La ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, a décidé de suspendre l'entrée en service de deux nouvelles lignes d'autobus express mises sur pied par l'Agence métropolitaine de transport (AMT), en raison des plaintes du milieu municipal, qui les considère comme illégales.

Toutefois, un service de navettes express reliera quand même dès 5 h 35 mardi matin la gare de Vaudreuil et le terminus Côte-Vertu, dans l'arrondissement de Saint-Laurent. La ministre a confié cette desserte au Conseil intermunicipal de transport (CIT) Presqu'île au lieu de la compagnie Transdev-Limocar, que l'AMT avait retenue au terme d'un appel d'offres. C'est ce qu'a confirmé hier à La Presse la vice-présidente aux communications de l'AMT, Marie Gendron.

Cette décision de Québec pourrait constituer une victoire importante des maires et des dirigeants de sociétés de transports publics de la métropole sur l'AMT.

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe Montréal et l'ensemble des villes de banlieue de la métropole, et l'AMT, organisme gouvernemental responsable du développement des transports en commun métropolitains, se livrent une guerre sans merci depuis des années pour la gestion des budgets et des grands projets d'infrastructures (métro, voies réservées, etc.).

En juillet dernier, l'AMT a attribué deux contrats de cinq ans totalisant 6,6 millions de dollars à Transdev-Limocar pour l'exploitation de deux nouveaux circuits d'autobus express en périodes de pointe.

L'Express Vaudreuil devait relier la gare de train de banlieue de Vaudreuil au terminus Côte-Vertu, voisin de la station de métro du même nom. L'Express Île-des-Soeurs devait quant à lui relier le stationnement incitatif de la Rive-Sud et le campus de Bell, en voie d'aménagement dans L'Île-des-Soeurs, à l'entrée de Montréal.

Les Villes ripostent

Un mois après que l'AMT eut informé le président de la CMM – le maire de Montréal, Gérald Tremblay – de son intention de créer ces express et de leurs tarifs, la CMM a rétorqué que la création de ces services était illégale parce que l'AMT ne l'avait pas consultée au préalable, comme l'y oblige sa loi constitutive.

Mercredi dernier, le comité de direction de la CMM, où siègent les maires de Montréal, de Laval et de Longueuil en plus de deux autres élus de Montréal et d'un maire de la Rive-Sud, a adopté une résolution à double tranchant.

Dans cette résolution, dont La Presse a pris connaissance, le comité «ne se prononce pas» sur les tarifs, «parce que la reconnaissance du caractère métropolitain de ce service de transport en commun n'a pas été soumise, pour consultation, au conseil de la CMM, ni approuvée par le gouvernement du Québec comme le prescrit la Loi».

La CMM en appelle à la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, pour «s'assurer, pour la présente situation, de même qu'à l'avenir, que les procédures de consultation et d'approbation soient respectées, afin que la CMM ait l'occasion de se prononcer sur l'opportunité et le caractère métropolitain des services d'autobus que l'AMT a l'intention d'exploiter».

Dès vendredi soir, le cabinet de la ministre a annoncé la suspension des projets aux organismes concernés. Une source a préféré parler, hier, d'une «mise entre parenthèses» des nouveaux express de l'AMT.

Pour ne pas punir les usagers, le CIT Presqu'île a été mandaté pour offrir le service annoncé entre Vaudreuil et l'île de Montréal, qui sera bienvenu pour la rentrée de mardi en raison de la reconstruction du pont Galipeault.