Ils ne partent pas à la guerre et n'ont jamais mis la main sur une arme. Mais pourtant, l'inquiétude et la peur sont leur lot quotidien. Enfants de soldats, ils sont les victimes collatérales des décisions prises au ministère de la Défense à Ottawa.

«J'ai vu des familles dans lesquelles les deux parents ont été déployés en Afghanistan en même temps. On place les enfants en famille d'accueil», note la journaliste et documentariste Claire Corriveau, qui, pendant plus de neuf mois, a suivi à la trace quatre familles vivant sur la base militaire de Petawawa, en Ontario.

Chez les Perreault, quatre enfants et une mère débordée gèrent tant bien que mal le choc post-traumatique qu'a ramené du front le père soldat, blessé en Afghanistan. Chez les Kruse, toute une famille doit apprendre à vivre sans le père, tué par les talibans.

Est né de leurs témoignages le documentaire Enfants de soldats qui, dès demain, jour du Souvenir, pourra être visionné gratuitement sur le site web de l'Office national du film (www.onf.ca).

«Les femmes et les enfants de militaires sont des citoyens civils. Ils n'ont pas choisi de s'enrôler dans l'armée. Mais pourtant, ils vivent en marge de la société civile, à la merci d'une organisation militaire dans laquelle ils n'ont pas de reconnaissance ou de rang», note Mme Corriveau, qui, mariée elle-même à un ancien militaire, a d'abord consacré un documentaire aux femmes de militaires, lui aussi en ligne.