(Ottawa) Le froid qui a commencé à s’installer n’a pas ralenti la cadence des passages des demandeurs d’asile au chemin Roxham. En novembre, les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont intercepté 3731 personnes, soit un peu moins qu’en octobre (3901 personnes).

Durant les 11 premiers mois de l’année, les autorités fédérales ont ainsi arrêté un nombre record de 34 478 demandeurs d’asile qui ont franchi la frontière canado-américaine d’une manière irrégulière, selon les dernières données publiées sur le site du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Si la tendance se maintient, on pourrait friser les 40 000 demandeurs d’asile qui ont choisi de franchir la frontière en passant par le chemin Roxham.

Depuis le début de l’année, on assiste aussi à une hausse du nombre de personnes qui réclament l’asile après avoir débarqué de l’avion à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau. En effet, les autorités fédérales indiquent que près 10 200 personnes ont fait une telle demande à cet aéroport entre janvier et novembre.

Résultat : près de 50 000 personnes auront vraisemblablement présenté une demande d’asile après être arrivées au Québec par un point d’entrée terrestre ou aérien, selon les données du gouvernement fédéral.

Ces données ont été publiées 24 heures après que le premier ministre du Québec, François Legault, a soulevé cet épineux dossier durant une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau à Montréal.

Au terme de cette rencontre, M. Legault a dit souhaiter qu’Ottawa accélère le traitement du dossier des migrants qui passent par le chemin Roxham et qui ne sont pas des réfugiés politiques. « On pourrait les retourner chez eux », a-t-il déclaré en conférence de presse.

M. Legault a aussi indiqué qu’il aimerait qu’une partie de ces demandeurs d’asile soit « transférée vers d’autres provinces ». Il a aussi fait valoir à M. Trudeau qu’il fallait « arrêter l’entrée massive d’immigrants » par le chemin Roxham. À l’heure actuelle, il peut s’écouler deux ans avant que l’évaluation du dossier d’un demandeur d’asile ne soit terminée à Ottawa, selon le premier ministre Legault.

« J’aimerais mieux qu’on vise deux mois que deux ans », a-t-il déclaré, déplorant toutefois ne pas avoir obtenu de « cible » précise de la part de Justin Trudeau mardi matin.

« On a quand même un bon pourcentage de ces personnes qui arrivent par Roxham qui ne sont pas vraiment des réfugiés politiques au sens de la loi : leur vie n’est pas en danger dans leur pays », a affirmé le premier ministre Legault en point de presse.

« Les personnes qui ne sont pas des réfugiés politiques, on pourrait les retourner chez eux. Ça enlèverait de la pression sur les services et la francisation.

François Legault dit néanmoins avoir senti « une ouverture » du premier ministre fédéral pour qu’une partie de ces arrivants soient « transférés dans d’autres provinces ».

« Il y a une certaine urgence d’agir », a ajouté M. Legault, qui a rappelé le « défi » d’offrir des services en matière de santé, d’éducation, mais aussi de logement aux 36 000 personnes qui sont passées par le chemin Roxham cette année.

Dans un compte rendu de la rencontre transmis en après-midi, le bureau du premier ministre Trudeau a écrit « que le gouvernement du Canada continuer[ait] à appuyer le Québec » dans la gestion de « l’arrivée des demandeurs d’asile irréguliers qui entrent par le chemin Roxham ».

Avec Marie-Ève Morasse, La Presse