(Paris) Paris se souvenait dimanche des attentats survenus dans la ville le soir du 13 novembre 2015. Maire de Québec, ville qui a elle aussi connu de tristes évènements ces dernières années, Bruno Marchand s’est rendu à la cérémonie de commémoration pour exercer son « devoir de mémoire ».

Chaque année depuis sept ans, le 13 novembre est jour de deuil pour les Parisiens. Ce soir-là, Paris subissait les plus graves attentats connus en France. Les attaques en série revendiquées par le groupe armé État islamique, qui visaient le Bataclan, le Stade de France et des terrasses parisiennes, ont fait 131 morts et 350 blessés.

Sous le signe de la « sobriété », de la « dignité » et du « recueillement », des cérémonies étaient une fois de plus organisées dimanche à divers endroits symboliques de la ville.

Présent dans la capitale française à l’occasion de sa première mission à l’étranger, le maire de Québec, Bruno Marchand, assistait à la commémoration au Bataclan. Dans cette salle de spectacle du boulevard Voltaire, au cœur de Paris, 91 personnes ont péri sous les balles des tireurs.

PHOTO ÉMILIE PELLETIER, LE SOLEIL

Devant le Bataclan, le maire de Québec, Bruno Marchand (à droite), a pris part à la minute de silence observée à la mémoire des victimes.

Sans comparer les attaques vécues à Paris et celles survenues en 2017 à la grande mosquée de Québec et en 2020 dans le Vieux-Québec, le maire invoque un « devoir de mémoire » à l’endroit des victimes.

Quand je me suis rendu près de la plaque devant le Bataclan, j’ai vu, je présume, deux parents venir toucher au nom de leur fils. Je voyais, dans les yeux de certains parents, cette même recherche de sens qu’on voit à Québec, à travers des vies arrachées. Ça n’a pas de sens, ce n’est pas prévu ainsi, ça ne devrait pas être ainsi. C’est inacceptable.

Bruno Marchand, maire de Québec

Invité par la maire de Paris, Anne Hidalgo, par l’entremise de la délégation générale du Québec à Paris, M. Marchand a pris part à la minute de silence observée à la mémoire des personnes tuées, en compagnie d’autres dignitaires.

Familles et citoyens étaient nombreux pour se souvenir de cette soirée de terreur. Les noms des 91 victimes, inscrites sur une plaque commémorative, ont résonné et des gerbes de fleurs ont été déposées devant le Bataclan, dans un moment empreint d’émotions.

Le tout, dans un large périmètre sécurisé et bouclé sous haute surveillance policière. Une fouille canine des effets personnels des journalistes était même nécessaire pour y accéder.

Souvenirs de partout

Sur les réseaux sociaux, des gens de partout se sont aussi mobilisés pour dénoncer une nouvelle fois de tels actes de « barbarie islamiste ».

Dans les jours qui ont suivi les attentats, près de 7000 messages, dessins et objets venus de partout dans le monde avaient été déposés sur les lieux des attentats dans un élan de solidarité.

« Sans rien céder à l’oubli, en multipliant les témoignages de solidarité auprès des victimes, les Parisiens sont parvenus à refaire place à la vie et au quotidien dans ces quartiers si durement éprouvés. Cette capacité collective à se relever est un signal d’espoir pour la société », a écrit dernièrement la Ville de Paris sur son site web. Depuis le drame, la face du Bataclan a d’ailleurs changé.

Et celle de la ville se transformera aussi. En 2025, 10 ans après la soirée meurtrière, un « lieu de recueillement » à la mémoire des victimes du 13 novembre 2015 doit voir le jour. Le jardin mémoriel, une « oasis de calme et d’apaisement », sera créé à la place Saint-Gervais.

Le procès, qui s’était ouvert au palais de justice de Paris en septembre 2021, est quant à lui terminé. Salah Abdeslam, principal accusé et seul membre encore en vie des commandos, a écopé de la peine maximale, ont rapporté plusieurs médias à l’été 2022.

Une « quiétude » inspirante autour des écoles

PHOTO ÉMILIE PELLETIER, LE SOLEIL

Rue de Paris laissant la place aux cyclistes et aux piétons

La transformation des rues autour des écoles à Paris allume le maire de Québec, Bruno Marchand. Tellement qu’il souhaite que cette « quiétude » et cette « sécurité » s’implantent aussi dans sa ville. Sa rencontre avec David Belliard, adjoint à la maire de Paris responsable de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie, a semé en lui une graine de réflexion. Sous la maire Anne Hidalgo, Paris s’est donné pour objectif de transformer 300 rues en espaces piétons et en aires de jeu pour enfants, à proximité des écoles. Jusqu’ici, 200 rues se sont métamorphosées. Devant l’initiative parisienne, M. Marchand ouvre la porte à des projets pilotes. « À mon retour, on va prendre le temps d’analyser. Il y a vraiment là quelque chose dont on peut s’inspirer. » Sans limiter la place de l’automobile, le maire de Québec parle d’une façon de « recréer un partage » des espaces, en rendant la mobilité active, comme la marche et le vélo, plus « attractive et sécuritaire ».