Raphaëlle Huysmans a eu une ascension étonnante chez Urbania et elle se fait remarquer dans les projets interactifs. Aujourd'hui, elle travaille au développement de projets, produit des émissions, des fictions et des documentaires pour le web. Depuis le printemps, Raphaëlle Huysmans est devenue l'associée du fondateur d'Urbania, Philippe Lamarre.

La touche-à-tout: Raphaëlle Huysmans, 29 ans, productrice

«C'est le genre de fille qui voit un défi et qui lève la main pour le relever. Elle a une intelligence en croissance. Son cerveau est à la fois rationnel et créatif. J'ai besoin de gens comme ça.»

- Philippe Lamarre, fondateur d'Urbania

SUR LE BUREAU DE RAPHAËLLE

Fort Mc Money (2013)

Réalisé par le journaliste français David Dufresne, coproduit par Toxa et l'ONF, cet ambitieux documentaire interactif consacré à la capitale albertaine du pétrole, Fort McMurray, a multiplié les récompenses. « J'ai donné des conférences à Paris, Berlin, Londres avec Fort McMoney. Maintenant je ne trouve que des défauts [au documentaire] ! Mais c'est sûr qu'on a réinventé quelque chose avecFort McMoney », dit Raphaëlle Huysmans.

Une zapette d'or de C'est Juste de la TV (2015)

Raphaëlle Huysmans produit le show de critique télé diffusé chaque vendredi soir sur ARTV, ainsi que son site et sa version web, C'est juste du web. « On a créé une plateforme média web qui est aussi une référence », se félicite Raphaëlle Huysmans.

Le magazine Urbania

Le magazine a été lancé en 2003. Cette année, Urbania a réalisé pour la première fois une campagne de « branded content » pour Desjardins. Une corde de plus à l'arc de Raphaëlle Huysmans.

Les lunettes « Google Cardboard »

Urbania produit la série Inflitration qui sera diffusée à Z télé à l'hiver. Les spectateurs pourront visiter des milieux de l'ombre dans des web-documentaires grâce aux visionneuses Google.

Le prix Numix pour la plateforme web de la série Tamy @ Royaume-Uni (2013), remis au printemps 2015

Cette série produite pour la chaîne spécialisée Evasion, mettant en vedette Tamy Emma Pepin dans un voyage au Royaume-Uni, a été sa première expérience télé. « C'était tripant de faire un show de voyage, mais qui va plus loin », se souvient Raphaëlle Huysmans.

>> Consultez le site d'Urbania : http://urbania.ca/

L'anti-jeune: Josh Reim, 19 ans, artiste et designer

«Son aversion pour la tendance le rend unique»

- Rebecca Storm, dans un portrait de Josh Reim paru dans I-D magazine

Josh Reim ne ressemble à personne d'autre. À 19 ans, il compte cinq collections à son actif et a fait l'objet de portraits dans la presse internationale. Avec Jetro Emilcar, 21 ans, photographe, ami et complice depuis le secondaire, Josh Reim prépare en ce moment sa première collection pour la Fashion Week de Londres en janvier prochain.

COMME UN VIEUX ROUTIER

À certains égards, Josh Reim ressemble à un vieux routier de la mode. Il se permet ainsi un regard critique sur ses premières collections, comme si des décennies s'étaient écoulées de leur conception à aujourd'hui. « Je faisais partie de la "jeunesse", mais maintenant, je peux dire que je suis anti-jeune », plaisante-t-il.

Mais Josh Reim s'exprime aussi avec la fougue dont seule la jeunesse est capable, et a beaucoup d'opinions tranchées, lancées de façon définitive. Il dit ainsi détester Yves Saint Laurent, les films de Wes Anderson ou les créations d'un enfant chéri de la mode, J. W. Anderson.

Son visage (NDLR : il refuse de se faire photographier) est encore celui d'un enfant. Quand nous le rencontrons, il porte un manteau Patagonia, une paire de pantalons en velours côtelé marron et une chemise à carreaux. On pourrait penser à une certaine ironie, ou à une référence à la mode « normcore », mais ce serait mal connaître Josh Reim, qui clame haut et fort se moquer de ce qu'il porte.

NICHE

Ses vêtements, eux, empruntent leur forme au banal d'une Amérique très « WASP ». Josh Reim revisite toutefois ces classiques, les marquant de son imagination très fertile. Ce qui l'inspire aujourd'hui n'est plus l'image fantasmée de la vie rurale sur la côte est américaine, mais de sa propre enfance.

« Je suis devenu très "niche", et j'ai de nouveaux fans. Je suis le designer que les designers et les nihilistes aiment. Je plais aux gens qui sont si critiques qu'ils ne font rien, détaille-t-il. Je ne sens pas le besoin d'être dans la controverse. En fait, je suis tellement anti-tout qu'à un certain point, c'est cool. »

ÉMOTIONS

En un sens, Josh Reim, autodidacte cérébral, se détourne pourtant de ce qui est conceptuel, et cherche à susciter l'émotion.

« Mes premières collections étaient des concepts. Maintenant, je pars d'un sentiment et je le connecte ensuite à un concept », explique-t-il, au cours d'une discussion-fleuve entamée dans une boulangerie de Westmount et terminée trois heures plus tard dans le salon de la maison familiale - où il vit encore.

Difficile de ne pas voir en Josh Reim plus qu'un designer. Ainsi, ses collections sont pensées pour un type de personnage, pour lequel il écrit une histoire. Ses vêtements ne sont pas conçus pour la mode. « Je ne pense pas en termes de mode du tout. Le vêtement soutient ma vision, c'est tout. »

Ainsi, il nous montre un blazer issu d'une précédente collection, sur lequel il a fait de la broderie. À qui pensait-il en le créant ? « Au fils d'un banquier de Wall Street », répond Josh Reim sans hésiter.

Tel un metteur en scène, il prépare aussi sa présentation à Londres avec beaucoup de soin et promet quelque chose de très spécial, si sa vision « n'est pas compromise ». Ce sera la première fois que Josh Reim en présente une à la Fashion Week. Il n'a encore jamais vu de défilé de mode.

CE QUI L'INSPIRE EN CE MOMENT

« Ce qui m'inspire, c'est ma vie. Tous les films que j'ai vus pendant mon enfance.The Sound of Music, Peter Pan, The Wizard of Oz. J'adorais ces films quand j'étais petit. Maintenant je les aime encore plus. » Il a aussi développé tout récemment un appétit pour la bouffe. « Je suis inspiré par la bouffe, la cuisine, les restaurants où j'allais petit. Mon restaurant préféré, c'est le Snowdon Deli, où j'avais l'habitude de manger petit. »

CE QU'IL DIT SUR LA MODE

Rares sont les designers qui trouvent grâce aux yeux du jeune Josh Reim. Il cite toutefois Phoebe Philo (Celine) et aussi une collection récente de Valentino Couture, qui l'ont profondément ému.

CE QU'IL DIT SUR LES MÉDIAS SOCIAUX

Cet enfant des années 90 se voit avec les gens de sa génération comme les derniers « jeunes » à être nés sans l'internet. L'omniprésence des médias sociaux a profondément modifié l'accès à l'émotion - à travers l'art, par exemple.

« Les médias sociaux ont ôté toute forme d'émotion devant l'art », croit-il.

Il voit le site de microblogues Tumblr comme l'une des pires manifestations de la superficialité de l'internet. Il observe que ceux qui disparaissent d'Instagram sont condamnés à une mort sociale aussi rapide qu'inévitable. La populaire applicationSnapChat reste dans ses bonnes grâces, parce qu'elle reste un véhicule d'émotions, selon lui.

COMMENT IL VOIT SON AVENIR

« [Jetro et moi] on va vraisemblablement déménager à New York. On a vraiment besoin de sortir d'ici. Comprenez-moi bien : Montréal est une ville agréable à vivre. Mais d'un point de vue artistique, c'est ce qu'il y a de pire. Je préférerais vivre en Nouvelle-Écosse qu'ici. »

Consultez le site de Josh Reim

Consultez sa page Instagram

PHOTO TIRÉE DU FIL INSTAGRAM DE JOSH REIMS

Le designer Josh Reims aime s'inspirer de son enfance pour créer ses collections.

Essayage techno : Elizabeth Stefanka, entrepreneure

D'abord conçue comme une entreprise produisant des soutiens-gorges adaptés à la morphologie de ses clientes, la société d'Elizabeth Stefanka a délaissé la production de vêtements pour se concentrer sur l'innovation technologique. L'ambition : populariser le magasinage personnalisé. La jeune femme s'est associée avec le programmeur Frédérick Lebel, 27 ans.

«Elizabeth est une fonceuse, elle veut atteindre ses buts. C'est intéressant d'être avec quelqu'un qui rêve autant que moi et qui pousse autant que moi.»

- Frédérick Lebel, Associé d'Elizabeth Stefanka.

TECHNOLOGIE


Stefanka met au point un système de recommandation basé sur la technologie du scan 3D et le stock des détaillants. Finie, donc, la production de soutiens-gorges. « On préfère se concentrer sur la technologie plutôt que sur la chaîne de production », explique Elizabeth Stefanka. La mission centrale de l'entreprise reste toutefois la même. « Notre mission est de nous assurer que toutes les personnes peuvent avoir un bon "fit" [dans leurs vêtements] et d'offrir aux détaillants la technologie pour le faire. »

3D

Stefanka a mis au point un scan pour les cabines d'essayage, qui numérise la morphologie de la cliente et propose, à partir de ces données, les produits les mieux adaptés à son physique. Cet été, Stefanka a collaboré avec La vie en rose dans le cadre du Festival Mode & Design. De nouveaux partenariats sont en cours de réalisation.

PARITÉ

Elizabeth Stefanka est une jeune femme qui navigue dans des milieux traditionnellement masculins : d'un côté, celui des affaires, notamment des détaillants textiles, de l'autre, celui des jeunes entreprises technologiques. Celle qui se dit féministe croit qu'il reste de nombreux défis pour les femmes. « Oui, factuellement, au Québec et au Canada, il y a une différence en matière de revenus. Et les postes de direction restent dominés par les hommes. Mais je suis pour la parité, même s'il reste encore beaucoup de défis. »

AMBITIONS

Le duo est porté par de grandes ambitions. À court terme, Stefanka vise les détaillants de lingerie et de maillots de bain, mais compte bien s'attaquer au prêt-à-porter. « Il existe déjà des cabines d'essayage équipées de scans dans le monde. Mais nous avons conçu une technologie unique, qui permet d'analyser le volume, dit Elizabeth Stefanka. C'est sûr qu'on veut aller à l'étranger. »

WORKAHOLICSFiers représentants de la génération Y, Elizabeth Stefanka et Frédérick Lebel ont tous deux multiplié les expériences scolaires et professionnelles avant de s'associer. Selon leurs interlocuteurs, leur jeune âge est parfois un atout, parfois un défaut. « Est-ce qu'en disant mon âge, je perds de la crédibilité ? Je me suis posé la question, reconnaît Elizabeth Stefanka. En même temps, c'est juste un chiffre. Fred et moi avons un gros bagage, et nous n'en sommes pas à notre première expérience. »

>> Consultez le site de l'entreprise

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Diplômée de HEC, Elizabeth Stefanka s'est associée au développeur et programmeur Frédérick Lebel pour se concentrer sur l'innovation technologique et créer un système destiné à populariser le magasinage personnalisé.

Skateurs-entrepreneurs : Antoine Asselin, Phil Lavoie et Vincent Tsang

«Dime est le match parfait avec le mantra 'off the wall'» de Vans. Grâce à leur sens de l'humour, ils ont une façon unique de faire ce qui est obscur et mal compris quelque chose d'hilarant.

- Bob Lasalle, skateur et coordinateur marketing de Vans Canada

Au fil des dernières années, le nom Dime est apparu sur des t-shirts, des bonnets, des sweatshirts, sortant du monde du skate pour s'imposer à la vue de tous. Car si Dime vient d'abord et avant tout du milieu du skate, où le collectif montréalais a atteint le statut d'icône, ce sont leurs vêtements qui les popularisent auprès d'un public non averti. L'été dernier, Dime a ouvert quelques jours une boutique sur le boulevard Saint-Laurent pour fêter la sortie d'une paire de slip-on imaginée avec Vans.

HUMOUR 

Les gars, dans la vingtaine, ont bâti leur renommée grâce à leur humour potache, adolescent, qui s'apprécie autant dans leurs vidéos de planche à roulettes que dans l'ensemble de leur oeuvre (on peut voir la vidéo faite pour la sortie des slip-on Vans ou celle pour leur planche Ryan Gosling avec Alltimers). Ils cultivent aussi une certaine irrévérence, et se moquent assez de l'attention qu'ils attirent, hors du monde de la planche à roulettes. Ainsi, nos efforts pour les attraper en vue de cet article sont, hélas, restés vains.

ENTHOUSIASME 

En dépit de leur nonchalance et de leur indifférence pour les routes de communication traditionnelles (une attitude par ailleurs rafraîchissante), ils sont remarqués et suscitent l'enthousiasme, au-delà de nos frontières. « Dime est l'une des meilleures choses du monde du skateboard », écrivait à leur sujet le magazine norvégien Dank, repris par Quartersnacks, un magazine new-yorkais consacré auskate. C'est aussi l'analyse de l'édition américaine de Vice qui a titré dans un article paru récemment : « Dime est la meilleure chose arrivée dans le skatecanadien depuis quelques décennies ».

MARQUE 

Qu'est-ce que Dime ? Nombreux sont ceux qui s'interrogent. Et les principaux intéressés ne dissipent pas le mystère dans leurs (rares) entrevues. Chose certaine, ils se défendent d'être une marque de vêtements, bien qu'on retrouve leurs casquettes, t-shirts et hoodies dans une soixantaine de boutiques influentes dans le monde. « Certaines personnes pensent que c'est une marque "legit", mais c'est juste un groupe de skateurs qui font des conneries », résume Antoine Asselin, cité par Quartersnacks. Conneries ou pas, Dime est dans l'air du temps, et peut même compter sur la bénédiction de l'un des nouveaux papes de la mode américaine, Virgil Abloh (créateur de la marque de mode Off-White ; directeur artistique de Kanye West).

À SUIVRE

Les collaborations avec Vans devraient se poursuivre avec un prochain « Vans/Dime Glory Challenge » (un défi lancé à des skateurs, dont la première édition a eu lieu l'été dernier) en 2016.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE VANS

Antoine Asselin, Vincent Tsang et Phil Lavoie sont les trois skateurs derrière le collectif montréalais Dime.