Le premier ministre François Legault souhaite qu’Ottawa accélère le traitement du dossier des migrants qui passent par le chemin Roxham et qui ne sont pas des réfugiés politiques. « On pourrait les retourner chez eux », a-t-il déclaré mardi matin en marge d’une rencontre avec Justin Trudeau.

François Legault aimerait en outre qu’une partie de ces demandeurs d’asile soit « transférée vers d’autres provinces ».

Le premier ministre s’exprimait en point de presse à l’issue d’une rencontre avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, tenue mardi matin dans un café du Vieux-Montréal. L’immigration irrégulière a notamment été à l’ordre du jour : M. Legault a fait valoir à M. Trudeau qu’il fallait « arrêter l’entrée massive d’immigrants » par le chemin Roxham.

Actuellement, deux ans peuvent s’écouler avant que l’évaluation du dossier d’un demandeur d’asile ne soit terminée à Ottawa, affirme le premier ministre Legault.

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Le premier ministre du Québec, François Legault, en point de presse à la sortie de sa rencontre avec Justin Trudeau

« J’aimerais mieux qu’on vise deux mois que deux ans », a-t-il déclaré, déplorant toutefois ne pas avoir obtenu de « cible » précise de la part de Justin Trudeau mardi matin.

« On a quand même un bon pourcentage de ces personnes qui arrivent par Roxham qui ne sont pas vraiment des réfugiés politiques au sens de la loi : leur vie n’est pas en danger dans leur pays », a affirmé le premier ministre Legault en point de presse.

Les personnes qui ne sont pas des réfugiés politiques, on pourrait les retourner chez eux. Ça enlèverait de la pression sur les services et la francisation.

François Legault, premier ministre du Québec

François Legault dit néanmoins avoir senti « une ouverture » du premier ministre fédéral pour qu’une partie de ces arrivants soient « transférés dans d’autres provinces ».

« Il y a une certaine urgence d’agir », a ajouté M. Legault, qui a rappelé le « défi » d’offrir des services en matière de santé, d’éducation, mais aussi de logement aux 36 000 personnes qui sont passées par le chemin Roxham cette année.

Dans un compte rendu de la rencontre transmis en après-midi, le bureau du premier ministre Trudeau a écrit « que le gouvernement du Canada continuer[ait] à appuyer le Québec » dans la gestion de « l’arrivée des demandeurs d’asile irréguliers qui entrent par le chemin Roxham ».

Protection du français

Au cours de leur rencontre devant un café, les deux premiers ministres ont aussi discuté de protection de la langue française. Justin Trudeau se serait dit « préoccupé par l’état du français ».

« Je lui ai rappelé que, selon le dernier recensement de Statistique Canada, on est tombé en bas de 50 % de francophones, donc on a 48 % maintenant des gens qui habitent à Montréal qui utilisent comme principale langue à la maison le français », a expliqué M. Legault, ajoutant que les autres indicateurs sur l’état du français étaient également inquiétants.

Arrêter « l’entrée massive » d’immigrants par ce chemin est aussi une question de protection du français, a expliqué le premier ministre Legault.

Le bureau du premier ministre Justin Trudeau observe que les deux dirigeants ont réitéré leur engagement « à collaborer activement pour augmenter l’immigration francophone temporaire et permanente au Québec et dans l’ensemble du Canada ainsi que leur volonté conjointe de protéger le français au Québec ».

Sur la question des transferts en santé, le premier ministre du Québec s’est dit « plus confiant » sur la possibilité que Justin Trudeau tienne une réunion sur les soins de santé avec les premiers ministres, mais aussi d’en arriver à une entente pour que le fédéral augmente le financement des soins de santé.

J’ai senti une volonté d’avancer sur ce dossier-là.

François Legault, premier ministre du Québec

La question de l’inflation a aussi été abordée, et les deux premiers ministres ont convenu qu’ils hausseront les financements prévus pour les projets de la ligne bleue de Montréal, du tramway de Québec et de la construction de la voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic.

« On s’est entendus pour que les dépassements de coûts soient assumés par les deux gouvernements dans la même proportion qui était convenue », a précisé François Legault.