«Cela a un sens pour les petits-enfants de venir voir leurs grands-parents», assure la psychanalyste Danielle Quinodoz, expliquant comment leur écoute peut aider une personne âgée à «trouver un intérêt pour sa propre histoire» et ainsi «rester vivante jusqu'au bout».

«Lorsque le monde externe s'appauvrit, il devient vital pour la personne âgée d'enrichir son monde intime», estime la psychologue et psychanalyste dans un entretien à l'AFP, à l'occasion d'un colloque à l'hôpital Sainte-Anne à Paris sur le vieillissement et la souffrance psychique.

«C'est douloureux de vieillir. Il y a énormément de pertes quand on vieillit, on perd la santé, l'efficience physique, l'efficience psychique, on perd les amis, les gens qu'on aime», reconnaît-elle.

«Bien sûr, si on a les yeux rivés sur ces pertes, on se dit que c'est une débâcle. Alors qu'on peut perdre beaucoup de choses dans la réalité extérieure, mais en gardant intérieurement toutes les richesses correspondant à ces pertes».

«Il ne s'agit pas de rester figé dans le passé, mais d'intégrer tous les souvenirs importants de notre passé, les intégrer dans notre histoire, pour les rendre présents», précise-t-elle.

«Le critère c'est de rester vivant jusqu'au bout», dit-elle. «Certaines personnes le font spontanément. Et bien sûr elles attirent un environnement favorable, des personnes qui leur renvoient en miroir une image bienveillante».

D'autres peuvent s'enfermer dans l'ennui, le désintérêt, voire la dépression, se demandant à quoi bon vivre.

«Il faut que les médecins généralistes sachent qu'il y a des spécialistes qui peuvent aider une personne âgée à trouver de l'intérêt pour sa propre vie, sa propre histoire, et du coup qui l'aident à découvrir les moments lumineux de leur vie, peut-être douloureux, mais qui ont été porteurs de sens».

Danielle Quinodoz appelle ces moments des «secondes d'éternité».

Mais la psychanalyste insiste aussi sur le rôle de l'entourage. «Si un bébé se regarde dans les yeux bienveillants de sa maman, ces yeux vont lui donner envie de vivre. C'est pareil avec les personnes âgées».

«Le discours d'une personne âgée peut rebuter des ados, des jeunes. S'ils savent que la grand-tante Suzanne a besoin que quelqu'un s'intéresse à sa vie pour la trouver elle-même intéressante, du coup des liens peuvent se créer».

Installée à Genève, Danielle Quinodoz a été consultante auprès des Institutions universitaires de psychiatrie et de gériatrie, formant de nombreux professionnels à la psychothérapie et la psychanalyse des personnes âgées.