(Ottawa) Pierre Poilievre a contourné lundi une question des libéraux posée dans l’enceinte de la Chambre des communes l’invitant explicitement à condamner « les partisans de la suprématie blanche, de l’anarchie et de la misogynie ». C’est « de la petite politique », rétorque-t-on dans le camp du chef conservateur.

« Je désavoue sans équivoque le gars qui a passé la première moitié de sa vie adulte en tant que raciste pratiquant, se déguisant en Black face », a plutôt répondu M. Poilievre en évoquant le premier ministre Justin Trudeau.

Ses députés l’ont alors applaudi à tout rompre et criaient si fort que ses propos étaient inaudibles. Il a poursuivi en affirmant faussement que M. Trudeau a « accepté le soutien du Hamas ».

Les libéraux soulignent à grands traits depuis quelques jours que le symbole du groupe anti-gouvernement et d’extrême droite Diagolon est dessiné sur la porte d’une roulotte que M. Poilievre a visitée en allant encourager des manifestants contre la tarification du carbone qui ont installé un campement en bordure d’une autoroute à la frontière du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.

Dans une autre vidéo de la visite de cette manifestation aux allures de « Convoi de la liberté » où se côtoient des drapeaux du Canada et de « F*** Trudeau », le chef conservateur affirme au sujet du premier ministre que « tout ce qu’il dit est de la bullshit, du début à la fin ». Il annonce également une « grande révolte fiscale canadienne ».

Les libéraux notent aussi que M. Poilievre ne désavoue pas l’appui qu’il a reçu au début du mois du complotiste américain notoire Alex Jones qui nie un massacre perpétré dans une école américaine et que M. Trudeau qualifie d’« ordure ».

C’est le leader du gouvernement à la Chambre, Steven MacKinnon, qui a repris le flambeau lundi, cette fois aux Communes. « Le chef de l’opposition dispose désormais de 30 secondes pour s’adresser à cette Chambre et aux Canadiens une fois que je m’assieds. Je lui demande de désavouer clairement les opinions de ces personnes dangereuses. Est-ce qu’il fera ça ? », a-t-il envoyé.

Et face au commentaire que M. Poilievre venait de lui servir, M. MacKinnon a affirmé que cela démontre le « vrai visage » du chef conservateur.

« Il parle sans conviction et sans clarté sur une question qui devrait être très, très, très simple pour lui, a-t-il déclaré sous les cris de conservateurs. Son silence en dit long. Ce n’est pas du leadership. C’est de la lâcheté politique. »

« De la petite politique »

Peu de temps après la période des questions, le leader adjoint des conservateurs à la Chambre, Luc Berthold, s’est fait demander en mêlée de presse s’il est gêné que son chef ne condamne pas les partisans de la suprématie blanche et les anarchistes.

« Aujourd’hui, on a vu les libéraux tenter de changer le sujet. On est devant une situation extrêmement grave actuellement, ce qui se passe en Colombie-Britannique », a-t-il commencé à répondre avant d’être interrompu pour clarifier le lien entre la question bien précise sur la suprématie blanche.

« Ben justement, il n’y en a pas, a renchéri M. Berthold. Et ma réponse c’est qu’aujourd’hui je me concentre particulièrement sur la situation très grave qui se déroule présentement, sur le fait que le gouvernement devrait se concentrer plutôt à sauver des vies plutôt qu’à faire de la petite politique comme il l’a fait aujourd’hui à la Chambre des communes. »

Selon l’explication du cabinet du chef conservateur, M. Poilievre a décidé de faire un « bref arrêt impromptu » en remarquant sur son chemin une manifestation contre la tarification du carbone lors d’un trajet entre deux évènements dans les Maritimes.

Quant à l’appui d’Alex Jones, sa porte-parole Marion Ringuette a indiqué que « contrairement à Justin Trudeau », les conservateurs ne suivent ni n’écoutent cet « individu », mais qu’ils s’efforcent à l’inverse de gagner l’appui des Canadiens.