En août, l'imam de Calgary Syed Soharwardy a reçu un message de la part d'un Canadien exilé à Mossoul, en Irak. «Vous êtes un imam déviant et vous soutenez un gouvernement infidèle. Votre transmission de l'islam est incorrecte», disait le texte apparu dans sa boîte de messages sur Facebook. Syed Soharwardy ne s'est pas braqué tout de suite. Il a offert à l'auteur du message de discuter de sa vision de la religion musulmane. Mais John Maguire n'a rien voulu entendre.

«Il était très arrogant. Il était convaincu qu'il avait raison. Il me disait qu'il était en Irak pour combattre avec l'EI [État islamique]», a expliqué l'imam, hier, quand La Presse l'a joint. Le fondateur de Musulmans contre le terrorisme était en colère. «Je suis contre la violence. C'est anti-islamique et criminel. Ce n'est pas le djihad: c'est du terrorisme», a-t-il lancé au sujet de la vidéo dans laquelle John Maguire incite les Canadiens à joindre le djihad «contre l'Occident».

En août, Syed Soharwardy a dénoncé les actions du groupe armé État islamique en faisant une grève de la faim de 48 heures. Et il a dénoncé John Maguire aux autorités. L'imam, qui a traversé le Canada à pied, en 2008, pour enseigner aux gens «qu'Al-Qaïda et les talibans sont mauvais», peste contre la récupération de sa religion par des groupes comme l'EI ou Boko Haram. «Ces personnes-là n'analysent pas le Coran dans son contexte. Ils prennent quelques phrases de ses enseignements, regardent des vidéos en ligne et utilisent leur idéologie politique pour faire leurs enseignements», a-t-il plaidé.

Islamophobie

Stéphane Pressault, qui a connu John Maguire à l'université, est d'accord. «Il y a une majorité silencieuse de convertis qui sont vraiment contre l'EI, contre leurs actions», a assuré celui qui s'est tourné vers l'islam en 2009. La vidéo publiée hier ne fera que renforcer l'islamophobie, s'est-il inquiété. «Ce qui me frustre, c'est que la vidéo propage une idée qu'il y a une incompatibilité entre l'Occident et l'islam. Pourtant, je ne considère pas que j'ai renié mon histoire ou ma culture franco-ontarienne en me convertissant, a-t-il déclaré. Ça me fâche aussi qu'il [John Maguire] croie vraiment que le monde est aussi simple: qu'il y a un côté vraiment bon et un côté vraiment mauvais.» Selon Stéphane Pressault, John Maguire est une exception. «Il est LE marginal» parmi ceux qui ont fréquenté l'association des étudiants musulmans de l'Université d'Ottawa, a-t-il attesté.