Le problème: le vol de vélos en ville. Chaque année, seulement à Montréal, plus de 20 000 vélos seraient volés. La solution: à Paris, les autorités ont installé des casiers payants sécurisés pour que les cyclistes mettent leur bécane à l’abri des voleurs.

Ils sont apparus sans crier gare, dans le 4e arrondissement. Pas vraiment discrets, pas vraiment beaux, vaguement énigmatiques.

« Ils », ce sont les abris sécurisés à vélos que Paris tente d’implanter afin de prévenir le vol.

L’idée n’est pas mauvaise. Plutôt que de laisser son vélo sur un poteau, ou de le monter chez soi pour s’assurer qu’il sera bien au chaud, on le laisse dans ce gros casier en inox, situé au niveau du trottoir, qui ne peut s’ouvrir qu’à l’aide d’une clé.

Les premiers abris, installés à titre expérimental ce printemps, peuvent contenir jusqu’à six vélos. D’autres modèles pourraient faire leur apparition dans les prochains mois, pour un potentiel de 300 à 500 places.

« Cela répond à une demande, notamment pour les gens qui ont des appartements trop petits pour y remiser leur vélo, ou des immeubles sans ascenseur », explique Margot Besson, chargée du département vélos à la Ville de Paris.

Il en coûtera entre 8 et 10 euros (autour de 12 $CAN) par mois pour avoir accès à ce service public. Certains pourraient trouver le prix dissuasif, alors que Paris grouille de vélos en libre-service, comme le Vélib’, équivalent de notre BIXI.

Mais pour Marco Cannone, qui utilise ce nouvel abri depuis un mois, les avantages sont résolument plus grands que les bémols.

« C’est vrai que le Vélib’ coûte moins cher », dit ce résidant de l’impasse Guéménée, située à un coup de pédale de la Bastille. « Et c’est vrai qu’esthétiquement, ces abris ne sont pas super beaux. Mais les bagnoles aussi, c’est moche. Et ces abris, au moins, ça ne pollue pas. En plus, ça supprime des places de stationnement. Je trouve ça très bien. »

Le concept existe déjà à Londres et à Bruxelles. Peut-être serait-il aussi le bienvenu à Montréal, où près de 2000 vols de vélo sont rapportés chaque année au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), tout en sachant qu’un seul vol de vélo sur dix est rapporté à la police.

L’avis de l’expert

« Les casiers à vélos sécurisés sont une très bonne idée. Selon des études auprès des cyclistes, plusieurs seraient prêts à payer pour avoir un endroit sécuritaire pour mettre leur vélo. Souvent les poteaux et les supports ne suffisent pas. Dans les dernières années, on remarque que les voleurs prennent plus de risques et n’hésitent pas à utiliser des outils électriques pour couper les meilleurs cadenas. Le SPVM dit que le problème du vol diminue, mais en fait, il empire parce qu’il y a plus de cyclistes dans les rues. Aujourd’hui, les voleurs ont l’embarras du choix, comme dans un buffet. » — Dominique Audet, gestionnaire et fondateur de la page Facebook Vélo volé

Dominique Audet déplore un manque de volonté politique chez les élus municipaux pour s’attaquer au problème. « J’ai défendu et aidé les victimes de vol de vélo pendant plus de cinq ans, rencontré les élus et la mairie de Montréal plus d’une fois, et encore aujourd’hui, rien n’est fait contre le vol ou presque, hormis quelques nouveaux supports à vélos un peu partout. Ce n’est guère suffisant. Les autorités ne prennent toujours pas le problème au sérieux. Il faut des actions concrètes. Il n’existe aucun plan contre le vol de vélo à Montréal. La seule chose qui existe, mais qui ne fonctionne pas, c’est le burinage et des supports à vélos en inox mal boulonnés qui donnent la chance aux voleurs de voler toute l’année… C’est du gaspillage de fonds publics. »

Pour le moment, les abris couverts et sécurisés pour vélos ne figurent pas dans les plans d’urbanisme de la Ville. « C’est très cher pour peu de places », confirme Marianne Giguère, conseillère associée en transports actifs à la Ville. Le parti Projet Montréal dit miser davantage sur un « déploiement large de supports ». Des « milliers » de nouvelles places seront ajoutées cette année, souligne Mme Giguère, notamment dans Ville-Marie, Hochelaga-Maisonneuve et Le Sud-Ouest.