

Le couple s’attend à devoir passer encore quelques jours sans électricité. Mais il n’est pas inquiet. « On a beaucoup de nourriture, on a deux congélateurs, on a Netflix pour écouter des films et on se dit qu’au moins on a une auto si on veut sortir », dit-elle.

La panne d’électricité les a toutefois obligés à passer un Noël tranquille, sans leur famille. « Seulement les deux ensemble », dit Mme Michaud, ajoutant qu’ils allaient manger de la dinde plus tard.

« J’étais enclavé »

À une quinzaine de kilomètres de là, Marco, qui réside en bordure du lac des Pins, est aussi privé d’électricité depuis le 23 décembre. L’homme n’a pas le temps de s’ennuyer. « J’ai une génératrice, mais ce n’est pas suffisant pour chauffer la maison, donc j’utilise deux foyers », dit-il. Il se lève trois fois par nuit pour y mettre du bois.

Il utilise la génératrice pour alimenter son congélateur, son frigo et avoir un peu de lumière. « J’ai du gibier. Je ne veux pas tout perdre ! », s’exclame-t-il.

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Sparks, le chien de Marco, se promène autour de la génératrice.

Chose certaine, son temps des Fêtes est bien différent des dernières années. « J’étais censé recevoir toute ma famille, mais personne n’est venu », dit-il. La seule route qui permet de se rendre à sa demeure était complètement bloquée par des arbres déracinés pendant la tempête. « J’étais enclavé. Ils viennent de les enlever », dit-il.

Son souper de Noël est remis au jour de l’An, s’il retrouve l’électricité à temps. Mais il ne sait toujours pas quand le courant sera rétabli. « [Hydro-Québec] n’a pas donné de date encore », dit-il. Il demeure toutefois optimiste. « Je suis bien, je suis capable de cuisiner, je prends de l’eau chez mes voisins et je suis au chaud. »