Une quarantaine de fillettes de cinq à onze ans participeront samedi à Paris au concours des «mini-miss» France, que le gouvernement veut interdire afin de lutter contre «l'hypersexualisation» des enfants et leur exploitation à des fins mercantiles.

La menace d'une interdiction a déclenché les foudres des parents des «mini-miss», nombreuses dans le nord de la France notamment, et agité la presse et les réseaux sociaux aux États-Unis, où ce genre de manifestation est très prisé: chaque année, quelque 250 000 petites Américaines participent à environ 5000 concours.

Mardi, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, s'est dite favorable à une interdiction de ces concours aux moins de 13 ans et à un encadrement passant par un «système d'autorisation» pour les 13-18 ans. Elle s'était auparavant prononcée pour une simple autorisation préalable.

Le Sénat, lui, a voté en septembre un amendement prévoyant de les interdire aux moins de 16 ans et de punir les contrevenants de deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. «Ne laissons pas nos filles croire dès le plus jeune âge qu'elles ne valent que par leur apparence. Ne laissons pas l'intérêt commercial l'emporter sur l'intérêt social», avait lancé la sénatrice centriste Chantal Jouanno en présentant le texte.

Tout en jugeant cette interdiction «trop générale» et «assortie de peines très très fortes», Najat Vallaud-Belkacem estime aujourd'hui «qu'il y a sujet à hypersexualisation des petites filles et une nécessité de se donner les outils pour contrôler cela».

Fondateur du concours des «mini-miss», une «marque déposée il y a 25 ans», Michel Le Parmentier assure à l'AFP souhaiter lui-même un «encadrement». Car, explique-t-il, si ce concours encadré par «une charte déontologique» ne concerne que 300 à 400 enfants, «il y en a de nombreux autres, sauvages, où chacun fait ce qu'il veut, qui concernent sans doute quelques milliers d'enfants». Des concours ont déjà été interdits par des mairies.

M. Le Parmentier dénonce aussi «un amalgame avec ce qui se fait aux États-Unis» et «une hypocrisie» alors que «des mannequins de 12, 13 ans sont autorisées à défiler pour de grands couturiers et à être photographiées pour vendre des produits pour adultes».

«Aux États-Unis, fait-il valoir, les fillettes miss sont totalement relookées en adultes avec du maquillage, des talons hauts, des tenues sexy et elles gagnent beaucoup d'argent. Chez nous, les enfants ne gagnent rien, elles défilent en robes longues de princesse et ne sont pas maquillées. C'est un jeu qui les amuse et stimule leur confiance».

Pas question de guêpière ou de rouge à lèvre pour les fillettes, «juste des paillettes dans les cheveux, du gloss transparent et de la poudre libre légère pour ne pas briller face aux caméras», insiste M. Le Parmentier.