Le retour des festivals annonce un renforcement des besoins en sécurité à Montréal. À l’occasion du Festival de jazz, nous avons suivi le service d’ordre du SPVM, qui fait face au défi de maintenir l’ordre pendant que des milliers de spectateurs convergent vers le centre-ville pour fêter.

Le 42e Festival international de jazz de Montréal s’est ouvert jeudi à 21 h 30 avec un concert-évènement de Tash Sultana. Mais à quelques rues du grand rassemblement au cœur du quartier des spectacles, la soirée a commencé beaucoup plus tôt pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Dans son quartier général de la rue Saint-Urbain, l’organisation a réuni ses troupes à 17 h afin de lancer le dispositif de sécurité.

Les différents agents ont été répartis à proximité des six scènes, selon un plan établi à l’avance par les officiers. « Chaque poste a un rôle spécifique », nous explique l’inspecteur Simon Durocher, qui supervise le service d’ordre pendant le festival. Les officiers sont chargés de constituer et coordonner les équipes sur place. Les agents effectuent des patrouilles deux par deux ou en groupe de quatre dans un secteur donné. Quant aux cadets, ils assurent la circulation sur les traverses de piétons.

Une part d’imprévu

La quantité d’effectifs varie en fonction du lieu, du moment et du type de spectacle, qui détermine l’affluence attendue. Mais une part d’imprévu subsiste, indique l’inspecteur Durocher. Il cite le grand spectacle de la fête nationale sur la place des Festivals, où le nombre de spectateurs est passé de 400 à plusieurs milliers en quelques heures avec la fin des intempéries.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Réunis au quartier général du SPVM, les agents sont répartis dans différents secteurs afin d’assurer la sécurité de l’ensemble du centre-ville de Montréal.

Le service d’ordre est également remanié à la lumière des années précédentes. À la fin de chaque évènement, deux agents sont chargés de rédiger un rapport de rétroaction qui permettra d’ajuster l’offre de services en fonction des incidents observés.

« Le service d’ordre n’est plus le même qu’il y a 10 ans, et ne sera pas le même dans 10 ans », souligne l’inspecteur Durocher, qui se réjouit des progrès effectués par le SPVM pour assurer la sécurité des festivals.

Une vigilance constante

Malgré l’ambiance familiale et détendue qui règne sur la place des Festivals, les agents du SPVM, reconnaissables à leur gilet jaune fluo, doivent rester en alerte au moindre incident suspect. « C’est un évènement qui se déroule sur la voie publique », insiste Simon Durocher.

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L’inspecteur Simon Durocher (à droite) supervise le service d’ordre du SPVM dans le Quartier des spectacles de Montréal. Sur la photo, les membres du SPVM, patrouillent dans la rue Sainte-Catherine, jeudi dernier.

Les incidents les plus fréquents ? Des conflits entre spectateurs, souvent amplifiés par la présence d’alcool sur le site. Et des colis suspects, ce qui déclenche notamment l’intervention des membres de la Section antiterrorisme et mesures d’urgence (SAMU).

Lorsqu’une patrouille constate un évènement suspect, celle-ci en avise l’inspecteur ou son sergent. Il est cependant très rare qu’un incident conduise à une intervention policière en tant que telle. « La présence est le premier niveau d’emploi de la force », déclare l’inspecteur Durocher, rappelant l’aspect dissuasif du déploiement des agents.

« Souvent, il y a des soirées à 20 000 ou 25 000 personnes où il ne se passe rien », abonde le sergent Daniel Tétreault, dont le dernier souvenir d’un évènement violent en festival remonte à plusieurs années en arrière. Il insiste toutefois sur l’importance de « rester en support », soulignant qu’il suffit parfois d’une « étincelle » pour que la situation dégénère.

Un travail collectif

Le SPVM travaille en étroite collaboration avec les organisateurs de l’évènement. « On n’est pas le promoteur, mais on est le promoteur de la sécurité », explique Simon Durocher. Dans le cas du Festival de jazz, des agents de sécurité et de fouille ont été recrutés et affectés à des postes fixes à proximité des différentes scènes.

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Policiers déployés sur la place des Festivals, jeudi

Les organisateurs du festival ont également la responsabilité de maintenir un corridor de sécurité permettant aux agents du SPVM d’intervenir en cas de problème médical chez les spectateurs.

Simon Durocher signale la nécessité d’une « saine gestion des effectifs », afin que la police puisse répondre à l’ensemble de ses missions habituelles, y compris les soirs de festivals. « Des évènements festifs, il va y en avoir toute l’année », rappelle l’inspecteur, estimant que « le service d’ordre ne doit pas avoir d’impact sur les services donnés aux citoyens dans les différents postes de quartier ».

En festival comme dans ses missions quotidiennes, l’objectif du SPVM reste selon lui identique : assurer aux citoyens de Montréal « l’expérience la plus agréable et sécuritaire possible ».