Diane Bibeau a joué de l'orgue et des claviers pour le Canadien jusqu'en 2002. Du jour au lendemain, le Club l'a remplacée par un système de son. Nanana Goodbye.

Comment s'est passé votre congédiement?

J'appelais pour avoir l'horaire de mon prochain test de son et ils m'ont dit que mon contrat n'était pas renouvellé. Ils n'ont même pas pris le temps de m'avertir à l'avance !

Vous l'avez mal pris?

J'ai vécu ça comme un divorce. Depuis, j'ai fait mon deuil, mais je garde  toujours espoir d'y retourner.

Qu'est-ce que vous aimiez tant dans votre job?

Chaque soir était vraiment différent : le samedi soir, par exemple, les gens étaient là pour boire de la bière, alors je jouais de la musique de party. Durant la semaine, c'était un public en veston-cravate et je devais jouer de la musique plus conventionnelle. J'avais beaucoup d'intéraction avec le public!

Quelles sont les chansons qui levaient le plus?

En général, je dirais surtout les tounes simples qui demandent pas trop d'effort mental pour retenir les paroles : tout ce qui est polka ou qui a beaucoup de beat, comme Oh When The Saints. Il y a aussi les tounes type «cris de ralliement» qui sont très populaires, comme Nanana Goodbye, Rock Around The Clock ou Life Is Life.

Faut-il être une fan de hockey être la joueuse d'orgue du CH?

On ne peut pas remplir le mandat si on n'aime pas ça! On doit absolument connaître le fonctionnement d'une game pour savoir quand jouer : des fois, on joue seulement pendant deux ou trois secondes. Ça prend un sens du timing hors-pair!

Qui vous dictait quand jouer?

J'avais deux moniteurs devant moi qui me montraient tous les coins de la patinoire. Je devais observer attentivement et réagir à ce que je voyais. Je devais me mettre à jouer quand y avait un arrêt de jeu, des buts et des commerciaux.

Avez-vous déjà fait des erreurs ?

Jamais! Même si t'es dans l'adrénaline, t'as pas le droit. Si tu te trompes, ton nom va être partout dans le journal le lendemain matin...

Quel a été le plus beau moment de votre carrière?

Quand j'ai accompagné Ginette Reno et Céline Dion. Céline, c'était au Centre Bell, quand elle est venue présenter un documentaire sur la vie de Maurice Richard. C'est la personne la plus agréable avec qui j'ai travaillé. Ginette Reno était venue pour chanter l'hymne national avant une partie de hockey. Pour moi, c'est mon trophée de les avoir rencontrées.

Êtes-vous retournée au Centre Bell depuis votre renvoi?

Oh non! Ça me ferait trop mal d'y retourner. Je suis encore trop blessée. Et ça a beaucoup changé.

Qu'est-ce qui n'est plus pareil?

Tout a été remplacé par des machines! C'est le directeur marketing qui a pris cette décision. Comme il a longtemps travaillé au Mcdo, il traite les gens comme des employés du Mcdo! Ça paraît qu'il est plus habitué à travailler avec les finances qu'avec les êtres humains.

Si vous pouviez lui parler, que lui diriez?

Je lui dirais: «Avez-vous oublié la tradition? L'orgue et le hockey sont liés depuis des années au Québec. En tous cas, vous avez laissé un fantôme du Forum...»