Simon Donato est animateur de la série télévisée canadienne Boundless. En 2015, son émission l'a mené en Suède, où il a participé à l'Ötillö, l'épreuve mère du swimrun. Ça lui a plu. Beaucoup, même. Tellement, en fait, qu'il a décidé d'importer le concept au Québec, où se tiendra, le mois prochain dans la rivière des Outaouais, la première épreuve canadienne associée à la série mondiale Ötillö.

Le swimrun est une discipline toute récente, inventée par quatre Suédois qui se sont lancé un défi autour d'une bière, en 2002 : partir d'un hôtel situé dans l'archipel au large de Stockholm pour atteindre, en nageant d'une île à l'autre, un second hôtel (« Ötillö » signifie d'ailleurs « d'île en île »). Une fois les bières digérées et le défi relevé, l'idée a fait son chemin. La première édition officielle de l'Ötillö a eu lieu à Stockholm en 2006.

Comme le dit son nom, le swimrun est une épreuve qui conjugue, en alternance, la nage en eau libre et la course. Mais on est loin du côté plutôt protocolaire associé au triathlon et à l'aquathlon. Au swimrun, il est permis d'apporter des accessoires pour nager (pull-buoy, plaquettes, tuba...). À une condition : conserver son équipement sur soi tout au long de la course, sans rien laisser sur le parcours. En d'autres mots, on nage en souliers de course et on court en combinaison de plongée avec un pull-buoy attaché à la cuisse !

Dernier détail non négligeable : les épreuves de swimrun se font habituellement en équipe de deux. Certains se lient avec une corde pour s'entraider pendant l'épreuve...

« Le swimrun n'est pas régi par les règlements qui gouvernent plusieurs sports, explique Simon Donato. Ça encourage le sens de la créativité, le sens de l'innovation. Et c'est agréable de faire partie d'un nouveau mouvement. »

Lorsque l'animateur a participé à l'Ötillö, en 2015, on comptait quelque 65 courses dans le monde, principalement en Europe. « Aujourd'hui, soit deux ans plus tard, il y en a 650 à travers le monde, incluant une poignée en Amérique du Nord », note Simon Donato.

Cet intérêt grandissant envers le swimrun n'étonne guère Mats Skott, cofondateur et codirecteur de l'Ötillö, que nous avons joint en Suède. « Selon moi, les gens, en général, s'éloignent de plus en plus de la nature. C'est une façon simple, belle et agréable de l'explorer, dit-il. Et il y a aussi le fait qu'on court avec quelqu'un. Dans un monde individualiste, c'est un bel aspect. »

Et au Québec ?

Les deux premières courses de swimrun au Québec ont eu lieu l'été dernier. Il y a eu la première édition de l'Amphibious Challenge de Simon Donato à Sheenboro, en bordure de la rivière des Outaouais, en septembre 2016 (qui n'était pas encore associée à la série Ötillö à l'époque). En août 2016, un événement swimrun a été organisé en marge du festival de triathlon hors route Xterra Québec, au nord de la ville de Québec.

Alors que l'épreuve mère à Stockholm cumule 65 km de course et 10 km de nage et se fait en duo, le swimrun de Xterra Québec s'en tenait à 12 km de course et 1,5 km de nage et se faisait en solo. La deuxième édition du swimrun de Xterra Québec a eu lieu le 13 août.

« Le swimrun peut rejoindre plusieurs types d'individus », estime Alain Deraspe, directeur de l'événement. Il y a les coureurs en sentier, d'abord, qui peuvent très bien se débrouiller en swimrun sans être de grands nageurs. Les triathloniens qui ont envie de nouveaux défis ou qui trouvent l'entraînement en vélo trop chronophage y trouveront aussi leur compte », estime Alain Deraspe.

Éric Noël, directeur technique à Triathlon Québec, espère que d'autres courses de swimrun seront organisées au Québec dans le futur. Triathlon Québec, qui est partenaire avec Xterra Québec, est en pourparlers avec trois organisateurs québécois différents qui ont montré un intérêt en ce sens pour 2018.

« Au Québec, avec la quantité de lacs qu'on a, c'est clair qu'on a un super terrain de jeu pour ça. Il y a moyen de faire des défis incroyables », conclut Éric Noël.

photo Christina Donato, fournie par Simon Donato

Comme le dit son nom, le swimrun est une épreuve qui conjugue, en alternance, la nage en eau libre et la course.

photo Christina Donato, fournie par Simon Donato

Simon Donato anime la série télévisée canadienne Boundless.

Des entreprises se lancent

Si le swimrun a encore un petit côté artisanal - inhérent au fait que c'est une nouvelle discipline -, des entreprises spécialisées commencent à s'y intéresser. En 2014, Head a commercialisé la première combinaison spécifique au swimrun, qui a été suivie par plusieurs autres. L'entreprise propose aussi des gants, des chaussettes, des bouées de surface, des pull-buoys et des plaquettes destinées aux adeptes.

Une épreuve de swimrun à venir au Québec

Amphibious Challenge

9 septembre

Version courte : 12 km de course et 3 km de nage

Version longue : 34 km de course et 6 km de nage

https://www.amphibiouschallenge.ca/index.html

Quelques accessoires presque essentiels

Souliers de course en sentier

Des participants ont déjà essayé de porter leurs souliers dans un sac à dos en nageant, mais ce n'était pas l'idéal : le mieux, nous dit-on, est de porter des souliers légers de course en sentier. « Certains font des trous dans la semelle pour laisser évacuer l'eau », note Alain Deraspe.

Pull-buoy

Le pull-buoy est un petit flotteur qui est utilisé dans les cours de natation pour faire flotter les jambes pendant qu'on travaille les bras. En swimrun, le pull-buoy facilite grandement la tâche aux participants, qui, rappelons-le, doivent nager avec leurs souliers.

Plaquettes

Les plaquettes sont des plaques de plastique qu'on attache aux paumes de la main. Elles permettent aux nageurs d'avoir une meilleure propulsion, mais fatiguent davantage les épaules. « À l'instar du pull-buoy, elles aident les nageurs les plus faibles à compenser certaines fautes techniques », indique-t-on sur le site internet de Swimrun France.