Bien qu'ils se disent capables de travailler avec le régime strict d'encadrement présenté par le gouvernement Couillard, les producteurs légaux de marijuana sont en train de préparer leur riposte dans les coulisses pour obtenir des allègements à la réglementation, notamment en matière de publicité.

Canopy Growth, le plus important producteur de pot médical au pays, cherche actuellement à recruter un directeur des affaires gouvernementales spécifiquement affecté au Québec pour mener de tels efforts. Il aura notamment pour mission de « protéger la capacité de l'entreprise à faire de la publicité et du marketing sans restrictions déraisonnables », indique une offre d'emploi apparue cette semaine sur les sites spécialisés de recherche d'emploi.

Hydropothecary, seul producteur québécois actuellement en exploitation au Québec, a pour sa part mandaté la firme National pour mener de tels efforts auprès du gouvernement.

De la publicité seulement dans les médias écrits

Dans son état actuel, le projet de loi permettrait à ces producteurs de diffuser des publicités dans les « journaux et magazines écrits dont au moins 85 % des lecteurs sont majeurs ». Les publicités devraient être déposées auprès du ministre responsable de la Santé publique dès leur diffusion.

Canopy Growth et Hydropothecary, avec d'autres acteurs de l'industrie, réclamaient plutôt le droit de faire de la publicité à la télé, à la radio et dans les médias sociaux pour vanter « la saveur et le goût » de leurs produits, pourvu que l'audience soit composée à 70 % d'adultes.

Le projet de loi du gouvernement Couillard ferme presque complètement la porte à toutes les autres formes de marketing, de publicité ou de commandite pour les produits de cannabis. Toute forme d'affichage ne pourra être vue que de l'intérieur des points de vente.

« Un peu de marge de manoeuvre »

« Ça nous donne un peu de marge de manoeuvre. Nous sommes même surpris que le gouvernement nous donne l'autorisation de faire des publicités dans les journaux et magazines, affirme Adam Greenblatt, chef des marques pour le Québec chez Canopy Growth. Mais nous croyons qu'il faut un modèle plus souple. Il faut qu'on puisse voir nos produits dans les magasins. »

« Le marché noir du cannabis est beaucoup plus sophistiqué qu'il y a quelques années, plaide pour sa part Cam Battley, vice-président d'Aurora Cannabis, qui lancera sa première usine au Québec la semaine prochaine. N'importe qui peut maintenant acheter de la marijuana en ligne sur des sites illégaux, y compris des cigarettes électroniques au cannabis, qui sont emballées dans des paquets très aguichants. Si le gouvernement ne nous permet pas de promouvoir nos marques, il n'arrivera pas à éradiquer le marché noir. »

L'Association pour la santé publique du Québec, qui réclamait un encadrement très strict de l'affichage, a salué le fait que les règles de publicité « s'inspirent de celles qui régissent le tabac et non pas de celles qui régissent l'alcool ».